Au Nord du Burkina Faso, Yacouba Sawadogo, un ex-commerçant de 80 ans, est réputé pour être « l’homme qui a fait reculer le désert ». Grâce à sa technique du « zaï », Yacouba a pu donner naissance à une forêt de 25 hectares, là où ne se trouvait auparavant qu’une vaste plaine aride.
Un touriste non-averti se promenant dans les régions désertiques du Nord du Burkina Faso (à 184 km de Ouagadougou) doit sans doute d’abord croire à un mirage. Et pourtant, la forêt de « Gourga » est bel et bien réelle. Elle se dresse, fière, défiant les climats arides de cette zone du pays.
Le Burkina Faso est confronté depuis plusieurs années à une dégradation de son environnement, dû à une baisse de la fréquence des pluies et à une augmentation constante de la démographie. D’après l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable (ONEDD), la région du Nord du pays est celle qui connaît la plus forte dégradation de ses sols : 273 828 km2 soit près de trois quarts de la superficie du pays, sont touchés par la désertification.
Ce n’est pourtant pas ce qui a effrayé Yacouba Sawadogo, qui a mis au point une technique, le « zaï », pour faire pousser des plantes malgré cette désertification. Cette technique, il la tient directement de la terre de son pays. Il explique : « afin de comprendre comment la nature se régénère, j’ai mis deux ans à sillonner les terres de mon village, souvent à pied, parfois à cheval ».
Le « zaï » est finalement assez simple. Il consiste à creuser de petits trous dans le sol et de les remplir de débris organiques. Une fois que les termites ont été attirées par ces débris et ont creusé des grandes galeries dans la terre, l’eau peut y être retenue lors de la saison des pluies. Il ne reste plus qu’à semer les graines !
Yacouba, qui utilisait cette technique pour l’agriculture, a décidé de voir plus grand en mettant petit à petit des graines d’arbres en bordure de son champ. Désormais une forêt de 25 hectares s’y dresse, attirant une large faune, notamment de nombreux oiseaux qui contribuent à leur tour au transport des graines. Yacouba souligne d’ailleurs qu’il a « entrepris de semer des graines d’arbres qui avaient disparu de la région. Des experts viennent de la capitale afin d’étudier ces arbres aujourd’hui présents. »
Malheureusement, aujourd’hui Yacouba doit se battre pour préserver sa forêt, menacée par la construction d’un lotissement. L’urbanisation progressive de cette région, menace les écosystèmes, espérons qu’elle n’ira pas jusqu’à détruire cette véritable oasis sylvestre au milieu des plaines désertiques…
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