lundi 2 septembre 2019

À Haveluy, un projet d’unité de biométhanisation fait grincer des dents

Depuis le 20 août, les premiers travaux d’une future unité de biométhanisation ont commencé à proximité de la RD 440, la route d’Escaudain, à la frontière de Denain. Le chantier doit durer un an. Des riverains s’inquiètent.

Les frères Callens et le maire d’Haveluy.
Le trio a déjà embauché un employé en CDI, chargé à terme de gérer l’unité, et songe déjà à une seconde embauche.

À l’origine de ce projet, trois frères, Maxime (31 ans), Nicolas (42 ans), et Antoine (37 ans) Callens. « La quatrième génération d’exploitants », précise leur père. Sur leurs terres, 390 hectares, ils cultivent des céréales, des betteraves, des pommes de terre, et produisent des semences de pommes de terre.
« Depuis une vingtaine d’années, nous sommes engagés dans une démarche d’agriculture plus verte. On ne laboure plus, ce qui redonne vie à la terre, limite l’érosion, libère moins de CO 2 et accroît la biodiversité », explique Maxime. « Depuis dix ans, on est sensibilisé par la Chambre d’agriculture à la réduction des produits phytosanitaires », ajoute Antoine. « À la place, on va utiliser des extraits fermentés de plantes, associés à des oligoéléments. On a fait des essais au printemps sur 15 % de nos terres. Nous allons les poursuivre. »
Conséquence : « Les sols se travaillent mieux », d’où une utilisation moindre des engins agricoles et donc de gasoil. Dans la continuité de cette démarche, le trio s’est lancé dans un projet d’unité de biométhanisation. 

Du biogaz pour GrDF
La biométhanisation est un procédé de traitement des matières organiques par fermentation, sans oxygène.
Comment ça marche ? Après les récoltes et les moissons, des plantes sont semées : « Des CIVES, pour cultures intermédiaires à vocation énergétiques. Jusqu’à présent, on les cultivait et ont les laissait pourrir sur place. Désormais, elles seront valorisées. » 

Les travaux de terrassement ont démarré le 20 août, près de la RD440.

L’unité de biométhanisation comprendra 7 silos de 45 mètres sur 15, derrière la carrière de Denain, donc non visibles des riverains ; le site bénéficiera d’un aménagement paysager.
« On va stocker les CIVES dans ces silos, entre zéro et huit mois. On ouvrira les silos chaque jour pour y puiser trente tonnes, versées dans deux cuves qui dégraderont la matière organique en biogaz, permettant ainsi la production de méthane. » Lors du processus, les cuves seront chauffées par une chaudière, elle-même alimentée par ce biogaz.
« Ce gaz sera envoyé dans le réseau de GrDF pour alimenter Denain, Douchy et Lourches. » L’équivalent des besoins en gaz de 500 maisons ou du fonctionnement de 60 bus de ville, pendant un an. « Nous avons signé un contrat avec Engie, cela va nous permettre de conforter nos revenus. »
La décomposition n’étant pas complète, il restera une matière, le « digestat », un liquide, qui viendra fertiliser les parcelles des frères Callens.

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Le projet génère un vent de panique
Depuis mercredi, l’annonce de l’ouverture d’une unité de biométhanisation affole les réseaux sociaux. Un collectif s’est formé à Denain, dénommé « Bellevue Quiétude ». Il a adressé une lettre au préfet, demandant « le retrait du droit de construire » et de « surseoir à l’attribution des aides de l’État », ainsi que « l’instauration d’un dialogue » entre les parties prenantes et d’« établir un projet qui obtient l’accord des parties intéressées ».
Une page Facebook – Collectif contre la décharge de biomethanisation d Haveluy – a été ouverte. 
Une pétition a été lancée sur mesopinions.com, qui avait reçu vendredi à 16 heures 56 signatures.
Le député RN Sébastien Chenu s’est emparé du dossier, évoque dans un communiqué ses inquiétudes quant à une « décharge de biométhanisation » et met en cause la maire de Denain A.-L. Dufour…
De son côté, le maire d’Haveluy J.-P. Ryckelynck explique qu’il s’agira d’« une petite installation, donc qui ne nécessite pas d’enquête publique ».
L’émoi généré laisse les frères Callens pantois, eux qui assurent avoir une démarche écolo et que la biométhanisation génère « 98 % d’odeurs en moins que les effluents d’élevage ». « On est ouvert à toute discussion », insistent-ils.

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