vendredi 29 novembre 2019

Amazonie : plus de 10 000 km2 déboisés en un an

La plus grande forêt tropicale du monde a connu entre août 2018 et juillet 2019 sa déforestation la plus forte depuis onze ans.

Une épaisse fumée se dégage le 27 août 2019 à Altamira, dans l’Etat brésilien de Para, qui, à lui seul, a représenté 44 % de la déforestation totale de l’Amazonie entre août 2018 et juillet 2019. JOAO LAET / AFP

La déforestation en Amazonie brésilienne a dépassé le seuil des 10 000 km2 pour la première fois depuis 2008, entre août 2018 et juillet 2019, en hausse de 43 % par rapport aux douze mois précédents, selon des chiffres officiels actualisés jeudi 28 novembre. Ces données révèlent une progression encore plus importante, de 74,5 %, de la déforestation dans les territoires indigènes en un an, selon l’INPE, l’Institut national des études spatiales.

Le Black Friday, illustration de ce « capitalisme qui génère des besoins artificiels, souvent aliénants »

Razmig Keucheyan, sociologue à l’université de Bordeaux, décrypte les nouvelles mythologies commerciales.

Des bénévoles d’Emmaüs manifestent pour dénoncer la surconsommation engendrée par le Black Friday, à Paris, le 20 novembre. FRANCOIS GUILLOT / AFP

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« Black Friday » : en France, mobilisation contre Amazon et la surconsommation

Depuis jeudi, les associations de lutte pour le climat et l’environnement multiplient les opérations contre les centres logistiques et commerciaux. Les opérations se poursuivent vendredi devant le siège d’Amazon dans les Hauts-de-Seine.

Des militants d’ANV-COP21 et des Amis de la Terre bloquent l’accès au centre logistique d’Amazon, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), le 28 novembre. THOMAS SAMSON / AFP

Comme une répétition générale. En bloquant les accès du centre logistique d’Amazon, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), jeudi 28 novembre, la cinquantaine de militants d’ANV-COP21 (Action non violente-COP21) et des Amis de la Terre ont donné le coup d’envoi des mobilisations contre la surconsommation dont le Black Friday est, selon eux, le symbole.

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Recyclage ou réemploi ? Pourquoi le projet de consigne est contesté

Refusé par le Sénat, le dispositif de consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique est le point sensible du projet de loi antigaspillage, attendu à l’Assemblée nationale au début de décembre.

Des bouteilles en plastique écrasées déposées dans une benne après le tri effectué à l’usine Mid-America Recycling, située à Lincoln, aux Etats-Unis. Francis Gardler / AP

« Nous déclarons la guerre au plastique. » Cinq mois après ses propos tenus dans Le Journal du dimanche, Brune Poirson, la secrétaire d’Etat à la transition écologique, a dû réviser ses ambitions. Visé par de nombreuses critiques, le gouvernement a temporisé au cours de ces dernières semaines quant à sa position initiale concernant le dispositif de consigne pour recyclage des bouteilles en plastique, point sensible du projet de loi antigaspillage, qui doit être examiné par l’Assemblée nationale à partir du 9 décembre.

Une production d’énergies fossiles incompatible avec les objectifs climatiques

La seule production de charbon prévue en 2030 excède de 150 % le nveau compatible avec l’objectif de contenir le réchauffement à 2 °C.

Charbon, pétrole et gaz forment un cocktail délétère. Une addiction dont l’humanité ne parvient pas à se sevrer et qui l’entraîne irrémédiablement vers de graves maux. D’ici à 2030, les pays prévoient de produire beaucoup trop d’énergies fossiles, bien plus que ce qu’impliquerait le respect des objectifs de l’accord de Paris de 2015 : 53 % de plus que ce qu’il faudrait pour contenir le réchauffement à 2 0C d’ici à la fin du siècle et 120 % de trop pour le limiter à 1,5 0C. Ces estimations sont le fruit d’un travail inédit de plusieurs organismes de recherche, avec le soutien du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un rapport publié le 20 novembre.

Pour la première fois, des scientifiques ont estimé le production gap, c’est-à-dire l’écart entre la production d’énergies fossiles anticipées par les Etats et les niveaux qui seraient nécessaires pour limiter le réchauffement à un seuil soutenable. Ce fossé est le plus grand en ce qui concerne le charbon : la production prévue en 2030 excède de 150 % le niveau compatible avec l’objectif de 2 0C et de 280 % l’objectif de 1,5 0C. Les prévisions de production de pétrole et de gaz en 2040 dépassent, elles, respectivement de 43 % et de 47 % les niveaux compatibles avec un réchauffement de 2 0C. Le « production gap » représente l’écart entre la production anticipée d’énergies fossiles d’ici à 2040 (courbe rouge) et ce qu’il serait nécessaire pour respecter les objectifs de l’accord de Paris de ne pas dépasser 1,5 0C ou, d’être bien en-deçà de 2 0C de réchauffement (courbes bleues).


Le « production gap » représente l’écart entre la production anticipée d’énergies fossiles d’ici à 2040 (courbe rouge) et ce qu’il serait nécessaire pour respecter les objectifs de l’accord de Paris de ne pas dépasser 1,5 0C ou, d’être bien en-deçà de 2 0C de réchauffement (courbes bleues). PNUE

L’empreinte carbone « colossale » des banques françaises

Un rapport constate que BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE continuent de soutenir les investissements dans les énergies fossiles.

