jeudi 30 juin 2016

L'association Zero Waste lance son premier festival anti-gaspillage

Issue du mouvement zéro déchet, l'association inaugure la première édition de son festival ce week-end à Paris. A la veille de l’interdiction des sacs plastique de caisse à usage unique, parler “poubelles” n'a jamais été aussi pertinent.


Connaissez-vous le « Zero waste » ? Apparu en Californie dans les années 1980, ce mouvement fleurit aujourd’hui à travers le monde. Ses adeptes ? Des citoyens, engagés sur la voie du « zéro déchet » et « zéro gaspi », armés de lombricomposteurs, de sacs en tissu, et refusant l’hyperconsommation et le suremballé. Mais aussi des entrepreneurs et des collectivités, comme San Francisco, ville pionnière qui recycle ses déchets à 80 %, ou la province italienne de Trévise.

En France aussi, le « zero waste » a la cote et a même droit à son premier festival, au Cabaret Sauvage, à la Villette, du 30 juin au 2 juillet, avec rencontres (Béa Johnson, auteure de Zéro déchet, Cyril Dion, réalisateur de Demain, Philippe Bihouix, auteur de L’Age des Low Techs…), ateliers de réparation de portables ou de fabrication de lessives et cosmétiques maison, et visite d’un « appartement témoin » zero waste. Preuve que l’aspiration au minimalisme résonne de plus en plus avec l’époque, qu’il s’agisse de faire des économies, d’agir pour l’environnement et/ou de reprendre la maîtrise sur son mode de vie. Explications avec Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste France, organisatrice du festival.

Qu’est-ce que le mouvement Zero Waste ?

Ce sont des personnes qui s’engagent dans une démarche de zéro déchet / zéro gaspillage, que ce soit à titre individuel ou collectif. En France, ce mouvement, qui est issu du Centre national d’information indépendante sur les déchets (le Cniid), a été rebaptisé Zero Waste en 2014. A la fois parce que c’est un nom plus facile à retenir mais surtout parce que le terme anglais a deux significations : déchet et gaspillage. Et ces deux dimensions sont indissociables.
Il y a trois types d’acteurs : les individus qui choisissent des modes de vie zéro déchet ; les collectivités qui initient des politiques zéro déchet ; et les entrepreneurs qui créent des alternatives de consommation et de nouveaux services. Il y a par exemple un essor incroyable de la vente en vrac dans toute la France, ainsi que des services de réparation, de location de matériel ou de reconditionnement. Nous les accompagnons face aux questions juridiques et afin qu’ils mutualisent leurs expériences.

“Un public beaucoup plus diversifié qu'on pourrait le penser”

Quelle est l’ampleur de ce mouvement en France ?
Il y a encore deux ans, il n’y avait quasiment rien en dehors des cercles de militants écolos convaincus. Aujourd’hui, les initiatives foisonnent. Dans le cas des citoyens, il y a eu un « phénomène » Bea Johnson, auteure du best-seller Zero déchet (100 000 exemplaires vendus en France !) et du blog ZeroWasteHome. Des dizaines de milliers de gens se sont fixé un défi « zéro déchet », en essayant de mettre en oeuvre ses conseils.
On compte une bonne vingtaine de bloggers francophones « zéro déchet » et plus d’une centaine de collectifs qui échangent leurs expériences, leurs pratiques sur les réseaux sociaux. Le phénomène touche aujourd’hui un public beaucoup plus diversifié qu’on pourrait le penser, et pas uniquement les milieux favorisés, consommateurs habituels de bio.
Autre caractéristique notable, il s’agit d’un public très féminin, sans doute parce que les thématiques ayant trait à la sphère domestique sont encore très - trop ! - souvent considérées comme « féminines ». Ce qui change quand on passe aux collectivités ou aux entrepreneurs…


Parler « poubelles » n’est, a priori, pas très attractif. Comment expliquez-vous cet engouement ?

Les gens qui se lancent dans le zéro déchet ne le font pas forcément à partir de motivations environnementales, mais très souvent pour des raisons financières - ils se rendent compte qu’à la fin du mois, çà leur a permis d’économiser 100 à 150 euros. Il y a aussi un aspect ludique, certains voient l’objectif du zero waste comme un jeu, un défi.
D’autres encore le font par bon sens, tout simplement. Ils ont fini par être dégoûtés du gaspillage, et s’inscrivent dans l’inspiration du minimalisme - plus on s’allège, plus on simplifie son quotidien et son équipement, mieux on vit.

“Echapper au sentiment d'impuissance”

Tout cela se croise également avec la recherche d’un mode de consommation plus sain, dans la même veine que la fabrication-maison de produits d’entretien ou cosmétiques : parfois pour éviter les déchets mais surtout pour maîtriser l’accumulation de produits chimiques sur soi et chez soi. Et puis, face à la crise climatique, c’est une façon d’échapper au sentiment d’impuissance qui nous paralyse si souvent, car le zero waste offre une façon concrète d’agir, et d’évaluer l’impact de ses actes. On a tous une poubelle chez soi, donc on a une marge de manœuvre individuelle (et collective). Chaque petit geste est directement visible sur la quantité de déchets produits, les pollutions évitées, les ressources qu’on évite de consommer.

A quoi ressemble une vie « zéro déchet »?

 C’est un mode de vie qui tend à diminuer le nombre de déchets, un quotidien où l’on se débarrasse des réflexes de l’hyperconsommation, sachant que le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. On ne vise pas forcément le zéro, il s’agit plus d’une direction que d’un but en soi, et c’est facile ! On réduit sa quantité de déchets, avec une poubelle tous les trois ou six mois, au lieu de plusieurs poubelles par semaine. Les actions « incontournables » consistent à composter ses déchets organiques, qu’on vive en maison individuelle ou en appartement - les derniers modèles de lombricomposteur sont sans odeur et sans fuite ! -, mais aussi à faire le maximum de ses achats en vrac, en se tournant vers les boutiques de vrac, en allant au marché et en refusant tout sac plastique ou papier.
Viennent ensuite d’autres choix, comme celui de fabriquer soi-même ses cosmétiques ou ses produits d’entretien. On utilise quelques produits de base, à partir desquels on fabrique ce dont on a besoin. Du coup, on réduit les budgets, et on évite beaucoup d’emballages.

“Louer, emprunter, échanger plutôt que d'acheter”

Quant aux vêtements, on choisit d’avoir recours en priorité à l’occasion plutôt qu’au neuf. On privilégie la récup, les vide-dressings, on essaye de réparer - la réparation, ce n’est pas que pour l’électro-ménager, même si on a perdu l’habitude de le faire pour les vêtements… Même logique pour les objets : on loue, on emprunte, on échange, plutôt que de s’équiper en pierrades, barbecues, appareils à raclette ou perceuses… Des dizaines de plateformes de location entre particuliers permettent aujourd’hui de trouver tout ce dont on a besoin, généralement à proximité de chez soi, en tout cas en ville.

