dimanche 20 novembre 2016

En Belgique, un réseau de pistes cyclables à rendre jaloux les Français

Le long de ses voies cyclables, au calme, la Wallonie offre de saisissants contrastes, entre châteaux, friches industrielles et corons.


Si Georges Simenon place souvent ses meurtres près d'une écluse, ce n'est pas un hasard : sa Belgique natale est un entrelacs de canaux et de chemins de traverse. Ce plat pays, écheveau subtil de ruralité et de patrimoine industriel, est simple à visiter à vélo. Car les Belges possèdent un trésor : RAVeL, un acronyme qui désigne un réseau de voies vertes aménagé sur d'anciennes lignes de chemin de fer et de chemins de halage, soit 1 400 kilomètres qui sillonnent la Wallonie, au calme, à l'écart des grands axes routiers.

Un bond dans le temps
Pour avoir un aperçu de ce que le pays de Godefroy de Bouillon et des frères Dardenne a à nous offrir, rendez-vous à Nivelles, 20 kilomètres au sud de Bruxelles. Nivelles est célèbre pour sa collégiale Sainte-Gertrude de type roman, qui se distingue par son massif occidental. Elle seule mérite le voyage. L'ampleur du bâtiment, détruit par un incendie en l'an 1000, sa rigueur et sa sobriété romanes, la présence des reliques de la sainte et de celles d'Himeltrude, première épouse de Charlemagne, rappellent que nous sommes ici au coeur de l'Europe franque. Un petit tour dans le quartier Saint-Jacques, coeur de la vieille ville, et c'est parti, direction Seneffe, tout d'abord jusqu'au pont d'Arquennes, où la balade se fait délicieusement bucolique et où les nuances des frondaisons répondent au vert tapis de lentilles d'eau qui recouvre le canal. De petites écluses ponctuent cette promenade sans grand effort, car plate. Une fois arrivé à Seneffe, direction le château, élégant dans son vaste jardin à la française, avec son orangerie où l'on peut déjeuner. Sauvé tardivement de la ruine, il abrite en sa cour des oeuvres d'art contemporain et se visite, patins aux pieds pour ménager un sublime plancher en bois et approcher des meubles et de l'orfèvrerie du XVIIIe siècle.

De Seneffe à La Louvière, une tout autre Belgique se dévoile. A partir du XIXe siècle, la Wallonie fut l'un des poumons industriels de l'Europe. A La Louvière, on peut même faire un bond dans le temps et se plonger dans un univers à la Germinal en visitant la cité ouvrière de Bois-du-Luc, bâtie dès les années 1830 selon un plan au cordeau autour des plus anciens charbonnages de Belgique, et de la propriété patronale, protégée par ses grilles.

Mais auparavant, le long du canal dit du Centre, les vestiges de vastes friches industrielles offrent un fascinant spectacle de désolation. Les amateurs apprécieront d'emprunter le vieux canal pour admirer la succession de quatre ascenseurs hydrauliques classés par l'Unesco, dont le dernier, avec sa splendide salle des machines à la patine d'un autre siècle, se visite. Ces merveilles de technologie XIXe (qui fonctionnent encore) permettaient aux péniches de franchir un dénivelé de 80 mètres. Elles sont aujourd'hui remplacées par l'impressionnant ascenseur de Wappy, l'un des plus grands au monde, qui, par son coût, provoqua la colère des Flamands, mais ça, c'est une tout autre affaire !

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