mardi 27 décembre 2016

SAINT-AMAND-LES-EAUX La guerre des abeilles n’aura pas lieu

Une polémique inattendue a surgi en fin de conseil municipal à Saint-Amand-les-Eaux, jeudi soir. Une guerre de ruchers a bien failli éclater dans la cité thermale.


Vert de rage, Alain Lecomte, le président de l’association amandinoise Biodiver’Cité, a envoyé, le 10 décembre dernier, un courrier pas piqué des vers à Alain Bocquet, l’accusant de tous les maux, dont le pire : il se serait acoquiné avec le grand capital. Un comble pour le maire communiste !

Au cœur de la dispute : ses abeilles noires qui seraient menacées, dans son rucher installé chemin des Hamaïdes. N’avez-vous jamais goûté son miel du même nom vendu sur le marché ? Le produit local s’est découvert un ennemi : Harry Plast, l’entreprise qui se targue aussi de faire ami avec l’environnement et qui a décidé d’installer un rucher sur la zone du Marillon.

Le souci : la société Bee City, chargée de l’aménagement pour Harry Plast, y a installé des abeilles jaunes. Or Alain Bocquet l’a découvert (comme nous au conseil) : « Ces deux espèces, si elles copulent ensemble, elles meurent ! ». Et quand un souci survient, « c’est toujours la faute du maire ».

Une charte en projet avec le parc naturel
Finalement, pas rancunier à l’égard d’Alain Lecomte, le premier magistrat, avec l’aide du spécialiste de l’agglo, est parvenu au compromis entre les deux parties : Harry Plast accueillera des abeilles noires, lui aussi. « Autant privilégier les espèces locales ».

Franc de Nève, lui, ne s’est pas privé de fustiger les « manières délétères » du président de Biodiver’Cité. « Y a-t-il vraiment une vraie et une fausse apiculture ? » Toujours est-il que cette mésaventure a donné des idées à Alain Bocquet : il faut cadrer ces ruches qui poussent comme des champignons. Une charte est en projet avec le parc naturel régional.

lundi 12 décembre 2016

L'AGRO-ÉCOLOGIE, QU'EST CE QUE C'EST ?

L'agro-écologie est un modèle agricole souvent cité comme la voie pour une agriculture écologiquement et socialement plus responsable. Mais que désigne vraiment le terme "agro-écologie" ?


L’agroécologie est à la fois une discipline scientifique (recherche), un mouvement (les sans-terre au Brésil par exemple) et une pratique (techniques agricoles). L’agro-écologie ne se cantonne pas à une technique, elle prend en compte la protection de l’environnement et le respect des ressources naturelles.

Comment définir l'agro-écologie ?
Selon Miquel A. Altieri (1995), l’agroécologie est une approche écosystémique du développement agricole qui s’inspire des techniques traditionnelles des paysans pour en tirer des connaissances scientifiques modernes.

L’agroécologie souligne que les systèmes sociaux et écologiques sont inséparables. Ceci signifie notamment qu’agriculture et systèmes alimentaires sont intimement liés

Olivier De Schutter rapporteur des Nations unies du droit à l’alimentation, précise que c’est un « ensemble de pratiques agricoles » qui « recherche des moyens d’améliorer les systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l’agroécosystème". Elle permet d’obtenir les conditions les plus favorables pour la croissance des végétaux, notamment en gérant la matière organique et en augmentant l’activité biotique du sol.

Ainsi l’agroécologie est souvent considérée comme une démarche de laquelle s’inspirent différentes méthodes et pratiques pour une réduction continue de l’impact de la production sur les écosystèmes : l’agriculture biologique, l’agriculture de conservation, l’agroforesterie, la lutte biologique, les cultures associées et la gestion mixte culture-élevage s’inspirent tous d’un ou plusieurs principes de l’agroécologie.

L’agroécologie se veut aussi productive et autonome en utilisant les ressources humaines et naturelles locales. Elle est économe en investissement financier, adaptable et reproductible en tenant compte des techniques appropriées, saines et non polluantes.

L’agroécologie n’est pas aujourd’hui cantonnée à l’étude ou la mise en œuvre de ses principes sur la ferme mais elle vise à intégrer les systèmes alimentaires dans leur globalité.



Particularité de l'agro-écologie
Il n’existe pas de cahier des charges officiel de l’agroécologie.
C’est une démarche de progrès qui se base sur l’association de 5 principes exigeants en termes de :
- renouvellement de la biomasse et l’entretien de la fertilité des sols,
- minimisation des pertes en énergie solaire, en air et en eau,
- diversification génétique dans le temps et l’espace,
- valorisation des interactions biologiques,
- lutte contre les ennemis des cultures (maladies, ravageurs et adventices).

La pratique agro-écologique a le pouvoir de refertiliser les sols, de lutter contre la désertification, de préserver la biodiversité (dont les semences), d’optimiser l’usage de l’eau. Elle est une alternative peu coûteuse et adaptée aux populations les plus démunies en France comme ailleurs.