Cela dit, quand on pense recyclage et économie circulaire, on pense plus à l’Europe du Nord ou San Francisco qu’à la France...

Mais c’est très trompeur : les pays du nord ont certes de bons tons de recyclage, mais en termes de quantités absolues de déchets produits, ils sont plutôt au dessus de nous ! Le Danemark, qui a la réputation d’être un pays exemplaire en termes environnementaux, est le pays européen qui incinère le plus grand taux de déchets. Hormis la région des Flandres, vraiment en pointe sur le sujet, les meilleurs exemples se trouvent en Italie. Dans des petites villes comme Capannori, ou des collectivités bien plus importantes telle la province de Trévise, qui compte 550 000 habitants et enregistre aujourd’hui les meilleures performances : 53 kilos d’ordures ménagères par an et par habitant, alors que nous en sommes encore à 350 kilos à Paris.


Quant à San Francisco, ils ont effectivement de très bons taux de tri (80% de déchets recyclés) par rapport au reste des Etats-Unis où, rappelons-le, la quantité de déchets produits est deux fois supérieure à l’Europe... Ils ont atteint une excellence rarement égalée en termes de compostage à grande échelle, avec des mélanges de compost «sur mesure» pour les agriculteurs de la plaine californienne. Mais ils ne sont pas aussi avancés que certaines collectivités en Europe pour la réduction des déchets à la source.

“Notre marge de manœuvre est considérable”

Très souvent, les élus français avec lesquels nous discutons se focalisent sur le zéro et nous disent que c’est un objectif irréaliste, que les gens ne sont pas prêts à modifier leurs comportements. Mais nous observons l’inverse. Et surtout, notre marge de manœuvre est considérable, il est possible d’aller très loin comme le prouve l’exemple de Trévise, qui n’a d’ailleurs pas l’intention de s’arrêter là, puisque leur plan d’action prévoit de descendre à 10 kilos annuels. Si l’on arrivait au niveau de Trévise, cela changerait complètement le paysage français, on s’économiserait des taxes et une quantité de pollution extraordinaire.
La France compte 250 décharges, 110 incinérateurs. Et encore il ne s’agit que des décharges d’ordures individuelles. Mais en dehors de quelques exemples français, comme la ville de Roubaix, les collectivités avancent encore très lentement, contrairement à ce que nous observons chez les citoyens et les entrepreneurs, où l’offre et la demande de modes de consommation alternatifs se nourrissent l’une l’autre.

Et vous-même, pourquoi vous êtes-vous engagée en faveur de la vie zéro déchets ?

Au départ, par intérêt pour les thématiques environnementales. Puis j’ai découvert une problématique à la fois très précise, voire technique, ET extrêmement vaste, qui croise des aspects politiques, économiques, sociaux… Le zéro déchet est indissociable du zéro gaspillage, et c’est un enjeu bien plus large.
Car derrière chaque déchet qu’on met dans notre poubelle, il y a une quantité énorme de ressources - eau, énergie, matières premières...- qui ont été consommées dans les processus de production, sans parler de la pollution de notre environnement et des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi nous travaillons de plus en plus en amont. Dans les faits, l’essentiel de nos déchets n’est pas retraité. Une tonne de déchets incinérés produit 350 kilos de mâchefer, 50 kilos de déchets hautement toxiques, et des dioxines qui s’échappent dans l’atmosphère. Une poubelle qui part en incinérateur émet du CO2, et si elle est enfouie en décharge, elle émet du méthane, un gaz encore plus puissant que le CO2. Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit : agir à la source, faire durer nos biens est bien plus pertinent.

Et vous avez atteint le zéro déchet ?

J’ai un lombricomposteur chez moi, j’achète mes produits en vrac au marché, je vais extrêmement rarement au supermarché. Mais non, je ne pèse pas ma poubelle, et je ne cherche pas le zéro absolu !

A voir Festival Zero Waste, au Cabaret Sauvage, La Villette, Paris, du 30 juin au 2 juillet.
A lire Le scénario Zero Waste, Rue de l'Echiquier, 8€ Sortir écologie recyclage

A lire dans Télérama

Nucléaire : Xavier Bertrand favorable à «l’installation d’un nouvel EPR» dans les Hauts-de-France

Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, s’est déclaré favorable mercredi à l’implantation d’une future centrale nucléaire de type EPR sur son territoire en cas de nouvelle construction en France.


«La région sera un territoire candidat. Il n’y a pas beaucoup de régions qui font ce type de déclaration, je le fais pour la région Hauts-de-France», a-t-il déclaré à nos confrères du Courrier picard en marge d’une conférence de presse à Amiens sur la Troisième révolution industrielle, aux côtés de l’économiste Jeremy Rifkin.
Selon M. Bertrand, le nucléaire serait ainsi pourvoyeur d’emplois et favoriserait «l’indépendance énergétique».
«Mais en plus, c’est une facture qui reste basse pour les entreprises, comme pour les particuliers. Oui, je souhaite un EPR dans la région. Parce que je me projette au-delà des 5 ou 10 ans qui viennent», a-t-il ajouté.
Le 17 juin, il avait déjà formulé cette demande devant des salariés de la centrale de Bouchain. 

Défavorable à l’éolien
Cette prise de position publique est intervenue mercredi suite à une question sur le développement de l’éolien dans sa région, qu’il considère toujours avec beaucoup de circonspection.
«Chaque fois qu’il y aura un projet, la région sera défavorable. Parce qu’il n’y a pas les myriades d’emplois qu’on nous promet derrière. Et je ne parle même pas des questions environnementales. Et je suis contre la fragilisation du nucléaire. (...) Je ne suis toujours pas un fana de l’énergie éolienne et je ne le deviendrai pas», a-t-il ajouté.
Outre la centrale de Bouchain, la région Hauts-de-France accueille déjà la plus puissante centrale nucléaire d’Europe de l’ouest à Gravelines.

L’énergie nucléaire, qui représente 75% de la production d’électricité en France, est régulièrement pointée du doigt pour la gestion de ses déchets mais aussi les coûts croissants de ses centrales et de leur démantèlement.
L’EPR de Flamanville (Manche), toujours en construction comme trois autres centrales dans le monde (en Finlande et deux en Chine), cumule au moins six ans de retard et son coût a déjà triplé à 10,5 milliards d’euros, après de nombreux déboires depuis son lancement en 2007.

Xavier Bertrand veut une centrale nucléaire en Hauts-de-France

Le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s'est dit favorable ce mercredi à l'implantation d'une centrale de type EPR dans les Hauts-de-France.


