La loi prévoit l’arrêt définitif de l’utilisation des produits phytosanitaires par les communes à compter du 1er janvier 2017. Villeneuve-d’Ascq, ville la plus verte de la région, gère déjà une bonne partie de ses espaces verts de façon naturelle et anticipe cet arrêt. La méthode de la gestion différenciée devrait être généralisée.
Les amoureux de grandes étendues vertes coupées à ras devront s’y faire : à Villeneuve-d’Ascq, les surfaces d’herbe ne devraient plus être systématiquement coupées à partir de 2017, et même avant. Le 1er janvier, les communes n’auront plus le droit de recourir aux produits phytosanitaires pour entretenir leurs espaces verts.
Dans une ville comme Villeneuve-d’Ascq, 64 000 habitants mais 6 hectares d’espaces verts pour 1 000 habitants, le ratio le plus élevé de toutes les grandes villes de la région (la deuxième est Arras avec 3 ha/1 000 habitants), l’obligation résonne comme un défi. Ne plus traiter relève en effet du casse-tête pour les collectivités qui souhaitent que rien ne dépasse, surtout pas la « mauvaise » herbe. Pour les autres, la solution la plus simple est de ne plus couper, en tous les cas pas tout. C’est ce que l’on appelle la gestion différenciée, un procédé pas inconnu du tout à Villeneuve-d’Ascq.
« Un plan de gestion différenciée a été élaboré entre 2002 et 2004 sous la mandature de Jean-Michel Stievenard. Il a été mis en application, puis son usage s’est délité. Des réservoirs de biodiversité, comme le Forum Vert, avaient été choisis comme sites d’expérimentation. Ils le sont restés avant que nous réactualisions ce plan et le remettions en application il y a deux ans. Depuis, huit quartiers de la ville sont entretenus sans produits phytosanitaires », affirme André Laurent, adjoint à l’environnement.
Villeneuve-d’Ascq n’aborde donc pas l’ultimatum du mois de janvier avec appréhension. Recueil, Haute Borne, Breucq, Sart-Babylone, Annappes, Poste, Résidence et Ascq ont déjà servi de terrain d’expérimentation aux 40 agents du service des espaces verts. « Il nous faut maintenant généraliser. On ne part pas de zéro, mais nous ne connaissons pas non plus d’exemple d’une ville de notre taille qui fait tout sans produit phytosanitaire », fait remarquer l’édile, qui ne partira pas dans l’aventure sans un vrai plan de bataille.
À la rentrée, la ville va commander une étude pour coucher sur le papier son plan de gestion différenciée à l’échelle de la ville. Subventionnée à hauteur de 30 % par la Région et l’Agence de l’Eau, elle définira les moyens à mettre en œuvre et établira quels outils utiliser pour communiquer à la population sur les nouvelles méthodes de gestion.
« Il n’est en effet jamais facile de faire accepter aux riverains que tel ou tel terrain ne sera plus tondu mais fauché deux fois par an pour laisser vivre faune et flore et permettre de faire des économies, financières et de CO2 », note André Laurent, pour qui les habitants devront être associés à ces efforts. « Il faudra notamment convaincre chacun d’entretenir son trottoir. » Bref, une révolution dans la méthode comme dans les mentalités.
Et s’il n’y avait plus uniquement du gazon sur les terrains de foot…
Avec les cimetières, les terrains de football figurent parmi les lieux où les services municipaux doivent régulièrement intervenir pour stopper la pousse de « mauvaises » herbes. Pour André Laurent, adjoint à l’environnement, il faudra s’y faire : ces prochains mois, l’abandon des produits phytosanitaires nécessitera une adaptation des habitudes des sportifs. Pour les quatre terrains d’honneur et six terrains d’entraînement que compte la ville, « les clubs devront revoir leurs exigences en termes de qualité de pelouse à la baisse », prévient l’édile. Non pas qu’il soit question de jouer sur un champ de patates à l’avenir. Mais les pissenlits, jusqu’ici bannis, pourraient faire leur apparition ici ou là. « Nous verrons déjà quelles mauvaises herbes poussent lorsque nous n’utilisons plus de produits. Quoi qu’il en soit, il sera difficile de traiter manuellement. »
Comment entretenir les cimetières ?
Le citoyen lambda n’y pense pas forcément lorsqu’il pénètre en ces lieux où, généralement, pas un brin d’herbe ne dépasse. Pourtant, entretenir un cimetière est un combat de tous les instants pour les communes. Personne ne leur pardonnerait en effet de ne pas prendre soin du lieu de repos de nos défunts. Mais désormais, la question se pose : pour préserver nos sols et nos nappes phréatiques, sommes-nous prêts à voir des allées de cimetière dans lesquels les mauvaises herbes folles s’épanouissent au gré des allées ?
« C’est l’un des plus gros problèmes qu’il nous faut résoudre dans le fait d’abandonner les produits phytosanitaires. Clairement, les gens ne supportent pas de voir des herbes folles dans les cimetières, qui restent les endroits les plus consommateurs de produits désherbants dans les communes. Or, jusqu’ici, nous n’avons pas, ou très peu de retours de communes qui fassent sans. Des expérimentations sont menées à Lille, où on tond dans les allées de certains cimetières. » À Villeneuve-d’Ascq, la façon dont seront entretenus les cimetières reste pour l’heure une question en suspens. S. H.
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