Évolution du réseau électrique à 2040 : le débat public est ouvert
La Commission nationale du débat public (CNDP) a ouvert, ce jeudi 4 septembre et jusqu'au 14 janvier 2026, le débat national sur le plan de développement du réseau électrique pour 2040, baptisé « Branché sur demain : le réseau électrique en débat ».
RTE prévoit d'investir 100 milliards d'euros pour renouveler, renforcer, développer et adapter ce réseau qui maille le territoire national.
La CNDP rendra les conclusions du débat à la mi-mars 2026.
Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE a présenté, en février dernier, sa stratégie opérationnelle et industrielle (le schéma décennal de développement du réseau ou SDDR) pour les quinze prochaines années. Il fixe les priorités de développement et de renforcement de ce maillon essentiel à l'activité économique et à la transition énergétique. L'objectif est à la fois de renouveler un réseau vieillissant, de l'adapter aux changements climatiques, d'intégrer de nouveaux consommateurs et producteurs et d'accroître sa sécurité face aux agressions physiques et informatiques.
Cette trajectoire de transformation du réseau électrique engendrera des « impacts majeurs sur l'environnement, des enjeux sur l'aménagement du territoire », a souligné le président de la CNDP, Marc Papinutti. Ce qui justifie, selon lui, l'ouverture d'un débat national sur un sujet complexe et méconnu du public.
Des ressources numériques, un groupe citoyen et des ateliers locaux
L'objectif est de rendre ce sujet le plus compréhensible possible pour que le plus grand nombre s'exprime. « Nous avons conduit une étude de contexte relativement importante auprès de parties prenantes (industriels, collectivités, associations) afin de remonter des questions récurrentes, explique Francis Beaucire, président de ce débat public. Deux grandes familles d'interrogations sont ressorties : le dimensionnement du schéma, qui interroge les fondements sur lesquels RTE s'est appuyé, et les conséquences des choix de RTE sur la nature, les paysages et le patrimoine, l'équilibre des territoires, la mise à disposition de l'électricité et, enfin, la capacité industrielle à réaliser ces investissements. »
En plus d'une plateforme numérique pour recueillir les avis et informer (via une documentation fournie et des webinaires), la CNDP prévoit des rencontres territoriales, la constitution d'un groupe citoyen chargé « de suivre le débat de bout en bout avec un devoir de production », d'organiser des ateliers dans les universités et écoles… Une carte (2) a été établie pour visualiser le réseau actuel et ses évolutions futures.
106 000 km
C'est la longueur des lignes à haute et très haute tension qui constituent le réseau de transport d'électricité sur l'ensemble du territoire français et que gère RTE.
Ce débat s'ouvre dans une ambiance particulière. Absence de Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), reprise des débats sur la proposition de loi Grémillet, remise en cause des énergies électriques renouvelables, oppositions locales à des projets de réseau… Les débats sont plutôt agités dans le domaine énergétique. « La PPE n'est pas l'objet de ce débat. La transition énergétique a déjà fait l'objet de débats, tout comme la relance du nucléaire » ou encore l'éolien en mer, souligne Marc Papinutti. Évoquant la neutralité de la CNDP, son président rappelle que « les débats publics ne sont pas des référendums. Nous rendons compte de l'ensemble des positions exposées. Sur un sujet tel que celui-là, je ne doute pas qu'il y en aura énormément ».
À l'issue du débat, la CNDP dispose de deux mois pour rendre ses conclusions. À partir de là, le maître d'ouvrage RTE en aura trois autres pour répondre aux interrogations soulevées.
Une stratégie à quinze ans dans un monde incertain
Pour rappel, le réseau de transport d'électricité représente 106 000 kilomètres de lignes à haute et très haute tension sur l'ensemble du territoire français. La très haute tension est assimilée à une autoroute de l'électricité qui transporte le courant sur de longues distances. La haute tension, quant à elle, permet de relier directement les grands sites de production (hydrauliques, nucléaires, thermiques) aux gros consommateurs (industries).
RTE prévoit un investissement de 100 milliards d'euros en quinze ans pour remettre à niveau ce réseau. Le gestionnaire a examiné différents scénarios de développement, afin d'envisager plusieurs évolutions selon le niveau de développement économique, l'évolution de la demande, ou encore la trajectoire d'électrification des usages.
Finalement, il s'est appuyé sur son scénario « mondialisation contrariée » pour établir le SDDR. Celui-ci table sur des prix de l'énergie encore élevés, des tensions commerciales croissantes, des approvisionnements difficiles, mais aussi une faible électrification des usages et une consommation atone. Le schéma de développement vise donc un renforcement de la chaîne de valeur française et européenne pour assurer les approvisionnements nécessaires, une hiérarchisation des travaux et une mutualisation, en fixant les priorités d'investissements sur les trois grands ports industriels et les grands projets énergétiques. Mais à la vue de la situation actuelle, RTE devrait présenter un autre scénario d'ici à l'automne prenant en compte les conséquences d'une croissance économique faible.
1. Accéder à la plateforme du débat

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