Petite phrase pas anodine ce 29 juin 2016 à Amiens. Au cours d'une conférence de presse en présence du prospectiviste Jeremy Rifkin. Elle déclaration prolonge celle faite à Bouchain dans le Nord, le 17 juin dernier. Il inaugurait alors une centrale à cycle combiné au gaz naturel.
« J'ai indiqué à Bouchain que la région serait candidate le jour où il y aurait l'installation d'un nouvel EPR en France, après Flamanville. La région sera un territoire candidat », a-t-il martelé avant d'ajouter : « Il n'y a pas beaucoup de régions qui font ce type de déclaration, je le fais pour la région Hauts-de-France. Très clairement. Parce que là au moins, il y a des emplois. Et non seulement c'est de l'indépendance énergétique, mais en plus c'est une facture qui reste basse pour les entreprises, comme pour les particuliers. Oui je souhaite un EPR dans la région. Parce que je me projette au-delà des 5 ou 10 ans qui viennent. »

Non à l'éolien
Cette prise de position est intervenue suite à une question sur le développement de l'éolien. Un domaine que le président de région considère toujours avec beaucoup de circonspection. « Chaque fois qu'il y aura un projet, la région sera défavorable. Parce qu'il n'y a pas les myriades d'emplois qu'on nous promet derrière. Et je ne parle même pas des questions environnementales. Et je suis contre la fragilisation du nucléaire. (...) Je ne suis toujours pas un fana de l'énergie éolinenne et je ne le deviendrai pas.»
Outre la création d'emplois, les coûts et l'indépendance énergétique, la vision pro nucléaire peut se parer d'un autre argument : l'absence de rejets de CO2. Il n'empêche, l'annonce de Xavier Bertrand sonnait bizarrement en présence de Jeremy Rifkin. Car ce dernier n'est pas connu pour être un chantre du nucléaire. En témoigne l'interview donnée à Terre.TV. Une petite leçon de choses où, au passage, sa vision de la France est à certains moments surprenante. Au-delà, c'est toute la question de savoir ce qu'est une énergie propre qui est posée.

Réaction timide de France Energie Eolienne
En cette fin de journée, France Energie Eolienne déclare dans un communiqué semblant répondre à Xavier Bertrand : « La profession éolienne partage la vision développée par Jeremy Rifkin pour des territoires alimentés par une production 100% renouvelable et locale en 2050. France Energie Eolienne souhaite beaucoup de succès à la Troisième Révolution Industrielle et rappelle que les énergies renouvelables sont des énergies compétitives fortement génératrices d’emplois locaux. »

dimanche 26 juin 2016

« Le fond de l’affaire de Notre-Dame-des-Landes, c’est des gens qui veulent se faire du pognon »

Ce dimanche 26 juin doit se tenir, en Loire-Atlantique, la consultation sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, ce processus, en apparence respectueux de la parole des citoyens, n’est mis en place que pour les manipuler, explique Françoise Verchère à Reporterre.



Notre-Dame-des-Landes est un site écologique unique. Regardez cette vidéo.

Ce court documentaire présente les spécificités de la biodiversité exceptionnelle de la zone humide de Notre-Dame-des-Landes à travers les témoignages de plusieurs opposants. De splendides images accompagnent cet argumentaire environnemental en faveur de la préservation du site.


Reporterre le 25/06/2016.


Avant Notre-Dame-des-Landes, le fiasco du référendum sur la gare de Stuttgart
Reporterre 21 juin 2016

Fondation Nicolas Hulot

Valenciennes : la cyclabilité ou comment utiliser les meilleurs parcours à vélo

L’ADAV a mis en place deux cartes participatives qui ont pour objectifs, de mieux représenter les routes déconseillées ou praticables à vélo pour l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais.


Cette évaluation est réalisée par les cyclistes en fonction de leurs propres expériences. Pour ce service, lancé voilà six mois, l’association a déjà enregistrée 220 inscriptions qui apportent un jugement sur les routes de la région. Facile d’analyse et sur une échelle de 1 à 5 la cartographie représente en rouge les itinéraires les plus déconseillés pour arriver au vert le top du praticable. Avec un objectif à très court terme de proposer un calcul d’itinéraire, le système apporte déjà une vue précise par une simple visualisation de la cartographie.

Pour apporter ses connaissances et enrichir la représentation il suffit de s’inscrire gratuitement sur le site cyclabilite.droitauvelo.org ou en se rapprochant du responsable de l’ADAV du valenciennois Mahias Vado au 03 62 27 51 86 ; mathias.vado@droitauvelo.org

Coulées de boues: les écologistes amandinois accusent l’agriculture intensive

Un vrai sujet d’actu. Si à Lecelles, c’est l’Elnon qui a débordé, à Wavrechain-sous-Faulx, ce sont bien des coulées de boues en provenance des terres voisines qui ont été constatées. Pour le Groupe écologiste et citoyen de l’Amandinois, la responsabilité en incombe aussi à l’agro-industrie, qui dénature la nature même du sol.


Pas banal, d’assister en pleine conférence de presse, à un petit atelier de chimie. C’est pourtant ce qu’ont proposé à la presse, cette semaine, Jean-Claude Brunebarbe et Marielle Cuvelier, pour le Groupe écologiste et citoyen de l’Amandinois. Deux militants verts chevronnés, déjà candidats aux élections, ex-conseillère régionale même pour la deuxième, à qui il ne manquait que la blouse blanche. Jean-Claude Brunebarbe a présenté deux carottes de terre prélevées dans l’Amandinois, à quelques mètres seulement d’intervalle. Le premier provient d’un champ cultivé, le second d’une zone laissée à l’état naturel.


Plongées dans l’eau, elles ne réagissent pas de la même manière. La motte « cultivée » se transforme en soupe, avec un dépôt important. La motte naturelle reste compacte, et l’eau... reste claire.


