lundi 17 octobre 2016

Les Jardins du cœur sèment les graines de la réinsertion sociale

Le CCAS de Valenciennes a reçu le Prix de l’innovation sociale décerné par l’UNCCAS, qui fédère les centres communaux d’action sociale. Il était temps : à travers ses Jardins du cœur, cela fait vingt-cinq ans qu’il œuvre pour la réinsertion de personnes en situation d’exclusion.


Binette en main, Catherine Van den Berghe goûte la douceur de cette fin de matinée d’automne. Au milieu des siens. Aux Jardins du cœur, elle a trouvé « une famille, des amis ». Redonné un sens à sa vie après être tombée au fond du trou. « Je me suis presque retrouvée à la rue, glisse-t-elle, l’émotion au bord des lèvres. Je n’avais plus qu’un matelas, mon manteau me servait de couverture. » En charge du projet « Jardins du cœur » au sein du CCAS, Christophe Marchant se souvient l’avoir vue arriver un vendredi soir. C’était en 2011. « Elle venait du Pas-de-Calais, elle était sans logement. En un week-end, nous lui avons trouvé un toit, du mobilier. » Chemin faisant, elle a renoué les fils de son existence, suivi une formation « homme toute main » (sic) à l’AFPA. Pendant un an et demi, elle a enchaîné les petites missions chez les particuliers. Son retour aux « Jardins » n’est qu’une péripétie de plus dans un parcours semé d’embûches.


La quinquagénaire sait ce qu’elle doit à cette action d’insertion, cofinancée par la Ville, le Département et le Fonds social européen : « Cela m’a remis le pied à l’étrier. » Le CCAS recrute « large » dans ses jardins. Responsable du service insertion et développement social, Erick Martinez insiste sur « l’inconditionnalité de l’accueil ». Sur la soixantaine de participants accueillis à l’année sur les trois sites (Blaise-Pascal, Rôleur, Vignoble), la plupart bénéficient du RSA et ont un niveau de qualification qui va rarement au-delà du CAP. Le profil type est « moins stable désormais qu’il ne l’a été », observe Christophe Marchant. « On voit arriver de plus en plus de femmes, de moins de 25 ans. »

En situation d’exclusion sociale, alimentaire, ils traînent souvent derrière eux d’autres problèmes, liés au logement, à la santé. « Au départ, ils prétendent ne rien savoir faire, ce qui est faux. » Aux Jardins du cœur, ils désherbent, sarclent, ratissent, cultivent fleurs et légumes bio, font de petits travaux de maintenance, de terrassement… Conseillère en économie sociale et familiale, Sandra Rousseaux leur apprend même à cuisiner le fruit de leur récolte. Erick Martinez insiste : « On essaie de mettre en valeur des potentialités. »

Le jardin, avec ses neuf ruches (bientôt dix), n’est qu’« un prétexte, un magnifique outil pédagogique », reprend Christophe Marchant. « On n’oriente pas les gens vers le maréchage. » Les formations ciblées visent des secteurs d’activité plus porteurs. « On essaie de redéfinir avec chacun un projet professionnel. » Dans l’espoir qu’il vole ensuite de ses propres ailes.


«Sans les jardins, je n’en serais pas là»
Son regard bleu perçant laisse entrevoir les galères traversées. Sébastien Tounsi, 40 ans, ne sait plus très bien combien de temps il est resté sans emploi, deux ou trois ans, quand le CCAS de Valenciennes lui a sorti la tête de l’eau, en 2012. Radié de Pôle Emploi, il en était arrivé au point où il n’avait plus envie de rien, pas même de se lever le matin.

La main tendue lui a redonné le goût de l’effort. Et rendu l’estime de soi. « J’avais perdu confiance, raconte-t-il. Heureusement que les jardins étaient là pour me remotiver. Sans ça, je n’en serais pas là, maintenant. »

Après un an de bénévolat, il avait enchaîné les contrats aidés (CAE, CUI) dans le cadre du chantier d’insertion des Jardins du cœur. S’était fait la main à la conciergerie de la mairie en livrant les repas aux personnes âgées. Pour rebondir dans le privé, où il s’est fait embaucher, en octobre 2015, dans le même secteur d’activité. L’autre matin, il venait de finir sa tournée quand il est passé dire bonjour, au Vignoble. Fier du chemin parcouru et dans le même temps, tellement reconnaissant du soutien dont il a bénéficié.

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