lundi 16 mai 2016

Denaisis : ces communes où l’on pratique l’extinction des feux la nuit

Les municipalités, en période de disette budgétaire, cherchent des économies. Et les bons vieux lampadaires énergivores, allumés toute la nuit, en font les frais. Tour d’horizon des initiatives dans les 22 communes du Denaisis.


1. Extinction des feux.
Depuis le 1er mars, à Noyelles-sur-Selle, à partir de 23 heures, c’est la nuit noire jusqu’au matin, 5 heures (sauf vendredi et samedi soirs). « On a de moins en moins d’argent, analyse le maire Daniel Sauvage. D’après ce que l’on a calculé, on devrait économiser entre 3 000 et 3 500 euros par an. » Pas négligeable dans le budget d’un petit village de 750 habitants. Noyelles est la dernière commune en date à avoir décidé d’une extinction des feux totale la nuit, mais elle est loin d’être la seule. Wasnes-au-Bac, Haspres ou Avesnes-le-Sec ont aussi franchi le pas. À Marquette, on a même rallongé la plage horaire de noir total en février dernier. Haulchin s’y est mise fin 2015. Là aussi, l’aspect financier a été un élément moteur. « On économise 15 000 € par an que l’on remet dans la réfection des candélabres pour renouveler petit à petit les ampoules, avance Marie-Claire Baillieux, la maire. Ensuite il faut savoir que c’est une pollution lumineuse qui dérègle le cycle de vie aussi bien des hommes que des animaux (papillons, oiseaux…). Et ce sont plusieurs tonnes de CO2 qui ne sont pas rejetées dans l’atmosphère. » La démarche se veut donc aussi écolo.

2. Rénover l’existant.
Beaucoup d’autres communes veulent faire des économies en investissant dans leurs candélabres. C’est le cas de Rœulx par exemple qui a remplacé 250 points lumineux en début d’année par des LED, jugées plus performantes. « On a deux plages horaires, détaille le maire Charles Lemoine. Avec une intensité lumineuse qui baisse vers 23 heures jusqu’à 5 heures, et après ça remonte. » Bouchain devrait, dans les prochains mois, tenter l’expérience LED aussi boulevard Havez. Dans la ville centre, Denain, on mixe un peu tout ça, en coupant la lumière le long du CD40 (la départementale reliant Haulchin à Haveluy) et en renouvelant progressivement l’éclairage public (comme dernièrement au parc Lebret). La ville estime le gain d’énergie « à six ou sept fois » celui d’un éclairage classique. À noter aussi l’initiative peu banale de Lieu-Saint-Amand où l’on éteint… un lampadaire sur deux.

3. Et la sécurité ?
Certains maires interrogés nous ont clairement fait savoir qu’il était hors de question de couper l’éclairage. Motif invoqué : la sécurité. « Ce serait délinquantogène (sic) de couper la lumière dans tous les quartiers, estime Yohan Senez, le directeur de cabinet du maire de Denain. Et puis, on ne peut pas d’un côté développer la vidéosurveillance et de l’autre, éteindre l’éclairage. » À Wavrechain-sous-Faulx, plus petit village du Denaisis, on a ainsi fait machine arrière. « À la demande de nos administrés, notamment ceux qui partaient au travail à trois heures du matin, on a décidé de rallumer, décrypte le maire André Leprêtre. Il y a aussi un virage dangereux à l’entrée du village en venant de Wasnes. Et puis, on fait des économies tout de même puisque l’intensité lumineuse est réduite. » Alors la sécurité, argument massue ? « La plupart des cambriolages ont lieu la journée, estime Marie-Claire Baillieux. Et l’absence de lumière évite aussi les rassemblements dans les espaces publics le soir. »
A lire dans La Voix du Nord 9 mai 2016

Éclairage public coupé la nuit: la mesure qui fait l’unanimité… contre elle
Notre dossier consacré à l’éclairage public ce mardi a beaucoup fait réagir sur le Web. Et autant être clair, la mesure est loin d’être populaire.



À deux exceptions près, les commentaires recueillis sur notre page Facebook vont tous dans le même sens. « Insécurité » clament en chœur les Internautes. « Ils (les élus) vont rajouter de l’insécurité pour les riverains », s’indigne Virginie. « Il y a quand même des voitures qui circulent car les gens finissent tard. » « C’est une bonne nouvelle pour les voleurs, les trafiquants et j’en passe », renchérit Sébastien. Sans préciser sa commune, Romain ajoute que « cela a permis 15 voitures fracturées ce week-end ».
Nous avons contacté la préfecture ainsi que le parquet de Valenciennes pour savoir s’il existait des statistiques sur un lien éventuel entre délinquance et éclairage. Nous attendons toujours la réponse du second. Quant aux services préfectoraux, ils nous indiquent « ne pas disposer d’éléments objectifs » sur ce sujet. Au-delà des chiffres, c’est plus le sentiment d’insécurité qui semble jouer. « Lorsque je dois descendre de ma voiture dans le noir total pour regagner mon domicile, j’ai vraiment très peur », lâche cette lectrice. D’autres prennent la chose moins au tragique et plaisantent : « Voilà pourquoi quand on sort le chien trop tard, on ne voit même pas nos pieds ! »

« Économies de bouts de chandelle »
Quant à l’argument financier, il ne convainc pas. Des « économies de bouts de chandelle », tacle Michel. « Les impôts ne vont pas baisser pour autant. L’argent, de toute façon, n’ira pas dans notre poche », estime Rémy.
Bref, vous l’aurez compris, la municipalité qui adopte une telle mesure prend le risque de s’attirer les foudres de ses administrés. Des administrés qui ont d’autres idées à proposer : « Au lieu d’éteindre les lumières des rues, on ferait mieux d’éteindre les enseignes lumineuses des magasins qui sont éclairés toute la nuit. » Un argument valable pour la planète, mais pas pour les finances des communes. « Pourquoi ne pas mettre plutôt des détecteurs de mouvements, suggère Marie-Claude. Ça réduit la note tout en sécurisant les gens qui circulent la nuit… »

Lourches s’y met le 23 mai
On vous disait mardi que c’était une tendance lourde dans les communes. Eh bien, après Haspres, Haulchin, Noyelles, Avesnes ou Marquette, voilà qu’une commune d’une taille un peu plus importante fait également le choix de l’extinction des feux la nuit. Lourches, petite ville de 3 800 habitants, a décidé de couper l’éclairage public de 23 heures jusqu’à 5 heures, à partir du 23 mai. Et les arguments sont les mêmes que dans les communes plus rurales : préserver l’environnement et faire des économies. Ces dernières pourraient s’élever à 30 000 € par an, selon Jean-René Bihet, le maire. « Avec les contraintes budgétaires, tout le monde a fait des efforts. On en arrive là pour éviter d’augmenter les impôts. » Quant à l’impopularité de la mesure (la nouvelle annoncée ce mercredi sur la page Facebook de la commune a déjà recueilli pas mal d’avis négatifs), le maire assume et annonce qu’il « fera un point d’étape dans quelques mois ». Histoire de tirer le bilan de l’expérimentation et, si nécessaire, pourquoi pas de faire machine arrière.

A lire dans La Voix du Nord 16 mai 2016

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