Conclusion de l’expérience, impressionnante. D’accord, il y a les pluies record de ce printemps, la probabilité plus grande de phénomènes météos violents (due au réchauffement climatique ?). D’accord, il y a le bitume qui progresse sur les anciennes terres agricoles. Mais il y a aussi un phénomène moins visible, et plus pernicieux. Le groupement accuse : le traitement intensif des sols pour l’agro-industrie change la composition même de la terre. Jean-Claude Brunebarbe s’appuie entre autres sur les travaux de Claude Bourguignon, ex-ingénieur agronome. « L’introduction massive des engrais bouleverse le sol biologique, affecte champignons et vers, transforme le rapport entre argile et humus. S’en suit la transformation chimique de la terre, puis physique ». Résultat : les sols partent avec la pluie alors qu’un sol naturel « peut absorber 80 mm de pluie par heure ». Bonjour... les coulées de boue.
Visées aussi, les opérations de drainage qui ont toujours la cote, « alors que les zones humides stockent l’eau ». (voir ci-contre). Pour autant, les militants du groupement n’ont pas demandé la guillotine pour les exploitants agricoles. Plutôt considérés comme les premières victimes de la puissante industrie agro-alimentaire. Les solutions ? Elles passent par un reformatage des aides européennes pour privilégier le bio, par une vraie application des directives de l’Union quant à la protection de l’environnement. Et par « plus de dialogue » citoyen avec les exploitants. Pour le Groupement, le lieu de ce dialogue est tout trouvé. Le Parc régional Scarpe-Escaut, appelé à prendre toutes ses responsabilités.

samedi 25 juin 2016

Biodiversité : une loi verte ternie par les lobbys

Les associations environnementales espéraient « une loi historique ». Ce devait être, quarante ans après la loi de 1976 sur la protection de la nature, le premier texte d’envergure en faveur d’une biodiversité en péril. Las, le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, tel qu’il a été voté par les députés, jeudi 23 juin, et qu’il demeurera vraisemblablement lors de sa lecture finale programmée le 18 juillet, ne tient pas toutes ses promesses.
Annoncé voilà quatre ans déjà par François Hollande, et déposé en mars 2014, ce projet de loi, doté de plus de 70 articles, aura connu un parcours aussi long que chaotique, le Sénat s’employant, à chaque étape de la navette parlementaire, à détricoter la trame tissée par l’Assemblée.
Au-delà du fossé habituel entre majorité et opposition, les débats auront été marqués par l’influence omniprésente, dans les deux chambres, des puissants lobbys des chasseurs, des tenants de l’agriculture intensive et des industriels de l’agrochimie. Et, sur certains dossiers comme les néonicotinoïdes, par des discordances au sein même du gouvernement, entre le ministère de l’environnement et celui de l’agriculture. Avec, pour résultat, une loi d’un vert passablement terni.


Agence pour la biodiversité et préjudice écologique
Au final, si la secrétaire d’Etat à la biodiversité, Barbara Pompili, se félicite d’une « version ambitieuse », la réalité est pourtant plus contrastée. Certes, des avancées réelles ont été enregistrées.
Ainsi de la création, prévue début 2017, d’une Agence française pour la biodiversité (AFB), destinée à coordonner les politiques en faveur des milieux naturels en regroupant quatre structures : l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France.
Toutefois, cet ensemble souffre de l’absence de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, ainsi que de l’Office national des forêts. Et l’AFB n’est pas encore assurée de disposer de tous les moyens humains et financiers nécessaires à ses missions. Autre progrès important, l’inscription dans le code civil du préjudice écologique. Il impose, en cas d’atteinte à l’environnement, une remise en état du milieu dégradé par celui qui en est jugé responsable ou, à défaut, le paiement de dommages et intérêts, selon le principe du pollueur-payeur.
Au titre des acquis, on retiendra aussi le principe fondamental de non-régression du droit de l’environnement. Il pose que « la protection de l’environnement (…) ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment ».
Parmi les autres mesures adoptées, on trouve, pèle-mêle, la ratification du protocole international de Nagoya, qui réglemente l’accès aux ressources génétiques naturelles et le partage de leur utilisation, la création de zones de conservation halieutiques et d’espaces de continuités écologiques ou encore l’interdiction, plus anecdotique, des cotons-tiges en plastique à compter du 1er janvier 2020.

Recul sur les néonicotinoïdes…
Le bilan est plus nuancé sur le dossier emblématique des néonicotinoïdes, ces insecticides reconnus nocifs pour les pollinisateurs domestiques comme sauvages. Les députés, après d’âpres batailles dans et en dehors de l’hémicycle, ont finalement voté une interdiction en deux temps de ces substances : à partir du 1er septembre 2018 sur l’ensemble des cultures, mais avec des dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020.
Une mesure qui a déçu associations et certains parlementaires. « Cet amendement introduit une dérogation de portée générale, qui n’est pas limitée aux seuls cas de dangers graves pour les cultures et d’absence d’alternative. Cela repousse en pratique l’interdiction à 2020, ce qui n’est pas acceptable », dénonce Delphine Batho, députée (Parti socialiste, Deux-Sèvres), à la pointe du combat contre les néonicotinoïdes.

… et renoncement sur l’huile de palme
Le 22 juin, l’Assemblée a également renoncé à la taxe additionnelle sur l’huile de palme, dite « taxe Nutella ». Celle-ci était destinée à mettre fin à la niche fiscale dont bénéficie aujourd’hui cette huile, moins taxée que le tournesol ou le colza, alors que sa production provoque une déforestation à grande échelle.
En seconde lecture, les députés avaient décidé de la surtaxer à hauteur de 30 euros par tonne en 2017, avec une progression jusqu’à 90 euros en 2020. Ce qui avait suscité la protestation des deux principaux producteurs mondiaux, l’Indonésie et la Malaisie, ainsi que de l’industrie agroalimentaire.
En lieu et place de cette taxe, les députés ont adopté un amendement qui prévoit de revoir d’ici à six mois « le dispositif actuel de taxation des huiles alimentaires, afin notamment de (…) favoriser les productions dont la durabilité fait l’objet de critères objectifs ». La secrétaire d’Etat à la biodiversité promet donc que ce n’est que partie remise.

En définitive, hommes, animaux, plantes et milieux naturels se porteront incontestablement mieux avec cette loi. Mais elle n’est pas aussi verte que l’aurait exigé le déclin d’une biodiversité pour laquelle tous les signaux sont au rouge.

Le Monde 23 juin 2016

dimanche 19 juin 2016

Gaz de mine, gaz de couche : conflit dans le sous-sol minier du Nord - Pas-de-Calais

Le sous-sol et ses réserves en énergie n’en finissent plus d’attiser les convoitises et les méfiances. Aujourd’hui, les écologistes pointent du doigt la Française de l’énergie qui débarque en Bourse. Mais qu’en est-il réellement ?


Pourquoi l’entrée en Bourse de la Française de l’énergie inquiète-t-elle les écolos ?
Ce sont Dominique Plancke, pour les Verts, Christine Poilly et Pierre Rose, membres du collectif Houille-ouille-ouille-5962, qui tirent la sonnette d’alarme : la Française de l’énergie, un des leaders français dans l’évaluation et l’exploration des ressources gazières, entre en Bourse avec l’ambition de lever 70 M€.
Pour les écologistes, il est clair que cette société lorraine veut avoir les moyens d’exploiter le sous-sol du Nord et notamment le gaz de couche. Au passage, cela lui permettrait « d’absorber Gazonor (ex-filiale de Charbonnages de France) » qui détient les titres miniers qui permettent d’exploiter et d’explorer les gisements (même éventuels) de la région.

