Depuis 2003, un observatoire des hirondelles enregistre chaque année les variations de population d’hirondelles rustiques et de fenêtre dans la plaine de la Scarpe et de l’Escaut. Ce travail est fait par Christophe Ancelet, du groupe ornithologique et naturaliste du Nord, travaillant au parc régional.
L’Amandinois mangé par les moustiques… C’était dans notre dernière édition. Mais quid des prédateurs ? Parmi eux, l’hirondelle est l’un des principaux dévoreurs d’insectes volants. Or, rares sont ceux qui peuvent encore se réjouir d’avoir une nichée d’hirondelles de fenêtre ou d’Hirundo rustica, à l’intérieur d’un bâtiment. C’est en partant de ce constat que Christophe Ancelet a eu l’idée de créer un observatoire. Il s’est appuyé sur le Parc Scarpe-Escaut et ses exploitants agricoles pour démarrer le comptage.
La méthode
L’étude couvre les 60 communes du PNR soit 480 km². L’ensemble des agriculteurs du territoire est interrogé sur la présence ou non d’hirondelles dans les exploitations. Sur les 570 questionnaires envoyés en 2015, l’observatoire a rentré 188 participants. Si le nombre de fermes en activité ne cesse de baisser, les particuliers qui s’impliquent dans ce comptage eux, sont en augmentation constante depuis le lancement de l’observatoire. Il est passé de 1 à 30 en 13 ans. Christophe Ancelet leur demande à tous de communiquer le nombre de nids occupés par les hirondelles rustiques et par celle dites de fenêtre. Ils doivent également préciser si les conditions d’accueil ont changé d’une année sur l’autre : bâtiments fermés ou démolis, etc.
L’occupation
Elle varie bien sûr : en 2006 par exemple, les chiffres avaient connu un bond en avant. Sur une base 100 en 2003, ils avaient grimpé à 132,67 pour la rustique et à 139,83 pour celle de fenêtre. Une bonne nouvelle confirmée en 2007, avant d’entamer une descente à peine contrariée par l’année 2010.
Dans l’ensemble donc, les hirondelles disparaissent, un constat qui s’applique à toute la France. D’ailleurs, les courbes du programme national Stoc et celle de l’observatoire local ont une évolution semblable, ce qui confirme les données recueillies par Christophe Ancelet. Entre 2003 et 2015, le nombre d’hirondelles rustiques a chuté de 5,4 % et celui des Delichon urbica de 39 %.
En chiffres
18 grammes : le poids moyen d’une hirondelle de fenêtre. La rustique peut atteindre les 25 grammes.
26 à 29 cm d’envergure pour la première citée ; 32 à 34 cm pour la seconde.
2 à 4 ans : la longévité moyenne de l’oiseau. Elle est courte en raison des risques liés à la migration. Une hirondelle de 15 ans avait été suivie et étudiée en Angleterre.
– 42 % : c’est le déclin de l’hirondelle rustique en France depuis 1989.
Depuis 2001, ce chiffre s’est modéré : – 31 %. Mais sur les 10 dernières années, il est tout de même de – 41 %.
– 39 % : c’est le déclin de l’hirondelle de fenêtre, avec des tendances identiques : – 28 % depuis 2001 mais – 33 % depuis 2005. 2002 avait été l’année la plus basse en nombre d’hirondelles comptabilisées depuis l’après-guerre.
89,44 en 2015 : l’indice de variation des effectifs de l’hirundo rustica par rapport à une base 100 en 2003
56,24 ce même indice pour les hirondelles de fenêtre, toujours par rapport à une base 100 en 2003.
9,5 % des réponses venaient de particuliers en 2008, contre 16 % en 2015.
Nourriture et migrations en cause
Déjà en 2002, Christophe Ancelet avait été frappé par la disparition de ces messagères du printemps considérées comme des porte-bonheur. Elles ne sont pas les seules à périr d’ailleurs dans les campagnes. Le moineau y est de moins en moins présent, pour les mêmes raisons en grande partie.
« C’est essentiellement dû à l’appauvrissement du milieu » résume la cheville ouvrière de l’observatoire des hirondelles. Les pesticides d’abord tuent les insectes dont elles se nourrissent.
Par ailleurs la suppression des bois et du bocage engendre aussi une diminution des insectes.
« En dehors de la ceinture verte des villages, c’est pauvre » constate l’ornithologue qui invite les particuliers à faire des jardins, planter des vergers et à bannir les pesticides de leur environnement. Il propose même « de ne pas faire trop propre » ou du moins « de laisser une zone de friche non tondue jusqu’à la fin du mois d’août ».
C’est la diversité qui fait la nature.
Bien sûr, la migration vers l‘Afrique centrale a un rôle dans la mortalité des hirondelles. « Si on a une année sèche au Sahel, c’est plus dur pour elles. », Et chez nous, les conditions météo jouent sur la santé des parents et de leurs petits : « Cette année n’est pas terrible. Il y a eu beaucoup de pluie et donc moins d’insectes. » Les parents ont plus de mal à nourrir leurs jeunes, par ailleurs plus sensibles au froid… Le comptage nous dira.
La Voix du Nord 26/07/2016
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