Trente-deux solides quenottes, estomac ou cuir à toute épreuve et bonhomie légendaire. La DIR voit dans les biquettes d’Espoir les fossoyeuses (écolos) de l’invasive renouée du Japon. L’association d’Escautpont qui les chaperonne, un bel outil d’insertion. Désormais, quinze chèvres broutent l’échangeur 21 de Valenciennes.
Attaché à un piquet, King Kong se la coule douce. Le « bébé » de l’association Espoir porte aujourd’hui la longue barbe des grands boucs. Ce mercredi matin, papa surveille la famille, une douzaine de concubines et rejetons qui mastiquent tranquillement leur plat favori : la renouée du Japon. La vilaine plante grasse, invasive, est autant le cauchemar des collectivités que la madeleine des caprins. « Un vrai bonbon », confirme Patrick Carlier, berger en chef des Biquettes de l’espoir, le dernier atelier chantier d’insertion (ACI) de l’association Espoir. On comprend donc que les Poitevines – une race rustique protégée – mettent du cœur à l’ouvrage. Bords à canaux, chemins forestiers, pâtures privées ou publiques… Rien n’échappe, depuis mai 2015, à leurs vigoureuses quenottes. Ni à King Kong. Côté vigueur, le mâle se défend : l’équipe familiale s’est considérablement étoffée. La bergerie de Mortagne-du-Nord accueille désormais quarante bêtes (sept, au départ).
La grande bouffe
Un joli cheptel qui joue désormais… sur l’autoroute. Depuis la semaine dernière, en plus de leurs traditionnels garde-manger (le domaine fluvial des berges de l’Escaut, les espaces verts d’entreprises ou de collectivités), les tondeuses écolos bâfrent sur l’échangeur 21 de l’A2 (celui qui mène à Valenciennes centre). Un buffet à volonté de huit à dix heures, dès 6h 30. Douze à quinze chèvres en profitent : surveillées par deux bergers, elles se relaient pour gober l’envahisseur asiatique.
L’aboutissement d’une première phase de test avec la DIR Nord, en 2015, complétée par les sérieuses analyses du CEREMA. Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement confirme l’efficacité de ces ruminants. Elles ratiboisent à moindres frais et sans polluer. Lorsque les bergers ont estimé qu’elles ont fini leur assiette, les chèvres sont autorisées à avancer dans leur enclos. Reste aux bipèdes d’Espoir – quatorze courageux bergers de l’ACI qui les dorlotent après chaque gueuleton – de finir à la faux traditionnelle le génocide des renouées.
Aucun risque de chômage technique pour les caprins : la tonte devrait s’étaler sur trois à quatre ans, de mai à septembre, pour épuiser la plante tenace. Ce qui permettra aux autochtones, écartés par l’exclusive renouée du Japon, de se réinstaller. Ajoutez à cela un crottin qui séduit les insectes, eux-mêmes friandises des oiseaux, et c’est tout un écosystème qui pourrait revenir, dit-on, à proximité des voies rapides.
Bêêêêêêlle
Des bâches (insuffisantes) pour limiter leur croissance ; un fauchage intensif (six à huit fois au lieu de deux) qui gêne les usagers, gourmand en temps et en carburant… Et une politique zéro produits phytosanitaires. Contre l’invasive Renouée du Japon, la DIR ne trouvait pas ses armes. Ce pourrait enfin être le cas, si cette première expérience d’écopâturage avec les Biquettes de l’espoir s’avère concluante. Sur le papier, c’est déjà gagné : pas de risque d’exporter la plante ni de pollution, économies de temps et d’énergie, retour de la flore locale… Les caprins ont tout pour eux, abonde Michael Langlet, responsable de ce district de la DIR.
D’autre part, l’atelier chantier d’insertion sollicité, celui de l’association Espoir, offre une belle première marche vers l’emploi à quatorze personnes. Depuis 2015, grâce à ce support d’insertion, quinze bénéficiaires ont retrouvé un emploi et douze ont poursuivi en formation.
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