La Voix du Nord | Jérémy Lemaire | 22/06/2018
Avant la construction du lotissement des Prouettes à Douchy-les-Mines, des fouilles préventives ont été menées. Elles ont permis de mettre au jour une ancienne carrière romaine ainsi que quatre tombes renfermant de nombreux objets funéraires. Une découverte exceptionnelle, on vous explique pourquoi.
Avant la construction du lotissement des Prouettes à Douchy-les-Mines, des fouilles préventives ont été menées. Elles ont permis de mettre au jour une ancienne carrière romaine ainsi que quatre tombes renfermant de nombreux objets funéraires. Une découverte exceptionnelle, on vous explique pourquoi.
En découvrant, dans un champ, route d’Haspres, une ancienne carrière de pierre calcaire, les archéologues avaient déjà fait une jolie découverte. Un site de production de la fameuse pierre d’Avesnes-le-Sec, blanche et friable, qui a peut-être alimenté la construction de la cité romaine de Fanum Martis (Famars aujourd’hui) voire de celle de Cambrai.
Et là, « par hasard », reconnaît Damien Censier, du service archéologique de la communauté d’agglomération du Douaisis en charge du chantier de fouilles, à quelques mètres de la carrière, les scientifiques ont trouvé des escaliers menant à une grande porte en pierre… De l’autre côté, une tombe à hypogée, c’est-à-dire une salle creusée dans la pierre à l’intérieur de laquelle reposent les cendres d’un ou plusieurs (des analyses sont en cours pour le déterminer) défunts. Les restes y étaient déposés dans une urne ou un coffret funéraire avec des vases, des bijoux ainsi que les meilleurs morceaux du repas organisé en l’honneur de la personne décédée.
Au total, la terre douchynoise a ainsi rendu quatre tombeaux datant de la fin du Ier siècle après Jésus Christ. Imaginez la sensation pour les archéologues au moment de pénétrer dans des sépultures closes depuis près de deux millénaires. Jackpot ! « Deux d’entre elles étaient parfaitement conservées, dépeint Damien Censier, dans un milieu sans oxygène. C’est une belle émotion quand vous entrez. Ce sera la seule tombe (de cette période, NDLR) qu’on découvrira dans cet état de conservation. »
Miroir, mon beau miroir
Une chaussure, des morceaux de bois du coffret funéraire ou encore ce miroir où l’on se reflète encore comme d’autres avant nous l’ont fait il y a plus de 1 900 ans. « Sur le coffret en bois, il y a tout un décor avec des rivets dotés d’anneaux, poursuit le responsable scientifique de l’opération. Une peau animale était posée dessus. Ces pièces-là d’habitude, on ne les retrouve jamais. » Cette tombe, assez richement garnie, devait être celle du propriétaire de la carrière.
Des analyses sont en cours et ces sépultures nerviennes (du nom du peuple gaulois installé là avant l’invasion romaine) n’ont pas encore révélé tous leurs secrets. Une présentation par les archéologues aux habitants de Douchy doit avoir lieu dans les prochains mois.
En attendant trois cents logements…
La zone des Prouettes est un terrain triangulaire s’étendant sur 7 hectares à la sortie de Douchy-les-Mines, en direction d’Haspres. À la place des champs, un nouveau quartier doit sortir de terre. Logements locatifs, accession à la propriété, lots libres de constructeurs et même béguinages pour personnes âgées… Au total, 300 à 330 nouveaux logements sont attendus ; l’opération étant menée par la société SEAA. Mais lors du diagnostic archéologique préventif, une carrière romaine est repérée. Des fouilles sont décidées. L’appel d’offres ayant été remporté par le service archéo de la communauté d’agglomération du Douaisis, c’est lui qui les a menées et qui, outre la carrière, a mis au jour les tombes nerviennes. Exploré et étudié, le site est désormais rebouché, la terre compactée. Le projet peut reprendre.
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