Une centrale à charbon de RWE, à Neurath près de Cologne, en 2016. Ce groupe allemand est fortement appuyé par la BNP Paribas. WOLFGANG RATTAY / REUTERS

Les banques françaises peuvent-elles sortir de leur addiction aux énergies fossiles ? Malgré les engagements pris publiquement, les principaux établissements français financent encore activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans un rapport rendu public jeudi 28 novembre, à la veille du Climate Finance Day, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre dénoncent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes.

« En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », souligne le rapport. Des quatre banques notées, c’est la BNP qui soutient le plus de projets polluants, suivie du Crédit agricole, de la Société générale et de BPCE. Pour arriver à ce calcul, les ONG ont additionné les opérations des banques dans le domaine, notamment les prêts consentis à des projets dans les énergies fossiles, les obligations émises et les investissements en actions dans des entreprises comme Total, par exemple.

Le changement climatique affecterait l’alimentation de 90 % de la population mondiale d’ici 2100

Une étude publiée par « Science Advances » évalue l’ampleur des pertes et des gains de productivité dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.

Dans le port de Banda Aceh (Indonésie), le 28 novembre 2019. CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP 

Réchauffement des sols et des océans, variations des régimes de précipitation, conditions d’approvisionnement en eau douce, migration des espèces, notamment marines : d’ici 2100, autour du globe, environ 7,2 milliards de personnes devraient connaître des pertes de productivité des cultures en même temps qu’une baisse des captures de pêche. C’est donc la sécurité alimentaire de près de 90 % de la population mondiale qui risque d’être malmenée par les changements climatiques à la fin du siècle.

mardi 26 novembre 2019

Climat : après une décennie perdue, les Etats doivent réduire drastiquement leurs émissions

Les pays devront abaisser de 7,6 % leurs rejets carbonés chaque année entre 2020 et 2030 s’ils veulent contenir le réchauffement climatique à un seuil soutenable. Les émissions augmentent au contraire irrépressiblement.

Une centrale à charbon en Afrique du Sud, en 2016. Une centrale à charbon en Afrique du Sud, en 2016. Siphiwe Sibeko / REUTERS

C’est une réalité implacablement mathématique. A mesure que le temps passe, les efforts à accomplir pour limiter l’ampleur de la crise climatique s’avèrent toujours plus importants, au risque de devenir insurmontables. Désormais, prévient l’ONU, après « une décennie perdue » (2009-2019), durant laquelle les Etats « ont collectivement échoué » à infléchir la croissance des émissions de gaz à effet de serre, les pays devront réduire de 7,6 % leurs rejets carbonés chaque année entre 2020 et 2030. 
C’est à cette condition qu’ils pourront respecter l’objectif de l’accord de Paris de maintenir le réchauffement climatique à + 1,5 °C. Un effort deux fois plus important à fournir que s’ils s’étaient attelés à la tâche dès 2010. Et d’autant plus ardu qu’en réalité les émissions augmentent irrépressiblement, avec une hausse de 1,5 % en moyenne par an sur la dernière décennie.

La justice rejette la suspension d’un arrêté antipesticides dans les Hauts-de-Seine

« Les produits phytopharmaceutiques constituent un danger grave pour les populations exposées », selon le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, qui autorise la ville d’Antony à interdire les pesticides sur son territoire.


Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté, lundi 25 novembre, la demande de suspension d’un arrêté antipesticides pris par le maire d’Antony (Hauts-de-Seine), autorisant ainsi cette ville à interdire les produits phytopharmaceutiques sur son territoire.

« Les produits phytopharmaceutiques constituent un danger grave pour les populations exposées » et justifient le recours à une mesure d’interdiction même si cette prérogative relève normalement de la compétence du ministre de l’agriculture, a expliqué dans sa décision le tribunal, qui statuait en référé.

Concentration record de gaz à effet de serre en 2018 et « aucun signe de ralentissement »

Selon l’Organisation météorologique mondiale, « la dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années ».


Les principaux gaz à effet de serre (GES) à l’origine du réchauffement climatique ont franchi de nouveaux records de concentration en 2018, a mis en garde l’Organisation des Nations unies (ONU), lundi 25 novembre. « Il n’y a aucun signe de ralentissement, et encore moins de diminution, (…) malgré tous les engagements pris au titre de l’accord de Paris sur le climat », a pointé le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, à l’occasion de la publication du bulletin annuel de l’instance sur le sujet.

[Tribune] Cancers du sein et de la prostate : « La santé environnementale doit passer de la marginalité à une position centrale »

Face à la forte augmentation des cancers du sein et de la prostate, des personnalités politiques et scientifiques appellent, dans une tribune au « Monde », à prendre en considération les perturbateurs endocriniens dans les diagnostics.


« Octobre rose », contre le cancer du sein, et « Movember », mouvement de sensibilisation à celui de la prostate, qui invite chaque année les hommes à se laisser pousser la moustache en novembre, sont des mois dévolus à la sensibilisation au dépistage et à la collecte de fonds pour la recherche. Mais de quelle recherche parle-t-on ? Le lien avec la présence des perturbateurs endocriniens ? Si peu. On évoque la prévention, mais en termes de comportement individuel. Dans les deux cas, la grande absente est bien la santé environnementale. Et pourtant…

En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, et le plus mortel : en 2018 près de 59 000 cas et 12 000 décès. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme : 50 000 cas et 8 000 décès. Une femme et un homme sur huit seront concernés au cours de leur vie. Dans les deux cas, le vieillissement n’explique qu’une partie de l’évolution, d’autant plus que ces cancers touchent un nombre croissant de femmes et d’hommes jeunes. Selon le Centre international de recherche sur le cancer, en termes d’incidence, la France se classe à la 4e place mondiale pour le sein et à la 6e pour la prostate.

samedi 23 novembre 2019

ON N'ARRÊTE PAS L'ÉCO - Avec Jean-Luc Petithuguenin, fondateur et PDG de Paprec

A l'occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, Alexandra Bensaid accueille Jean-Luc Petithuguenin, fondateur et PDG du recycleur Paprec. Aujourd'hui, les industriels cherchent de plus en plus à repenser leurs produits et leurs emballages. Mais sont-ils vraiment mûrs pour l'économie circulaire ?