Où en sont les sites de la région ?
Actuellement, deux sites sont exploités et produisent du gaz de mine (qui, lui, ne pose pas de problèmes) : ceux de Lourches, dans le Valenciennois, et de Divion-Avion, dans l’ex-bassin minier. Par ailleurs, deux permis d’exploration (seulement) ont été accordés à Gazonor pour le gaz de mine et de couche, dans le Valenciennois, mais aussi pour la région dans son ensemble. Selon la préfecture, les ressources en gaz de couche « équivaudraient à douze années de consommation de gaz en Nord - Pas-de-Calais ». Tout en ajoutant : « Il s’agit d’estimations qui devront être vérifiées par des forages d’exploration et des tests de production. »
On imagine aisément l’attrait que représentent ces gisements. Alors que Dominique Plancke, pour les écolos, oppose une tout autre vision : « La page du charbon est tournée, on en voit encore les conséquences sur l’environnement. Il faut arrêter, pour des raisons financières, d’épuiser la moindre ressource du sous-sol. C’est vraiment de l’acharnement. »

Mais il est où, le problème ?
Le problème, si l’on peut dire, est la menace d’une éventuelle mise en place de la fracturation hydraulique pour l’instant interdite par une loi du 13 juillet 2011. Pour Dominique Plancke, il n’y aurait pas, pour l’exploitant, d’autre solution que la fracturation qui pourrait d’ailleurs un jour revenir dans le débat (certains élus, de droite comme de gauche, y pensent en tout cas). « Et même sans fracturation, il y aurait beaucoup de dégâts en exploitant le gaz de couche », souligne Christine Poilly.
Sans compter que pour Pierre Rose, ce serait aussi à terme la porte ouverte pour « l’exploitation du gaz de schiste », avec dans tous les cas des menaces sur les ressources en eau. Une vision que conteste la préfecture, soulignant – toujours en absence de fracturation hydraulique – « un impact a priori similaire à celui des autres types d’hydrocarbures conventionnels » sur l’environnement.


Divion-Avion et Lourches : pas de projets avant deux - trois ans
À propos des deux sites régionaux susceptibles de voir le gaz de couche exploité, Nicolas Ricquart, directeur de Gazonor, apporte la même réponse : « Nous n’avons pas de projets dans la région dans les deux - trois ans. » Reste à savoir comment tout cela évoluera en fonction des rapports avec la Française de l’Énergie.


Pour les écolos, le doute n’est pas permis, d’autant que des forages ont démarré en Lorraine pour exploiter justement le gaz de couche avec de maigres résultats, faute justement de pouvoir utiliser la fracturation hydraulique. « Rien qui soit économiquement exploitable », résume Dominique Plancke. Ce qui incite d’ailleurs le collectif Houille-ouille-ouille à appeler à une manifestation en Lorraine du 19 au 21 août pour « enterrer le gaz de couche et le gaz de schiste ».
Pour ce dernier, la France n’est jamais à un paradoxe près, car si le pays n’en produit pas, il en accueille avec l’arrivée annoncée à Dunkerque de gaz de schiste américain. Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, a annoncé vouloir examiner la manière dont il serait possible, à terme, d’interdire l’importation de ce type de gaz.

Pour s’y retrouver
- Le gaz de mine, exploité depuis 1992 dans la région, est du gaz présent dans les anciennes galeries des mines. Il est exploité par simple captage.
- Le gaz de couche est encore piégé dans les veines de charbon vierges. Il n’est pas encore exploité dans la région. Certains pensent qu’il faut en passer par la fracturation hydraulique, d’autres pas.
- Le gaz de schiste est du gaz contenu dans une roche qui présente un aspect feuilleté. La technique d’exploitation passe forcément par la fracturation hydraulique (interdite à ce jour).

samedi 18 juin 2016

Un Œil sur la planète. Le monde de demain

Depuis des décennies, la crise est là et chacun sent confusément être arrivé au bout d’un système. Le chômage ne cesse d’augmenter, la nature de se dégrader et les rapports sociaux de se tendre. L’obsession de la croissance comme seul vecteur de développement se révèle une impasse. Les frustrations engendrées par une société inégalitaire entraînent de plus en plus de violence. Et si nous faisions autrement ?


Douchy-les-Mines : les chemins verts confiés au collectif Les Saprophytes

Du 25 au 29 juillet, un chantier impliquera tous les habitants qui le souhaitent dans la rénovation et l’aménagement d’espaces verts et de chemins piétonniers. Attention : des artistes sont aux manettes.


Mathilde Trioux, chef de projet à la politique de la ville, et Alexandra Pulliat, adjointe à la démocratie participative, avaient invité la population à participer à une réunion d’information, dirigée par Véronique Skorupinski et Mélia Delplanque, diplômées de l’École nationale supérieure d’architecture et du paysage de Lille et membres du collectif Les Saprophytes.


Rendez-vous était fixé mercredi soir rue Balzac, près du boulodrome, dans le but de rejoindre le beffroi à pied et de lister les endroits où l’association pourrait intervenir. Première constatation dans cette allée : le non-élagage des haies des habitants, qu’ils soient locataires ou propriétaires. Le collectif et les personnes décidées à le rejoindre se sont dits prêts à participer à une taille dite « citoyenne », à la condition d’être aidés par les résidents.


Pour le reste, comme le budget n’est pas énorme (10 000 € financés pour moitié par la municipalité et pour l’autre moitié par le fonds de travaux urbains), seuls de petits aménagements sont envisagés : signalétique, dessins au sol, « Incroyables comestibles » (1), parcours de jeux, etc. Pour les deux architectes, l’objectif est de réaliser tout ça avec un maximum de gens. La signalétique va permettre de valoriser tous les chemins piétonniers. Véronique Skorupinski a indiqué qu’elle avait discuté avec la directrice de l’école Ferry sur la possibilité de créer un pédibus. Les enfants se retrouveraient à un endroit précis et seraient accompagnés par des parents afin de rejoindre à pied leur école.


« Toutes ces transformations changent quoi concrètement ? », s’est interrogée une des personnes présentes. « On ne peut pas garantir que notre travail et le vôtre vont tout révolutionner, lui ont répondu les Saprophytes. Mais c’est important d’emmener les gens dans un projet citoyen. Le chantier est long et par expérience, nous savons qu’au fur et à mesure, des habitants viennent nous rencontrer et quelques-uns finissent par nous rejoindre. Car le plus souvent, ils ne savent pas quoi faire tout seuls. »


Contacts : mtrioux@agglo-porteduhainaut.fr, 03 27 22 27 36
contact@les-saprophytes.org, 03 62 65 24 79.
(1) Expérience communautaire qui consiste en la mise à disposition gratuite de petits potagers dans les villes.

vendredi 17 juin 2016

Chers colibris,

Les initiatives citoyennes continuent de pousser et dessinent l'espoir d'une société plus humaniste et écologique. Cette année, le film Demain ouvre de nouvelles voies pour beaucoup, et il est maintenant diffusable grâce au DVD.

