Des sols contaminés par les déchets toxiques en Italie à l’exploitation des sables bitumineux qui stérilise les campagnes au Canada... Avec ses paysages d’une beauté intrigante mais où les couleurs sont celles de la pollution, le photographe montre le cynisme absolu des puissants groupes industriels qui salopent le monde.
A la différence d'un lanceur d'alerte, Samuel Bollendorff ne révèle rien : ni scandales, ni scoops. Il arrive après. Et, depuis ses débuts dans les années 1990, poursuit alors, opiniâtre, le même but : donner une voix à ceux qui n'en ont pas. Son intérêt pour les questions sociales s'est ainsi traduit par des projets consacrés aux « lieux vides », dans lesquels il n'est nullement nécessaire de donner à voir la souffrance pour la saisir. Les bouts de parking ou de trottoir où un salarié en détresse s'est immolé par le feu (Le Grand Incendie) ; la route migratoire qui relie la Turquie au nord de l'Europe sur laquelle combien d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri (La nuit tombe sur l'Europe) ; les bancs, squares, coins de rues ou de passages souterrains qui servirent d'abri puis de lits de mort à des sans-abris (Les morts de la rue).
La suite...
En Alberta se joue la plus grande ruée vers l’or noir de l’ère moderne. Plus de 170 milliards de barils de pétrole à extraire des sables bitumineux, soit la deuxième réserve du monde, sont enfouis sous la forêt boréale. Pour l’exploiter, mille milliards de litres de résidus toxiques, des boues tamisées du processus minier, sont déversés dans d’immenses lacs de retenue pollués d’hydrocarbures contenant plusieurs agents cancérogènes, mutagènes et tératogènes. Une des dernières forêts primaires de la planète est rasée, des rivières sont détournées et polluées, la quasi-totalité des caribous ont disparu et le taux de cancers dans les villages alentours est 30% plus élevé que dans le reste de la province.
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