Cette semaine est la semaine européenne de réduction des déchets. De plus en plus, les industriels essaient de repenser leurs produits et leurs emballages pour limiter au maximum leur empreinte environnementale. Que font-ils ? Pour quels résultats ?

Alexandra Bensaid en parle avec son invité, Jean-Luc Petithuguenin, le fondateur et PDG de Paprec, spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets.

"Pour un emploi créé chez Amazon", le commerce de proximité perd 2,2 emplois, selon une étude de Mounir Mahjoubi

Le géant américain Amazon a détruit 7 900 emplois en France en 2018, selon une note publiée par l'ex-secrétaire d'État au numérique. Mounir Mahjoubi, lors d\'une session de questions au gouvernement, à l\'Assemblée nationale, à Paris, le 12 novembre 2019.

Mounir Mahjoubi, lors d'une session de questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 novembre 2019. (BERTRAND GUAY / AFP) avatar franceinfo Radio France

Dans une note d'analyse publiée vendredi 22 novembre, et que franceinfo a pu consulter, Mounir Mahjoubi, ex-secrétaire d'État au Numérique et député LREM de Paris, estime que 7 900 emplois ont été détruits en France en 2018 par Amazon. Cette année-là, l'entreprise de Jeff Bezos a réalisé un volume d'affaires en France de 6,6 milliards d'euros selon Kantar Worldpanel, cité dans cette étude. 

C'est "en déduisant les embauches d'Amazon et des vendeurs tiers (12 337 emplois créés) aux suppressions d'emplois dans le commerce physique à cause des activités du site d'achat (20 239 emplois perdus)", que Mounir Mahjoubi aboutit à ce chiffre de 7 900 emplois perdus en France. Une formule résume cette constatation, "pour un emploi créé chez Amazon", le commerce de proximité a perdu 2,2 emplois. Une étude américaine réalisée en novembre 2016 par l'Institute for Local Self-Reliance avait abouti au ratio de "deux emplois supprimés aux États-Unis pour un emploi créé par Amazon".

jeudi 21 novembre 2019

Zéro déchet: la consigne s’invite dans la restauration à emporter

Une jeune société parisienne a lancé un système de consigne pour la restauration à emporter


Nous sommes de plus en plus nombreux à opter pour un repas à emporter le midi, c’est particulièrement vrai dans les grandes villes. Mais la question de l'emballage de nos encas se pose avec, comme trop souvent, un plastique omniprésent. Le marché de la restauration à emporter se porte très bien, avec une croissance annuelle autour des 5 %, c’est un phénomène de société. C’est vrai que c’est pratique d’acheter un bon plat pour le manger au bureau, dans un parc ou même chez soi pour la pause déjeuner. Mais voilà, il y a un gros MAIS... La plupart du temps les boites dans lesquelles tiennent notre encas sont en plastique à usage unique.

La consigne des bouteilles plastiques ne sera pas imposée aux maires, promet Macron

Il n'y aura pas de passage en force de la consigne des bouteilles en plastique, a promis ce mardi Emmanuel Macron aux maires, qui y sont très hostiles. Le projet de loi économie circulaire entame sa première lecture chez les députés dans un climat qui devrait donc s'apaiser.


La France ne collecte que 57% de ses bouteilles en plastique, car si les collectivités locales atteignent 74% de collecte au foyer des ménages, en revanche le «hors foyer »  (gares, voirie et autres espaces publics) a peu de poubelles de collecte sélective du plastique.

La guerre autour des bouteilles plastiques est terminée. La consigne ne sera pas imposée, « rien ne sera fait sans l'accord des maires. C'est dans ce sens que j'ai demandé au gouvernement de continuer le dialogue avec le parlement », a promis Emmanuel Macron ce mardi dans son discours d'ouverture du congrès des maires de France. Vent debout contre la consigne des bouteilles en plastique, les élus locaux craignaient son passage en force à l'Assemblée Nationale. Le débat va pouvoir s'apaiser sur le projet de loi économie circulaire de la secrétaire d'Etat Brune Poirson, qui entame sa première lecture chez les députés.

Une nouvelle série d’accidents rappelle les dangers de la chasse

Chaque année, l’Office de la chasse et de la faune sauvage recense plus d’une centaine « d’accidents » de chasse, faisant une dizaine de morts.

Des chasseurs et leur chien, à Melleray, dans le Sarthe, en septembre 2018. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

La saison de la chasse est ouverte. Et avec elle, son lot d’accidents. Le 26 octobre, à l’occasion d’une battue aux sangliers, à Varilhes, en Ariège, un septuagénaire a été mortellement atteint par une balle, tirée par un autre chasseur. C’était le premier accident mortel de la saison 2019-2020, qui s’est ouverte graduellement entre le 23 août et le 29 septembre en France métropolitaine.

Au Chili, la lutte de Rodrigo Mundaca contre la privatisation de l’eau

L’enseignant-chercheur sur les cultures bio à l’université Saint-Thomas de Santiago a reçu, mercredi 20 novembre à Paris, un prix de la Fondation Danielle-Mitterrand pour son combat.