Nous travaillons beaucoup ces jours-ci sur la finalisation de nombreux projets : Fabrique des Colibris, nouvelles formations en ligne, création d’un réseau de "compagnons oasis"... Ils porteront de beaux fruits et permettront, dans l'année particulière qui arrive, de démontrer qu'un autre projet de société est possible, à l'opposé des différentes formes d'extrêmes que nous condamnons.

Nous espérons que l'été offrira à chacun l'occasion de sortir un peu de la violence de notre société, et des mauvaises nouvelles qu'elle engendre chaque jour.

Prévoyons de nous nourrir autrement l'esprit !

Mathieu Labonne Directeur de Colibris

mercredi 15 juin 2016

Lianes coopération

Le réseau régional multi-acteurs de coopération internationale en Nord-Pas de Calais

Un espace d’échanges et de concertation



Lianes coopération anime le réseau des 2.000 acteurs de la Coopération et de la Solidarité internationale en Nord – Pas de Calais.

Le lien entre la maladie de Parkinson et les pesticides officiellement reconnu

C'est un pas de plus vers la reconnaissance des maladies professionnelles des agriculteurs. Lundi 7 mai, est entré en vigueur un décret qui reconnaît la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle et établit explicitement un lien de causalité entre cette pathologie – seconde maladie neurodégénérative en France après Alzheimer – et l'usage des pesticides.


Un pas de plus car, dans ce domaine où régnait jusqu'ici la loi du silence, la prise de conscience des effets des produits phytosanitaires sur la santé des agriculteurs commence seulement à émerger. Et à porter ses fruits. En février, la victoire d'un céréaliculteur charentais, Paul François, qui avait intenté un procès contre le géant américain Monsanto, a constitué une première en France. La firme a été jugée responsable de l'intoxication de l'agriculteur par les vapeurs d'un de ses herbicides, le Lasso – retiré du marché en 2007 en France, alors que sa dangerosité était connue depuis plus de vingt ans.

Quelques jours plus tard, ils étaient plusieurs dizaines d'exploitants à manifester au Salon de l'agriculture, devant le stand de l'Union des industriels de la protection des plantes. Leurs revendications : le classement des affections liées à l'usage des pesticides en maladies professionnelles et le retrait des produits dangereux. Le 30 avril, c'est une autre décision, celle de la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (Civi) d'Epinal, qui est venu apporter de l'eau au moulin : ce jour-là, l'Etat a été condamné à indemniser un agriculteur céréalier de Meurthe-et-Moselle souffrant d'un syndrome myéloprolifératif. D'abord reconnue comme maladie professionnelle, la pathologie est alors associée par la Civi à l'usage de produits contenant notamment du benzène.

UN DÉCRET "TRÈS ATTENDU"
Dans ce paysage qui commence doucement à évoluer, le décret concernant la reconnaissance de la maladie de Parkinson était donc "très attendu", note Guillaume Petit. L'agriculteur appartient à l'association Phyto-victimes, créée en mars 2011, et avec laquelle Paul François a, l'un des premiers, brisé le silence en attaquant Monsanto. Lui a attendu quatre ans avant de voir sa pathologie reconnue comme maladie professionnelle. "Combien voient leur demande refusée ? Combien aussi y renoncent, devant la difficulté ?", interrogeait-il lors de la création de cette association.

L'entrée de la maladie de Parkinson dans les tableaux des maladies professionnelles du régime agricole facilitera donc les démarches pour les agriculteurs chez qui cette pathologie aura été diagnostiquée moins d'un an après l'usage de pesticides – le texte ne précise pas lesquels. "C'est une reconnaissance officielle qui est, déjà, importante sur un plan symbolique, note Guillaume Petit. Mais c'est aussi le moyen, pour l'agriculteur, d'être pris en charge financièrement, en fonction de son taux d'incapacité à poursuivre son travail."

EN DIX ANS, CINQ MALADIES LIÉES AUX PESTICIDES RECONNUES
Jusqu'ici, selon Yves Cosset, médecin du travail national adjoint à la Mutuelle de la santé des agriculteurs (MSA), seuls vingt cas de maladies de Parkinson ont été rapportés aux comités de reconnaissance des maladies professionnelles en dix ans. Dix ont été acceptés, dix refusés. Dans la même période, seuls quatre ou cinq cas de maladies ont été officiellement reconnus comme causés par les pesticides.

Au total, ce sont 4 900 pathologies qui sont reconnues chaque année comme maladies professionnelles chez les agriculteurs. Mais plus de 90 % d'entre elles sont des TMS (troubles musculo-squelettiques), le reste des cas étant principalement liés aux animaux et à la poussière de bois ou d'amiante, selon Yves Cosset.

Dans les tableaux des maladies professionnelles du régime agricole, on trouve ainsi, par exemple, la maladie de Lyme – causée par les tiques –, le tétanos ou encore les hépatites. Mais aussi quelques pathologies liées aux produits phytosanitaires. Est notamment cité, depuis 1955, l'arsenic, responsable d'une large gamme d'affections – irritations, intoxications ou cancers. Ou encore le benzène, classé comme cancérogène certain, et le pentachlorophénol (PCP), interdit dans les pesticides depuis 2003. 

Mais, rappelle Yves Cosset, "ces tableaux évoluent au fur et à mesure des connaissances de la science. Or, la plupart des pathologies liées aux pesticides apparaissent de manière différée, dix, vingt, voire trente ans après le début de leur usage. Dans la médecine du travail, on a commencé à parler de l'amiante dans les années 1960, et ce produit n'a été mentionné dans ces tableaux qu'en 1998 pour les cancers. Il n'est donc pas exclu que d'autres pathologies émergent et soient reconnues dans les années à venir..."

Angela Bolis

Douchy-les-Mines : un coup de neuf pour la ruelle Cauchies, en attendant d’autres travaux ailleurs

Des travaux importants de voirie ont débutés à la ruelle Cauchies, située dans le vieux Douchy. Ceux-ci sont les premiers d’un vaste programme consacré à la voirie dans tous les secteurs de la commune, sur une période allant de 2016 à 2018.


