Une centaine de personnes ont pris part à la réunion publique d’information, jeudi soir, à la salle des fêtes de Douchy. Le collectif Alerte incinérateur Douchy n’est pas sorti du cadre qu’il s’était fixé. La réunion publique à laquelle ont assisté jeudi soir une centaine de personnes n’a pas viré au meeting anti-SIAVED. Les opposants sont même prêts à travailler avec les élus à un projet alternatif à l’extension de capacité de l’usine.
L’écologiste Quentin Omont est plutôt partisan d’actionner « le levier politique » pour obtenir du syndicat de gestion des déchets qu’il fasse machine arrière.
Il a perdu sa fille, atteinte d’une tumeur au cerveau à l’âge de 23 ans. Et quasiment toutes les familles, dans son proche voisinage, ont été touchées par un cancer. Pour le Fenainois venu témoigner à la réunion publique de jeudi soir, le lien avec un environnement souillé ne fait aucun doute. Il a conclu son intervention sur cette sentence : « Il n’y a plus qu’une chose à faire, c’est la révolution ! »
On a ici une marge de réduction (des déchets) qui est très forte.
Ce n’est pas exactement la méthode privilégiée par le collectif Alerte incinérateur Douchy, qui regroupe une vingtaine d’associations. Farouchement opposé au projet d’extension de l’incinérateur du SIAVED (Syndicat interarrondissement de valorisation et d’élimination des déchets), qui ferait passer sa capacité de 88 000 à 120 000 tonnes de déchets par an, et que la préfecture a validé le 9 août, il ne montera pas de barricades. Quant à se lancer dans une longue et coûteuse action en justice, l’aventure lui paraît, à ce stade, trop « incertaine ».
Encouragé par un courrier du député communiste Fabien Roussel le matin même de la réunion, l’écologiste Quentin Omont est plutôt partisan d’actionner « le levier politique » pour obtenir du syndicat de gestion des déchets qu’il fasse machine arrière.
« Ce qui est fondamental, c’est la mobilisation du citoyen », a insisté le Dr Paul Cordonnier, dont l’expérience forgée à Hornaing, du temps où il s’opposait à l’incinération de farines animales par la centrale thermique, lui donne du crédit. C’est bien évidemment à la construction d’un rapport de forces que les membres du collectif ont œuvré à la réunion de jeudi soir, à laquelle une bonne centaine de personnes ont assisté, à la salle des fêtes douchynoise. « Nous pensons qu’il est possible de travailler avec les élus du SIAVED à un projet alternatif », conforme aux préconisations de l’Europe, de l’État, du Département. Et qui renverserait l’ordre des priorités, faisant de la réduction des déchets l’option nº 1.
Secrétaire de Denain Écologie, Solange Lemoine est montée au créneau pour rappeler que d’« énormes efforts avaient été accomplis en ce sens par le SIAVED » ces dernières années. Ce n’est « pas faute d’essayer », mais parce qu’elle a des tas d’autres préoccupations, « la population est très difficile à sensibiliser » sur ces questions-là, a fait valoir l’adjointe à la maire de Denain.
Les derniers chiffres publiés par le syndicat ne vont pas dans le bon sens : 674,25 kg de déchets sont produits chaque année par habitant, loin, très loin de la moyenne nationale qui se situe à un peu plus de 500 kg. Cela fait dire à Paul Cordonnier : « On a ici une marge de réduction qui est très forte. »
« Évaluation sanitaire inadaptée »
Solange Lemoine, la secrétaire de Denain Écologie, avait tenu à apporter « une note positive » aux débats. « J’aimerais bien partager votre optimisme », lui a rétorqué Brigitte Simonot, gynécologue à la retraite qui préside le CRAPSE 59-62 (Coordination régionale association des professions de santé environnement), dont le constat est au contraire accablant. Pas la peine d’en rajouter sur ce territoire pollué au possible et qui présente les pires indicateurs de santé en France. Rien que « pour les décès prématurés, nous sommes 50 % au-dessus de la moyenne nationale », a rappelé son mari, Michel Simonot, lui aussi médecin retraité.
Le SIAVED a beau scrupuleusement respecter les normes, que trouve-t-on dans les fumées invisibles à l’œil nu que crache un incinérateur de dernière génération ? Du monoxyde d’azote, des dioxines, des microparticules inférieures à 2,5 microns, trop petites pour être mesurées…
« L’évaluation sanitaire du risque qu’on nous propose est tout à fait inadaptée », nous avait fait remarquer Paul Cordonnier, autre ancien professionnel de santé, quelques jours avant la réunion. « C’est ce qui nous a amenés à la silicose ou au scandale de l’amiante. »
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Pourquoi augmenter la capacité de l’incinérateur ?
Le président du SIAVED, Charles Lemoine, s’en était expliqué en juillet, après une première sortie du collectif Alerte incinérateur déchets dans nos colonnes. « Le SIAVED a une autorisation de la préfecture pour incinérer jusqu’à 88 000 tonnes par an, on peut aller jusqu’à 92 000 ou 93 000. Or, nous en collectons environ 113 000 tonnes. Ce qui n’est pas incinéré, 20 000 tonnes, part en centre d’enfouissement, à Lewarde. »
Autre « atout » mis en avant par le syndicat : l’augmentation de capacité assurera non seulement l’alimentation du réseau de chauffage urbain de la commune de Douchy-les-Mines, mais aussi, d’ici à fin 2020, celui de Denain.
PAR SÉBASTIEN CHÉDOZEAU valenciennes@lavoixdunord.fr
La Voix du Nord - Publié le 05/10/2019.
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Dans l'Observateur du Valenciennois 18/1019
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