Un cours d’eau asséché. Rodrigo Mundaca assure que 90 % de la ressource en eau est prélevée par l’agrobusiness et le secteur minier, tandis que seuls 3% à 5 % vont à la consommation de la population. MARTIN BERNETTI / AFP

Sur une photographie, un cheval mort gît dans une rivière à sec, dans une autre une barque posée sur le sol aride. Le centre du Chili connaît une grave sécheresse depuis une dizaine d’années. En octobre, le ministère de l’agriculture dénombrait la perte de plus de 100 000 chèvres, bovins et ovins, dans cette région de Petorca où des dizaines de milliers de personnes sont alimentées en eau par camion.

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Climat : l’action individuelle ne peut pas tout

L’influence des « petits gestes » sur la baisse des émissions de CO2 n’est pas anodine, mais l’action individuelle se cogne à un plafond de verre. Selon une étude, seuls des leviers collectifs peuvent réellement faire la différence, et l’État et les entreprises sont des acteurs clés des profondes transformations nécessaires.


Le colibri ne pourra pas, à lui tout seul, éteindre l’incendie. Pour lutter contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, « faire sa part » est « indispensable mais largement insuffisant ». C’est ce que révèle, chiffres à l’appui, une étude du cabinet de conseil Carbone 4 qui revient sur le rôle et la responsabilité des citoyens, des entreprises et de l’État face à l’urgence climatique.

Le débat agite depuis longtemps les adeptes des écogestes et les partisans d’une transformation plus globale. Mais l’étude apporte des données quantitatives intéressantes. Pour elle, il faut mener le combat « sur tous les fronts » et remettre en cause « le système socio-technique » qui encage l’individu dans un mode de vie carboné.

mercredi 20 novembre 2019

Les initiatives prises par le Conseil citoyen de Douchy-les-Mines pour les habitants du quartier

Le Conseil citoyen de Douchy-les-Mines, mis en place dans le quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) du « Boulevard de la Liberté » en mars 2016, s’emploie à jouer un rôle actif auprès de la population, qui représente pas moins de 3 600 habitants et de 900 logements.
Il a mis en œuvre deux initiatives qui méritent d’être signalées.
 
 
Le Conseil citoyen de Douchy-les-Mines, qui compte 7 membres, a mis en place une opération hebdomadaire de porte à porte pour échanger sur leurs attentes et le rôle du Conseil citoyen tel qu’ils le perçoivent.
 

mardi 19 novembre 2019

Réparer la ville plutôt que la reconstruire, une idée béton

Le sujet est au cœur du colloque “Réparer la ville” organisé par l’Ordre des architectes d’Île-de-France du 21 au 23 novembre à Paris : doit-on raser pour reconstruire comme on le fait depuis quarante ans ? Pour nombre de jeunes architectes, cette politique urbaine est une hérésie financière et écologique. Ils appellent à réhabiliter, agrandir et mieux isoler l’existant.


de la conférence donnée par l’architecte norvégien Kjetil Thorsen, très médiatique patron de l’agence Snøhetta, au sujet de son travail à travers le monde, dans le public, de jeunes voix se sont fait entendre. Toutes tournaient autour d’un même thème : la responsabilité de l’architecte face aux questions environnementales et climatiques. « Comment bâtir durable ? », « Quels matériaux utiliser ? », « Quelle place pour la nature en ville ? » Mais surtout : « Est-il raisonnable de démolir pour reconstruire ? »…

L’industrie du bâtiment, grosse consommatrice d’énergies fossiles, productrice de gaz à effet de serre et générant quelque 40 millions de tonnes de déchets chaque année en France, doit sérieusement balayer devant sa porte pour atteindre l’ambition affichée par le gouvernement du « zéro carbone en 2050 »…


À voir
« Réparer la ville », du 21 au 23 novembre, colloque de 9h30-19h, couvent des Récollets, Paris 10e.

PODCAST
Audio : « Consommer moins pour rafraichir » avec Ekopolis Le septième cycle de conférences « Retours sur le durable » organisé par Ekopolis et l'Ordre des architectes d'Ile-de-France en 2019 propose d’explorer les manières de consommer moins dans l’acte de construire. (Ré)écoutez  le quatrième épisode !

13 titres pour vous inspirer


Imaginez vivre l'aventure de la Ferme du Bec Hellouin tout en dégustant la créativité de collectifs humains à Notre-Dame-des-Landes avec la BD d’Alessandro Pignocchi. Un soir, vous pourriez faire découvrir à vos enfants comment les animaux et les plantes sont une source d'inspiration avec l’album illustré "Toutes les idées sont dans la nature" et le lendemain tester les « recettes » du dernier Hors-Série de la revue Kaizen.

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lundi 18 novembre 2019

Agroécologie : les limites de la méthanisation

Pour valoriser les déchets organiques (déchets agricoles, effluents d’élevage et des industrie agro-alimentaires), la méthanisation est une piste séduisante. Mais les sous-produits de la méthanisation, des digestats solides et liquides, riches en azote et en matière organique, qui sont ensuite épandus dans les champs.

Centrale de biomasse © Getty / hohl

Invité du jour Lionel Ranjard est spécialiste d’agroécologie et de la biodiversité des sols à l’INRA de Dijon. Il participe à un groupe de réflexion (METHA-REV) qui associe des industriels comme GRDF, qui gère le réseau de gaz français, de grandes ONG (WWW, GERES), des chambres d’agriculture et des associations de riverains. Ce groupe définit des projets scientifiques qui visent à répondre aux questions que posent les digestats de méthanisation.

Les infirmières anesthésistes financent les doudous des petits opérés par le recyclage des bistouris.

Des infirmières anesthésistes du CHU de Rennes améliorent le bien-être des enfants à l’hôpital. Elles offrent des doudous mais personnalisent aussi les masques et créent un jeu vidéo qui calment les jeunes patients.


