Elles sont passives, sans radiateurs, parfaitement isolées. Fréquentes en Allemagne, elles arrivent timidement dans notre région, déjà la première de France en volume de constructions. Les acteurs économiques du passif font évoluer le bâtiment et publient enfin les chiffres d’un surcoût relativement limité par rapport aux maisons neuves traditionnelles.
Frédéric Avet, marié, quatre enfants, consultant dans un cabinet conseil en développement à Villeneuve-d’Ascq. Il y a trois ans, il veut construire sans avoir jamais entendu parler vraiment des maisons passives. « Nous voulions un logement plus sain, confortable et fonctionnel », dit-il. La famille cherche, fait les salons de l’habitat. « On avait besoin de se forger une conviction sur la capacité des gens à pouvoir nous aider. »
Frédéric vivait dans une maison au chauffage tout électrique. Bien trop cher. Et il avait souvent un ressenti de froid, compensé par un poêle à bois. À Tournai, il rencontre des artisans qui ont vingt ans d’expérience sur la maison passive. La lumière s’allume. Des simulations thermiques sont réalisées pour comparer les consommations d’énergie entre une maison passive à moins de 15 kilowatts/heure par m2 et une maison à basse consommation (BBC) à 65 kW/h par m2. « L’écart n’atteignait pas les 5 000 €, il était donc stupide de ne pas y aller. »
Actif dans le passif
Sa passive sera construite en moins de trois mois, avec architecte et bureau d’étude. C’est important car tout doit être « éco-conçu », c’est-à-dire bien pensé, en tenant compte de la durabilité du bâtiment, ses performances avec le temps. « Nous n’avons eu aucune contrainte, c’était facile », explique Frédéric dans son nouveau salon à Wasquehal. Plus de 165 m2 habitables, un prix hors terrain à moins de 300 000 €. « On était quasiment dans les mêmes prix que pour une maison isolée normalement mais avec un système de chauffage. »
Au bout du compte, le surcoût sera limité et absorbé par les économies futures d’énergie.
Froid moi ? Jamais ! Quant aux avantages, ils forcent les choix. Plus de 200 m3 d’air filtrés en permanence pour un air vraiment sain, une température stable partout, du garage aux chambres. Aucun ressenti de froid à 18ºC comme auparavant, un taux d’humidité si faible que le chauffage est superflu dans des espaces parfaitement isolés, une orientation recherchant l’effet de serre optimal et des fenêtres ou des baies triple vitrage que l’on ouvre quand on veut.
La maison passive souffre toutefois toujours de l’image d’un bâtiment réalisé comme une bouteille thermos, si étanche qu’on ne peut pas l’ouvrir à l’air libre. « Je n’ai qu’à changer mes deux filtres deux fois par an dans l’idéal. C’est nécessaire, ils deviennent noirs comme du charbon, cela ne nous rassure pas sur la qualité de l’air que nous respirons à l’extérieur… »
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De plus en plus compétitive
Elle casse son prix global, devient compétitive, s’aligne presque sur les coûts de construction d’une maison juste isolée correctement avec la réglementation RT 2012 avec un argument qui fera mouche : construire passif permet de diviser par dix le coût des charges de chauffage par rapport à la moyenne nationale, ce qui permet d’être indépendant des fluctuations haussières des prix des énergies.
Pilotée par le Cd2e, pole de développement des écoentreprises régionales, une étude exclusive du Collectif régional des acteurs du passif * a pour la première fois comparé les dépenses nécessaires pour évaluer le surcoût réel du passif. Et là, surprise : en logement individuel, le coût moyen d’une maison passive est de 1 770 € le m2 habitable contre 1 603 € en RT 20012, soit 10, 4 % d’écart. « Le surcoût est maîtrisé et il peut facilement être réduit avec une meilleure écoconception », estime Alexandre Pecourt, dirigeant du cabinet conseil spécialisé Energélio à Lille et l’un des premiers particuliers à avoir fait construire en passif dans le Nord, en 2008 près de Lille. Frédéric Avet dans sa maison passive.
« On arrive désormais à rentrer dans le budget des clients », précise-t-il. Le gros œuvre (+ 0,4 %, 5,25 €/m2) exige une épaisseur d’isolants plus importante et une meilleure qualité de pose, comme pour la toiture (+ 0,3 %, 4,12 €/m2) et le bardage extérieur (+ 0,8 %, 11,6 €/m2). La plâtrerie est également alignée à +0,5 % (7,34 €/m2) alors que le surcoût est plus sensible pour la ventilation (+ 5 %, 67 €/m2) et les menuiseries extérieures (+ 10,5 %, 140 € d’écart au m2) mais possibilité de limiter le surcoût à 7 %.
À ces coûts, s’ajoutent ceux (relatifs) de l’écoconception en bureau d’étude ou agence d’architecte.
En logement collectif, le surcoût serait de 9,5 % maximum.
* Crée en le Collectif régional des acteurs du passif est impliqué dans + de 70 % des projets passifs en Hauts-de-France. Il regroupe architectes, bureaux d’études, maîtres d’œuvre, entreprises, bailleurs, particuliers…
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Une maison passive française sur quatre est dans la région
Une quinzaine de maisons individuelles il y a à peine cinq ans, plus de 50 aujourd’hui (à comparer aux 200 maisons recensées en France, soit une sur quatre dans notre région). Au total, d’après le Collectif des acteurs du passif, plus de 100 projets réalisés dans les Hauts-de-France, première région française en nombre de projets. Cela représente plus de 75 000 m2 passifs construits.
En France, plus d’un bâtiment tertiaire passif sur quatre est situé dans la région. Bureaux, maisons individuelles, logements collectifs : le nombre de projets a bondi de 200 % depuis 201 4 . La moitié des projets passifs se conçoivent en bois et la France est le troisième pays avec le plus de surface passive certifiée.
Le Cd2e* pilote la filière passive depuis Loos-en-Gohelle. le pole de développement des écoentreprises est celui qui forme le plus de professionnels du bâtiment au passif (130). Un professionnel du passif français sur 7 a été formé dans les Hauts-de-France et 1 % des concepteurs certifiés passifs dans le monde est formé dans la région.
* Créée en 2000, l’association Cd2e (Création, Développement Eco-Entreprises) accompagne et conseille les professionnels de la région sur les enjeux de transition écologique. Elle suit environ 600 entreprises implantées dans les domaines de l’énergie et du bâtiment depuis Loos-en-Gohelle où elle est installée.
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