Pour ces travaux, le conseil municipal a attribué un marché de 1 532 153,10 €, le fond de concours de la CAPH a apporté sa contribution à hauteur de 670 000 €. Les habitants de ce secteur avaient souhaité cette rénovation, et les premiers coups de pioches ont été merveilleusement accueillis. La réfection totale de la rue sera réalisée et les trottoirs et la chaussée vont faire peau neuve. Dans la foulée, la société en charge de cette réalisation va déplacer ses engins côté cité du Hainaut, rue La Fontaine où un parking va être réalisé.

La route de ces travaux va se poursuivre ensuite vers la cité Mousseron cette fois où les bordures et les trottoirs vont faire leur toilette rue Romain-Rolland, entre autres. Sont aussi concernés dans ces nouveaux quartiers, la rue Guy-Mocquet où va être réaménagé un parking, ainsi que la rue Jacques- Prévert, avec la mise en place d’une liaison piétonne avec l’avenue Boca. À suivre, donc.

lundi 13 juin 2016

Loi CAP : un boulevard pour la France moche ?

La commission mixte paritaire sauvera-t-elle les meubles ? Lors de la dernière étape d'examen parlementaire de la loi Création architecture et patrimoine, le 15 juin, députés et sénateurs auront-ils le courage de dire non à la France moche ?


Le diable est dans les détails (1). Particulièrement dans l'article 26 de la loi Création architecture et patrimoine qui passe à partir du 15 juin 2016 en phase finale devant la commission mixte paritaire. Enjeu du jour (et de l'avenir de nos paysages) : le « permis d'aménager », qui, dans la première mouture déposée par le gouvernement, préconisait « le recours obligatoire à un architecte ou un paysagiste pour tout projet de lotissement ». Elémentaire ? Pas pour tout le monde. En deuxième lecture, le 26 mai, les sénateurs ont retoqué le texte au prétexte qu'il y a plein d'autres « professionnels de l’aménagement et du cadre de vie » qui en sont capables… Le lobby des géomètres, qui depuis des décennies crache des rues « en raquette », des ronds-points inutiles et des petites parcelles toutes pareilles avec chacune sa petite maison bien posée au milieu sans souci du soleil ou de la vue, va donc pouvoir continuer ses désespérants mitages.

Coup de sang des architectes-paysagistes ! Le lendemain, à la Biennale de Venise, lors de l'inauguration du pavillon français, son commissaire, l'architecte urbaniste Frédéric Bonnet n'a pas caché sa stupéfaction. Ni son ironie : « La médiocrité a de beaux jours devant elle. Mais ce qui est bien avec l'actualité, c'est qu'on peut aujourd'hui lui donner un nom : celui des sénateurs frileux et sans vision qui n'ont pas osé prendre une décision simple de salut public. »

Rencontrée dans les allées des Giardini, Catherine Jacquot, présidente du Conseil national de l'ordre des architectes, en a remis une couche : « Comment les géomètres, qui sont des gens sérieux, peuvent-ils prétendre avoir des compétences en architecture, en paysages et en urbanisme ?! » Elle martèle, vraiment pas contente : « Voilà quarante ans qu'ils se sont assis sur ce fromage et ne veulent pas le lâcher. On peut en voir partout les ravages ! »

Dans les colonnes du Moniteur, Jean-François Dalbin, président de l'Ordre des géomètres experts a beau se dire « très attaché à l'amélioration de l'image du lotissement » et en appeler « à plus de pluridisciplinarité », il peine à convaincre. Notamment Catherine Jacquot qui le tacle sévèrement. « Je l'ai rencontré et tout ce qu'il m'a dit c'est qu'ils organisaient "des formations de quinze jours" pour sensibiliser les géomètres à ces questions d'aménagement du territoire. Quinze jours !!! Alors que nous, architectes-paysagistes qui devons être un peu bêtes, nous étudions pendant sept ans pour acquérir ces bases-là… » Le ton monte, tant pis. Car la question de la compétence est bien réelle : chacun son métier.


(1) Autre « détail » pas si anodin qu'il n'y paraît, un amendement apporté à l'article 24 de la même loi CAP veut interdire tout usage commercial de l'image des immeubles que constituent les domaines nationaux, sauf autorisation préalable. A première vue, on ne peut qu'être d'accord. En réfléchissant, on voit vite la perversion d'un texte qui peut pousser les domaines nationaux – Chambord, Versailles, etc. – au copyfraud en créant des droits privatifs sur des biens du domaine public. En clair : à faire payer ou à interdire toute représentation de leur bien sur Wikipédia, mais aussi sur les réseaux sociaux. Ma fifille qui pose dans la chaire extérieure de Ronchamp postée sur twitter ? Interdit ! Le diable se cache partout…

dimanche 5 juin 2016

À Condé-sur-l’Escaut, Chabaud-Latour va devenir une vitrine de l’écologie raisonnée

L’épilogue de discussions qui durent depuis dix ans. Ce samedi, 65 hectares du site de Chabaud-Latour, à Condé, ont été inaugurés. Ils sont désormais la propriété de la Fondation pour la protection des habitats et de la faune sauvage. Ce qui devrait pacifier les relations entre chasseurs et pêcheurs.


« Ici, vous êtes sur le site de la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage. » Le panneau, installé au bout de plusieurs chemins difficilement praticables par ce temps humide, domine l’étang de Chabaud-Latour plongé, ce samedi, dans la brume. Au loin, le regard se porte vers les huttes des chasseurs, vers les embarcations de la base de loisirs et vers les chemins de randonnée que l’on devine au milieu de la végétation...

vendredi 3 juin 2016

L’ampleur des inondations est accentuée par les mauvaises pratiques agricoles

Après plusieurs jours de pluies torrentielles, les cours d’eau débordent et les inondations se multiplient. La faute aux éléments déchaînés ? Pas seulement. Ce phénomène naturel est aggravé par des pratiques agricoles délétères pour les sols.

Ça tombe, ça tombe, ça ne s’arrête plus. En trois jours, du dimanche 29 mai au mardi 1er juin, la Picardie, le bassin parisien et le nord de la région Centre ont reçu l’équivalent de deux mois de précipitations. A Paris, la pluviométrie a battu des records : lundi et mardi, il est tombé 61,3 millimètres d’eau, autant qu’en un mois entier ! Les conséquences ne se sont pas fait attendre : le Loing et l’Yerres, deux affluents de la Seine, sont sortis de leurs lits. Le Grand et le Petit Morin, deux affluents de la Marne, débordent aussi. A Paris, la Seine pourrait monter jusqu’à un niveau compris entre 5,30 m et 5,90 m ce vendredi 3 juin. Plusieurs villes se sont retrouvées les pieds dans l’eau : c’est le cas de Nemours (Seine-et-Marne), où 3.000 habitants ont dû être évacués du centre-ville inondé, et de Montargis (Loiret), noyé sous 1,80 mètre d’eau jeudi matin 2 juin.