Nolwenn Febvre à la remise des prix de la fondation La France s'engage © Radio France / Emmanuel Moreau

Sur sa blouse d’infirmière anesthésiste, Nolwenn Febvre a trois petits nounours de couleurs différentes qui se donnent la patte. Ce logo est celui de son association Les P'tits Doudous du CHU de Rennes dont elle est la présidente. Des pleurs insupportables d'enfants « Un soir, je suis rentrée à la maison avec des cris d’enfants plein la tête, et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour mieux les accompagner, sinon je devais changer de métier », explique Nolwenn. C'est ainsi qu'elle a eut l'idée d'inviter les doudous à l’hôpital.

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Toute l’année, les soignants des P’tits Doudous recyclent les matériaux en métal à usage unique des blocs opératoires dans leurs établissements hospitaliers.

Lames de laryngoscope

Depuis janvier 2019, cet engagement dans l’économie circulaire a déjà permis de recycler près de 12 tonnes. Et en trois ans, c’est près de 70 tonnes qui ont été recyclées bénévolement par les soignants des blocs opératoires.

Comment ça marche ?
L’utilisation de matériel en métal à usage unique est quotidienne au sein des blocs opératoires. Auparavant, ces matériaux suivaient la filière classique des déchets hospitaliers. Depuis la création des P’tits Doudous, les associations et toutes les équipes des blocs opératoires les récupèrent, après une décontamination suivant un protocole spécifique, pour recycler le cuivre et l’inox qu’ils contiennent. Ils sont ensuite déposés chez des recycleurs.

Un lycéen lance une pétition pour que les déchets triés à la cantine ne finissent pas dans la même benne

Ulysse, élève en 1re au lycée Jean-Jaurès de Saint-Clément-de-Rivière, en appelle à la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, et au président de la métropole de Montpellier, Philippe Saurel, pour trouver une solution.

Tous les déchets triés à la cantine finissent mélangés dans cette même benne. © Radio France - Adèle Bossard

Saint-Clément-de-Rivière, France
Un lycéen sollicite la Région et la Métropole de respecter le tri ! Il vient de lancer une pétition pour demander le recyclage des déchets triés au lycée Jean-Jaurès de Saint-Clément-de-Rivière, dans la métropole de Montpellier.

Les Brésiliens « terreplatistes » se sentent pousser des ailes avec Bolsonaro

Au Brésil, 7 % de la population est convaincue que la Terre est plate. Les réseaux sociaux, les Eglises évangéliques et le complotisme de certains membres du gouvernement n’arrangent rien.

La Terre vue de la Lune, en 1968. HO / AFP

LETTRE DE SAO PAULO
Pour des « raisons de sécurité », le lieu du rassemblement a été tenu secret jusqu’à la dernière minute. C’est finalement dans un théâtre du quartier de Liberdade, dans le centre de Sao Paulo, qu’a eu lieu dimanche 10 novembre la première « Flat Con » du Brésil. A savoir, un congrès réunissant les adeptes de la théorie pour le moins farfelue selon laquelle la terre serait plate. Oui, plate.

On a la solution Aliment-Terre, des solutions pour manger mieux


Louise Ekland Louise, accompagnée de Barbara Schulz, se rend à Mouans-Sartoux, dans le Sud de la France, afin de découvrir le premier village qui exploite ses terres et produit ses propres ressources alimentaires. Depuis près de 15 ans, l'équipe communale et les 10 500 habitants ont engagé une démarche collective pour parvenir à une autosuffisance alimentaire. L'objectif est de permettre à toutes et à tous, quels que soient leurs revenus, d'accéder à des denrées saines et écoresponsables. A cette occasion, Louise et Barbara présentent quatre porteurs de projets qui disposent d'un florilège de solutions permettant à tout le monde d'agir pour la planète.

dimanche 17 novembre 2019

À quand le principe pollueur-payeur pour nos poubelles?

Seules deux petites collectivités locales nordistes ont choisi de suivre la solution généralisée en Belgique. Une redevance annuelle remplace la taxe d’enlèvement habituelle. Elle permet de réduire de près de la moitié la quantité de déchets déposée sur le trottoir. Moins on dépose, moins on paye. Une aubaine pour mieux trier.

Philippe Brouteele à La Gorgue. La poubelle noire pour les ordures ménagères, la jaune pour les recyclables.
Photo THIERRY THOREL. - VDNPQR

Philippe Brouteele vit tranquille aux abords de la petite campagne flamande de La Gorgue. Ils sont deux dans la maison, son épouse et lui. Avant 2005, ils payaient 240  € par an avec la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, cette TEOM que paient toujours 84  % des Français. Mais le couple ne verse plus que 120  € par an depuis qu’une redevance est venue remplacer la taxe, Philippe et son épouse comme les 40 000 habitants de la communauté de communes de la Flandre-Lys (CCFL) entre Armentières et Béthune. Philippe Brouteele préside le syndicat mixte de collecte et de traitement des ordures ménagères de la CCFL. Et sait convaincre. « La TEOM est injuste, elle dépend des surfaces foncières que l’on possède, pas des usages de nos déchets. Par exemple, une femme veuve dans une grande maison aura peu de poubelles à vider, peu de déchets, mais elle paiera cher sa taxe parce que sa maison est grande » . Avec la redevance, chaque ménage choisit une taille de poubelle et moins on la videra, moins on paiera car ici, c’est l’usage qui compte. Le système a fait ses preuves en Belgique, comme en Suisse ou en Lorraine et dans l’Ouest de la France. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le territoire de Flandre-Lys s’est engagé le premier sur ce chemin depuis 2005, suivi par le pays de Solesmes, près de Valenciennes. Soit un total de 55 000 habitants pratiquant la tarification incitative, 55 000 sur quatre millions d’habitants.

Un problème de comportement

Pourquoi personne ne bouge  ? La redevance est soutenue par Citéo (ex Eco-emballages), l’éco-organisme qui collecte l’argent du tri pour le redistribuer dans la valorisation des déchets. La redevance est un bonus-malus de nos poubelles. L’adopter n’est visiblement pas un problème de coût, mais de comportement. « Le montant de la TEOM est indiqué sur l’avis d’imposition foncier et personne ou pas grand monde sait combien il paie pour le ramassage de ses ordures ménagères, explique Rémi Léonard, responsables des opérations pour Citéo à Lille. Avec la redevance, au contraire, tout devient transparent. Les gens reçoivent une nouvelle facture, ils ont donc parfois l’impression de payer quelque chose en plus ».

Inscrite dans la loi comme une trajectoire à prendre sans que cela soit obligatoire, la tarification incitative concerne 4 millions de Français à ce jour, le ministère de la transition écologique souhaiterait qu’ils soient 25 millions en 2025. C’est dans cinq ans. Nous sommes à quelques mois des élections municipales, rien ne bougera avant. Ensuite, il faudrait entre 4 et 5 ans pour la mettre en place, un processus long, trop long. Audits complets à réaliser, informations pour changer les habitudes, tests, volonté politique surtout. La redevance incitative permet de réduire d’au moins 40  % le volume d’ordures ménagères dans les poubelles parce que les gens font attention. « On ne connaît pas meilleur levier pour augmenter la performance du tri », observe Marie-Ange Da Costa, référente de Citéo au plan national. Dans un an, la Flandre Intérieure et ses 103 000 habitants rejoindront la Flandre-Lys, sa voisine exemplaire. Un pas de plus pour faire des économies.


L’exemple belge
En Belgique, chaque ménage doit acheter un sac poubelle de sa commune pour les ordures ménagères. Il est si cher qu’il s’agit de ne pas le sortir trop souvent pour être enlevé. Un autre sac (souvent bleu et moins cher) permet de sortir les recyclables. Chaque collectivité doit faire payer le « coût vérité », le coût réel net du service de gestion des ordures à l’habitant. Le taux de recyclage est d’environ 70  % et la tarification incitative a permis de passer de 160 kilos en moyenne par an et par habitant en 2008 à 103 kilos en 2019.

Espèces d’ordures moins chères
En Flandre-Lys, les comptes sont faits avec près de 15 ans de retour d’expérience. Près de 30  % d’ordures en moins dans les poubelles dès la première année de mise en palce de la redevance incitative et la fin de la taxe sur avis d’imposition foncière. Le tonnage est passé de 8 500 tonnes ramassées dans les bacs noirs en 2005 à 6 100 tonnes cette année (- 40  %). En parallèle, les volumes de tri de plastiques, de papier-carton et de conserve ont progressé d’environ 20  %. Le brûlage d’ordures ménagères pour en mettre moins dans les bacs est quasi inexistant (la police du maire veille). Tout comme les dépôts sauvages, autant mettre les ordures dans les fossés, pas plus nombreux qu’avant 2005. Côté finance, tout dépend de la taille de la poubelle noire. La plus petite coûte 65 € par foyer pour 40 litres, pour 37 € par an ç partir de la 13ème levée. Pour une poubelle de 340 litres, la plus grande, il faudra payer 65 € et 160 € par an. Pour la poubelle jaune des recyclables, la grille va de 18 € après 7 levées pour 40 litres à 79 € pour la 340 litres.

Exposition, "Des déchets pas si trash que ça !"

Découvrez l'ingéniosité dont font preuve les êtres humains aux quatre coins du globe pour transformer des déchets en objets pratiques ou ludiques, dans le but d'aider leur communauté ou participer à l'insertion de la population local par l'artisanat.


Le vernissage aura lieu le 20 novembre, à 19h, à la friperie Oxfam, et retrouvez l'exposition aux heures d'ouverture du magasin du 19 au 23 novembre, 19 rue de l'hôpital militaire à Lille ! 

Angers investit 178 millions d’euros pour devenir un territoire « zéro carbone »

Un consortium mené par Engie va transformer l’agglomération en ville intelligente.


Des lampadaires équipés de détecteurs de présence qui s’éteignent quand les rues sont désertes, des canalisations d’eau intelligentes qui signalent les fuites ou des conteneurs à déchets qui alertent les éboueurs quand ils sont à saturation. La communauté urbaine d’Angers va investir 178 millions d’euros sur les douze prochaines années pour installer quelque 50 000 objets connectés sur son territoire.

« Nous prenons un virage majeur et fondamental », s’emballe Franck Poquin, vice-président au développement durable et à l’énergie d’Angers Loire Métropole. Mardi 12 novembre, les élus de cette collectivité de 290 000 habitants ont préféré l’offre portée par Engie, Ineos, Suez, La Poste et le groupe Vyv aux trois autres consortiums concurrents, des poids lourds de l’aménagement du territoire (EDF, Veolia, Orange, Cegelec, Vinci et Bouygues), très intéressés par cette initiative publique.

samedi 16 novembre 2019

L’Afrique risque de devenir un déversoir pour des pesticides bannis d’Europe

Des scientifiques mettent en garde contre la diffusion des insecticides néonicotinoïdes sur le continent, où les exploitations agricoles intensives gagnent du terrain.

