Pour alerter sur la montée des eaux, l’artiste italien Lorenzo Quinn a érigé une sculpture représentant deux mains s’agrippant à un bâtiment historique de la cité italienne.
Deux mains tentaculaires jaillissant de l’eau du Grand Canal de Venise pour soutenir un mur. L’œuvre surréaliste de l’artiste Lorenzo Quinn, intitulée Soutien, a été installée le 13 mai à l’occasion de la Biennale de Venise. Son but est de sensibiliser aux risques du réchauffement climatique qui menace la Cité des doges.
Mesurant 9 m de haut et pesant 2 500 kg chacune, ces deux mains, dont l’installation a pris deux jours, ressortent peu du paysage vénitien traditionnel, même en temps de Biennale d’art contemporain. Au milieu des gondoles, les mains colossales semblent engloutir le mur du bâtiment historique de l’hôtel Ca’Sagredo. Elles seront visibles jusqu’au 26 novembre.
L’artiste explique avoir voulu « symboliser à la fois la force créatrice et destructrice de l’être humain ». Les mains sont au cœur de son œuvre, la majorité de ses créations étant traversées par ces « objets fétiches », comme il l’indique sur le site de la galerie contemporaine où il travaille, Halcyon Gallery. Elles représentent un symbole fort car « les mains ont le pouvoir d’aimer, de haïr, de construire, de détruire ».
Ce projet ne reflète, selon lui, pas seulement les deux facettes de l’être humain, mais un combat écologique, comme le commente l’artiste sur son compte Instagram :
« La sculpture a pour but de parler aux gens de façon claire, simple et directe à travers les mains innocentes d’un enfant. C’est un message puissant pour dire qu’ensemble, nous avons les moyens d’agir pour freiner le changement climatique qui nous affecte. Venise est une ville artistique qui a inspiré des cultures millénaires. Pour que cela continue, il faut que les générations actuelles et futures réagissent. »
Venise s’enfonce en effet peu à peu. La cité de Goldoni, Titien et Vivaldi est menacée par la montée du niveau des océans et serait une des premières villes à disparaître, comme New York, Tokyo ou encore Singapour.
Ce phénomène de submersion est aggravé par l’affaissement des sols, propre au poids des constructions, les fondations étant elles-mêmes abîmées par la montée des eaux. Construite sur une centaine d’îlots reliés par des canaux, la Sérénissime doit aussi gérer le tourisme de masse. Chaque année, plus de 28 millions de visiteurs foulent la place Saint-Marc et utilisent des paquebots de croisière qui fragilisent l’écosystème.
L’ancienne république maritime a engagé en 2003 un chantier gigantesque pour endiguer le phénomène de la montée des eaux, le projet MOSE. Au total, ce sont 79 digues mobiles qui devraient être installées d’ici à la fin de l’année 2018. Elles devraient permettre de contenir des marées allant jusqu’à 3 mètres de hauteur. Le coût total de l’opération s’élève à 5,5 milliards d’euros mais a été ralenti par de graves affaires de corruption.
Au XXIe siècle, le naufrage de la Cité des doges est une réelle possibilité. Par le passé, le poète Paul Valéry écrivait déjà : « Venise va donc se noyer. Peut-on imaginer plus belle mort pour cette ville ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire