samedi 18 mai 2019

Et si l’Andalousie devenait un désert ?

Les serres des plaines andalouses d’Almería abritent le potager de l’Europe. Sur les côteaux escarpés bordant ce paysage de plastique s’étalent des oliveraies. Six millions d’arbres plantés serrés qui ont vidé les réserves d’eau souterraine. La région s’assèche à grande vitesse.


C’est l’un des rares potagers visibles depuis l’espace, facilement repérable sur Google Earth. Une vaste étendue blanche à l’extrême sud de l’Espagne, entre les montagnes désertiques d’un côté, la Méditerranée de l’autre. De la route, on dirait une mer de glace ou de sel. Mais elle est née de la main d’ingénieurs agronomes, et formée de kilomètres de bâches en plastique blanchâtre qui s’étendent à perte de vue et recouvrent les serres de la plaine d’Almería.

Depuis que l’Espagne s’est ouverte à l’Europe il y a trois décennies, elle en a fait son giga-potager, industriel et standardisé, où tomates, poivrons, courgettes mûrissent hors-sol, insensibles aux saisons, avant d’approvisionner les supermarchés français, allemands ou polonais à des prix hors compétition. Entre les serres, quelques usines de conditionnement, de plastique ou d’engrais, mais aucun arbre pour rompre la monotonie de l’interminable linceul. Pour retrouver la nature, il faut quitter la plaine et grimper vers les hauteurs. Et, peu à peu, c’est un autre panorama façonné par la main de l’homme qui se déploie le long des coteaux escarpés et pierreux : des hectares et des hectares d’oliveraies.

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