Un système d’irrigation répand des pesticides pour lutter contre l’infestation d’insectes, au nord de Pretoria (Afrique du Sud), en février 2017. GULSHAN KHAN / AFP

La crainte de voir se répandre en Afrique les insecticides néonicotinoïdes, avec leurs conséquences délétères sur l’agriculture et la biodiversité gagne la communauté scientifique. Jusqu’à présent, les agricultures africaines dominées par un modèle familial de subsistance, peu consommateur d’intrants et de pesticides, étaient restées relativement préservées. La situation est en train de changer. La multiplication de grandes exploitations intensives tournées vers les marchés domestiques ou d’exportation a ouvert la porte à la diffusion de ces substances de manière peu contrôlée.


L’huile de palme dans les biocarburants, le joli cadeau des députés LREM à Total

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Arrêtés antipesticides : poison des relations entre agriculteurs et riverains ?

Faut-il interdire l'épandage des pesticides près des habitations ? Ces derniers temps, des dizaines d'arrêtés anti-pesticides ont vu le jour, dans la lignée de celui du maire de Langouët en Ille-et-Vilaine. Et cette question empoisonne les relations entre riverains et agriculteurs. Le hameau de Noisement, rattaché à Savigny-le-Temple, est entouré par de grandes surfaces agricoles dont certaines sont traitées avec des produits phytosanitaires Le hameau de Noisement, rattaché à Savigny-le-Temple, est entouré par de grandes surfaces agricoles dont certaines sont traitées avec des produits phytosanitaires

• Crédits : Rosalie Lafarge - Radio France

En prenant un arrêté antipesticides en mai dernier, le maire de Langouët a lancé un vaste débat et fait des émules. Même si, selon la justice, l'interdiction des produits phytosanitaires ne relève pas de la compétence d'un maire, les textes de cette nature s'accumulent depuis la décision de l'élu breton, Daniel Cueff. Et par endroit, ils viennent renforcer le sentiment d'un fossé qui se creuse entre les agriculteurs et les habitants des communes. Reportage à Savigny-le-Temple, en Seine-et-Marne, où la maire PS a pris un arrêté antipesticides le 9 septembre pour interdire l'épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations.

Pourquoi 500 tonnes de poubelles d’Alpes-Maritimes ont été brûlées chez nous?

« La Voix du Nord » et Nice-Matin » ont enquêté conjointement sur l’arrivée de 500 tonnes d’ordures ménagères des Alpes-Maritimes à Labeuvrière dans le Béthunois. Une pratique, légale, aux antipodes de la lutte contre le réchauffement climatique.

Par Pierre-Louis Curabet Pawlak (Textes) Et Édouard Wayolle (Infographie) | Publié le 15/11/2019 

Le centre de valorisation énergétique de Labeuvrière, près de Béthune, est exploité par Véolia via un contrat de délégation de servic public jusqu’en 2026. Photo Ludovic Maillard

Pourquoi ces 500 tonnes n’ont-elles pas été brûlées dans le sud de la France ? Les poubelles débordent dans les Alpes-Maritimes. C’est le résumé de la situation dans ce département du sud, limitrophe de l’Italie. Sa production d’ordures ménagères résiduelles est de 580 000 tonnes par an, alors que les trois installations de traitement du département ne permettent d’absorber que 530 000 tonnes. Dans un courriel daté de jeudi matin adressé à Nice Matin, la préfecture des Alpes-Maritimes note que « depuis 2018, une pénurie d’exutoire dans la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) génère des situations de crise et oblige les collectivités en charge du traitement à trouver des solutions nécessitant la plupart du temps des dérogations préfectorales au sein d’autres installations de la Région ».

Stockés au Broc, ces ballots de déchets devront attendre avant d’être traités. Tout devrait disparaître d’ici fin février 2020. Photo Grégory Leclerc / Nice-Matin

Sauf qu’en cette fin 2019, aucune solution n’a été trouvée au sein de la région PACA.

Pourquoi ces ordures ont-elles été brûlées chez nous ?
Entre PACA et les Hauts-de-France, il y a trois grandes Régions. Et plusieurs incinérateurs sur le chemin. Mais « très peu d’installations de stockage ou d’incinération de déchets disposent de capacité disponible d’ici la fin de l’année », assure la préfecture des Alpes-Maritimes. Et pour celles disponibles, « la dérogation à la zone de chalandise (qui restreint géographiquement la provenance des déchets brûlés) n’a pas été obtenue ».
À l’inverse, aucune dérogation n’est nécessaire pour le centre de valorisation énergétique de Labeuvrière. L’arrêté d’installation de celui-ci, daté de 1993, interdit seulement les « déchets étrangers ».


Est-ce que ces faits sont légaux ?
Oui. Tout est légal dans ce transport et l’incinération de ces 500 tonnes d’ordures ménagères entre le 30 octobre et le 12 novembre. Comme l’arrêté d’installation du centre de valorisation de Labeuvière ne définit aucune zone de chalandise, tout déchet – peu importe sa provenance en France – peut donc être brûlé sur le site béthunois, qui a traité au total 85 727 tonnes de déchets en 2018.

Le code de l’Environnement définit, lui, un « principe de proximité » (1) dont le respect « s’apprécie en fonction (…) de la viabilité économique des modes de traitement envisagés et disponible à proximité ». Aucune solution n’a donc été trouvée à proximité et l’incinération à Labeuvrière « évite l’enfouissement », avance Véolia, l’exploitant du site, par courriel ce vendredi.

Quel est l’impact écologique ?
Une vingtaine de poids lourds. Environ 2 400 kilomètres aller-retour entre le centre de valorisation au Broc (Alpes-Maritimes) et celui de Labeuvrière. Soit 48 000 kilomètres effectués pour brûler les poubelles cannoises et grassoises. C’est autant d’émission de dioxyde de carbone (CO2). Pour rappel, les poids lourds sont responsables de 27 % des émissions de CO2 du transport routier dans l’Union européenne.

(1)  Article L541-1.


Des mesures à venir et une solution trouvée
« L’impact carbone de la valorisation dans le nord de la France de déchets produits dans le sud peut interroger, voire choquer », ont réagi les services de la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay, jeudi soir par courriel. Prévenue en fin de semaine dernière, l’agglomération a vérifié les statuts de la délégation de service public (DSP) qui la lie à Véolia, l’exploitant du centre de valorisation (CVE) de Labeuvrière. Statuts qui « n’imposaient pas de distance maximale aux déchets apportés ; en effet, il semblait à l’époque (en 2014, lors du renouvellement de la DSP pour une durée de douze ans) que les coûts de transport limiteraient d’eux-mêmes la distance parcourue ». 
L’agglomération souhaite donc agir et « un avenant au contrat de délégation interdisant ce cas de figure pourrait être proposé ». Bientôt une limite de 100 kilomètres

Du côté de la préfecture du Pas-de-Calais, on nous explique qu’aucune distance n’avait été spécifiée dans l’arrêté d’installation (1993) du CVE pour pouvoir, le cas échéant, dépanner un département limitrophe, et inversement. Mais à l’usage, l’« esprit » de l’arrêté n’a pas été respecté. Les services préfectoraux travaillent actuellement à la rédaction d’un arrêté complémentaire pour inscrire une zone de chalandise d’environ 100 kilomètres autour du centre de valorisation. Il devrait être pris « prochainement », assure la préfecture, sans plus de précision. En attendant la mise en œuvre de ces mesures locales, une solution a été trouvée dans le sud de la France  : une partie du tonnage (environ 500 tonnes supplémentaires selon Nice-Matin) dédiée à Labeuvrière va être redirigée vers l’incinérateur de Vedène dans le Vaucluse. Soit mille kilomètres de trajet gagnés.

Du bois de chauffage radioactif vendu dans les Hauts-de-France?

Au terme d’une très belle enquête, nos confrères de la RTBF ont démontré que du bois de chauffage radioactif, venu de Biélorussie, était vendu en Belgique. Qu’en est-il dans notre région ? La question mérite d’être posée.

Dans certaines grandes surfaces de bricolage, le bois de chauffage en vente pourrait présenter des origines douteuses.
Photo THIERRY THOREL / LA VOIX DU NORD - VDNPQR

Ambiance automnale dans cette grande surface de bricolage dans la métropole lilloise. Sur l’immense parking, des stères et des stères de bois de chauffage s’étalent à la vue des éventuels acheteurs. Au pied d’une des palettes, un papier détaillant l’article en vente. Le bois est originaire de l’Union européenne, sans autre précision. C’est une société luxembourgeoise qui est à la tête du business, Combulux, spécialisée dans l’import-export de bois. Retour à la grande surface. On se renseigne sur les stères. Questions diverses : prix ? Volumes ? Quelles essences ? Origine ? Pour cette dernière question, la réponse du vendeur est un peu évasive : « Je crois que ça vient de Slovénie. » On n’en saura pas davantage.

« Une grosse concurrence des pays de l’Est »
En Belgique, les journalistes de la RTBF sont parvenus à démontrer que du bois de chauffage biélorusse acheté dans une grande surface à Liège était contaminé au césium 137. Radioactif, donc. Qu’en est-il chez nous ? Maëva Frérot, chargée de mission bois énergie pour l’interprofession du bois dans les Hauts-de-France, vient d’entendre parler de cette question de radioactivité. En revanche, elle connaît bien la filière bois : « En ce qui concerne le bois de chauffage, on est confrontés à une grosse concurrence des pays de l’Est, surtout de Pologne. C’est presque une concurrence déloyale. » Quant aux granulés : « Ça vient plutôt des USA mais il y en a peut-être qui viennent des pays de l’Est. »

Venise sous les eaux, une fatalité ?

Mardi 12 novembre, aux alentours de 23 heures, gonflée par les pluies, poussée par le sirocco, l’“acqua alta” a atteint à Venise le niveau exceptionnel de 1,87 mètre. Phénomène naturel ? Inexorable montée des eaux ? Incurie des hommes ? Expertise sombre de Maurizio Milan, ingénieur et enseignant à l’université d’architecture de Venise.

Venise, Place Saint Marc, 14 novembre 2019.

Désespérément, l’Histoire s’accélère. Depuis la fondation de cette ville-île littéralement plantée sur des pieux de chêne enfoncés dans la lagune, mais surtout depuis l’inondation catastrophique du 4 novembre 1966 quand l’eau monta à 1,94 mètre au-dessus du niveau de la mer. Celle du mardi 12 novembre a frôlé ce niveau historique en atteignant 1,87 mètre. Vénitiens, élus, amoureux, gouvernement italien, Europe, Unesco, tout le monde s’inquiète périodiquement de cette menace qui, « si on ne fait rien », engloutira à jamais la cité des Doges. À raison, les indicateurs sont tous au rouge. Le niveau de la mer, dont les eaux se réchauffent, monte régulièrement de 2 à 3 millimètres par an. Mais aussi la lagune, qui s’est enfoncée d’une trentaine de centimètres au cours du XXe siècle, sous l’effet d’une urbanisation galopante du côté de Mestre, des installations industrielles lourdes autour du port de Marghera, du passage des paquebots dans le canal de la Giudecca, ou encore de la pollution.