mercredi 28 mars 2018

Cuisiner pour mieux résister

Si la génération 68 voyait la cuisine comme une corvée, celles d’aujourd’hui mettent de plus en plus la main à la pâte. Une façon de reprendre le contrôle sur son assiette. Et sur un monde soumis aux diktats industriels.



C'est un petit livre rouge comme Le Guide ­Michelin mais dont la lecture ne met pas franchement l’eau à la bouche. Dans son tout frais Manifeste du bien-manger, loin des miroitements de la haute gastronomie, la journaliste Véronique Richez-Lerouge désosse l’ordinaire un poil moins glamour du mangeur du XXIe siècle. Industrialisation massive, litanie des scandales à répétition (des lasagnes de cheval au lait contaminé à la salmonelle, en passant par les œufs au fipronil), cascade d’études scientifiques épinglant les méfaits des aliments ultra transformés dopés au sucre ou au sel… « En comparaison, la pomme empoisonnée de Blanche-Neige était une friandise », ose la spécialiste de l’agroalimentaire face au tableau accablant de ce festin triste.

Ce énième pavé dans la mare de la malbouffe résume bien l’esprit d’une époque rendue inquiète par ce qu’elle a au bout de la fourchette, et le désir grandissant de rompre avec un système agro-industriel délétère. « L’alimentation est devenue comme une boîte noire, et le consommateur vit avec le sentiment de ne plus savoir d’où vient ce qu’il a dans son assiette, observe le sociologue Thibaut de Saint Pol. Dans ce climat angoissant s’exprime de plus en plus fortement une volonté de reprendre en main son alimentation. »

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