« Ce phénomène est avant tout un problème de précipitations, de pluies longues, qui durent et qui s’infiltrent dans le sol jusqu’à saturation", dit à Reporterre Ghislain de Marsily, hydrologue et professeur émérite à l’Université Pierre et Marie Curie et à l’École des Mines de Paris. Mais pourquoi les sols saturent-ils ? Certes, ces pluies sont exceptionnelles mais, pour l’agronome Jacques Caplat, « la bétonisation, l’artificialisation des zones humides, la disparition des haies » aggravent la situation. Ce constat n’est pas nouveau, et a pu être fait à propos des inondations dans le Var, ou en qui concerne les zones humides. "Mais ce dont on parle très peu et qui me semble très important, c’est l’appauvrissement des sols agricoles », nous dit Jacques Caplat.
Un sol en bon état est riche en matières organiques, c’est-à-dire en petites racines, en petites bêtes et en particulier en vers de terre qui creusent des galeries. Le sol est alors poreux, plein de petits trous, qui lui permettent d’absorber l’eau. « Marcel Bouché, un agronome qui avait fait des études sur les infiltrations d’eau, a montré qu’un sol vivant pouvait absorber jusqu’à 300 millimètres d’eau par heure ! C’est beaucoup plus que ce qui est tombé ces jours-ci. A titre de comparaison, un orage méditerranéen violent, c’est 150 millimètres d’eau par heure », indique notre expert agricole.


Le problème est qu’avec l’intensification de l’agriculture, « les éponges sont devenues des toiles cirées », déplore Jacques Caplat. « On a peu d’arbres et peu de rotation des cultures, donc peu de racines. Le gigantisme des parcelles a entraîné l’utilisation de machines agricoles de plus en plus lourdes, qui tassent le sol. L’eau ne peut plus s’infiltrer ! » Les haies ont été arrachées, alors qu’elles faisaient barrage aux ruissellements. La disparition des zones humides dégrade encore la situation, car elles constituaient « des espaces-tampons capables d’absorber beaucoup plus d’eau que les endroits secs », regrette l’agronome.
Lydia Bourguignon, agronome et fondatrice du Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols, partage ce constat accablant en s’appuyant sur l’exemple des grandes plaines céréalières de la Beauce : « Après-guerre, dit-elle, les sols de ce territoire contenaient 4 % de matière organique en moyenne. Aujourd’hui, ce taux est inférieur à 2 %. Conséquence, les sols ne pompent plus. » Elle pointe du doigt l’utilisation de produits phytosanitaires, « le Roundup qui tue la faune capable d’aérer le sol, et des engrais qui minéralisent la matière organique, la brûlent et la consomment trop vite ».
Pire, le ruissellement ne se contente pas de favoriser les inondations ; il emporte de la terre à chaque grosse averse, le sol disparaît peu à peu. « On le voit sur les photos, l’eau est chargée, observe Lydia Bourguignon. La pluie entraîne la terre, le sol s’érode, la quantité de matière organique diminue. C’est un cycle infernal. »


Gérard Michaut, agriculteur bio dans le nord de l’Yonne, l’a constaté chez d’autres : « Ça coule, ça ravine, il y a parfois des ornières de 50 centimètres de profondeur. »
Et sur ces terres agricoles abîmées, aux inondations succède la sécheresse. Le sol n’a pas retenu d’eau. « Et si dans un mois, il y a un peu de chaleur, vous allez voir que le agriculteurs vous diront qu’ils ont des sols secs », prévoit Lydia Bourguignon. Au risque, même, de devoir irriguer…
Une situation à laquelle n’aura pas à faire face Gérard Michaut : cela fait 20 ans qu’il a adopté des pratiques de culture destinées à préserver ses sols.
« Je ne laboure pas et je ne laisse jamais mes sols nus. Il faut un mélange de paille et de racines en surface pour retenir la terre, explique-t-il. Je travaille aussi perpendiculairement à la pente, et en buttes, pour faire barrage et éviter l’érosion. » Autre mesure, il met jusqu’à huit cultures différentes, successivement sur une même parcelle. « A chaque changement, cela permet d’avoir des racines et des débris différents qui favorisent la retenue d’eau et la porosité des sols ».
Résultat, sur ses champs en pente, « quand il y a un début de glissement de terrain, il ne part que sur deux ou trois centimètres et s’arrête tout de suite. » Il suffit d’un brin de paille pour retenir la terre. Tous ces micro-barrages additionnés permettent à grande échelle d’éviter un désastre.
Et ces techniques, peu à peu, tracent leur sillon dans les champs. « Quand j’ai commencé, on était 1 % des agriculteurs à les pratiquer, se souvient le paysan. Aujourd’hui nous sommes 30 % à les avoir adoptées à des degrés divers. »

Zones humides : une visite à Saint-Amand pour les connaître et mieux les respecter

Jean-Claude Brunebarbe, militant de l’environnement depuis toujours sur l’Amandinois, mobilise ce samedi pour mieux faire connaître un trésor naturel, surtout côté Scarpe et Escaut : les zones humides.


Le militant est prudent. Vu la météo, « il sera indispensable de se munir de bottes ». Ce samedi 4, il a prévu d’emmener tout un groupe de visiteurs, dont trois présidents d’association environnementaliste, découvrir une zone humide, du côté de la bien nommée rue du Marais, dans le hameau de Cubray. Humide, elle le sera, à coup sûr. Mais c’est aussi, après tout, le moment idéal pour découvrir ces secteurs préservés où la forte présence en eau crée un milieu naturel très particulier, et apporte une vraie biodiversité. À Cubray, on peut découvrir des saxifrages granuleux, une plante, mais aussi de beaux oiseaux d’eau, type grandes ou petites aigrettes (des hérons, mais tout blancs).

Rue du Marais, c’est un agriculteur, un éleveur bovin plus précisément, qui ouvrira les barbelés pour la visite. Respectueux des prairies humides, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde. La défense des zones humides a un ennemi : le drainage à outrance, souvent dans le but de servir l’exploitation agricole. Qui effectivement se voit faciliter alors ses conditions de travail, mais la chose nuit aussi clairement à la biodiversité. Jean-Claude Brunebarbe a choisi son camp. « Sur les zones humides, il y a un choix à faire. La qualité et l’élevage respectueux devraient primer sur la productivité ». Un dossier sensible, sur lequel il compte apostropher le Syndicat intercommunal d’aménagement de la vallée de la Scarpe.

Pour participer à la visite, rendez-vous ce samedi 4 juin, à 18 h, rue du Marais au pont sur la Trétoire. Tél. : 03 27 26 89 95.