Et aussi :
QU'EST-CE QU'ON ATTEND ?
Qui croirait que la championne internationale des villes en transition est une commune alsacienne de 2200 habitants ? C’est pourtant Rob Hopkins, fondateur du mouvement des villes en transition, qui le dit. "Qu’est-ce qu’on attend ?", le dernier film de Marie Monique Robin raconte comment la municipalité de Ungersheim s’est lancée dans la transition vers l’après-pétrole en décidant de réduire son empreinte écologique. Et ça marche !

vendredi 9 décembre 2016

L’écocide, un crime contre nature

Il y a les enfants de Pékin, qui, souvent, ne voient que trois jours par mois le ciel au-dessus de leur tête. Et les habitants des Kiribati, obligés de fuir leurs îles submergées, qui ne peuvent demander l’asile climatique parce que le statut de réfugié environnemental n’existe pas. Ou encore les populations du delta du Niger, sommées de cohabiter – et de mourir – avec les oléoducs et autres installations pétrolières qui façonnent la région, théâtre d’une pollution colossale couvrant l’équivalent de la surface du Portugal. Tous sont victimes d’un crime impuni, parce qu’il n’existe pas en droit : l’écocide – l’atteinte à l’air, à l’eau, aux sols, autrement dit l’atteinte aux conditions mêmes de la vie sur Terre. Dans son livre Un nouveau droit pour la Terre, la juriste Valérie Cabanes en retrace la généalogie et plaide pour une révolution juridique et philosophique : un nouveau droit, pour sauver les hommes et la planète.

Weronika Zarachowicz Télérama

jeudi 8 décembre 2016

Société - Pour quelques hectares de plus


Mardi 06 décembre 20:45 - 21:55 Pour quelques hectares de plus
Voir et revoir Pour quelques hectares de plus du 06-12-2016 en streaming gratuit sur francetv pluzz

Avec 29 millions d'hectares de terres cultivables, la France est la première puissance agricole d'Europe. Mais cette superficie ne cesse de se réduire : chaque année, dans l'Hexagone, 60 000 hectares de terres agricoles sont transformées en hypermarchés, en stades de football, en immeubles de bureaux ou en parking. A ce rythme là, deux millions d'hectares de ces terres auront disparu d'ici à 2050. Aux confins du Loiret, du département du Rhône et de la Vendée, Nicolas Vescovacci a sillonné la France pendant six mois à la rencontre de ceux qui grignotent la France des territoires.


« Chaque année, 60 000 hectares de surfaces agricoles disparaissent sous du béton. » Pour expliquer ce chiffre imposant, Nicolas Vescovacci (coréalisateur de l'enquête sur le Crédit mutuel censurée par Vincent Bolloré et auteur de l'interview de Ziad Takieddine sur l'argent libyen de Nicolas Sarkozy pour Mediapart) décortique plusieurs exemples de vente de terrains par des élus à des actionnaires ou à des entreprises. En enquêtant sur un projet de village sportif Decathlon près d'Orléans, prévu sur une zone humide riche en biodiversité, ou sur le Grand Stade de Lyon, construit en plein champ avec le soutien diligent du sénateur-maire Gérard Collomb, il met au jour une manipulation déroutante. Dans les deux cas, des terres inconstructibles ont été vendues à un prix modique, avant d'être déclarées « constructibles ». Epinglé sur les fonds publics qui ont servi au financement d'un stade 100 % privé, Gérard Collomb met un terme à l'entretien, la caméra est éteinte...

La dernière partie de l'enquête, consacrée aux fermes-usines qui se multiplient sur le sol français, explore, quant à elle, les inquiétantes conséquences du grignotage des terres par le milieu des affaires. Interpellé lors du Salon de l'agriculture sur son soutien à la maternité porcine des vingt-trois mille cochons de Vendée, Manuel Valls se défile dans un silence assourdissant.

Nicolas Vescovacci aligne documents, chiffres et interviews pugnaces. Sa démonstration, soignée et pédagogique, conclut bel et bien à un « sacrifice » : les terres agricoles n'ont pas de valeur aux yeux des élus... sauf à être source de business.

lundi 5 décembre 2016

Lettre d'information du Parc naturel régional Scarpe-Escaut N° 41 - Décembre 2016



VALENCIENNES Requalification de Watteau et Pater : dès janvier, deux ans de chantier

Deux ans de travaux pour transformer presque un kilomètre. Quinze mois pour Watteau, d’abord, avant Pater. Vendredi, leurs riverains ont découvert le résultat espéré et le calendrier des opérations. Comment, demain, on s’y baladera, qu’est-ce qu’on y croisera et, surtout, ce qu’il faudra traverser pour l’obtenir.


« Ce n’est pas si mal, on voit mieux l’architecture des maisons. Et puis on a de la lumière dans le salon ! » Emballés, ces deux couples qui papotent, serrés dans une salle Jeanne-d’Arc bondée. Des riverains du boulevard Pater, sans hésitation. Beaucoup moins virulents, concernant la disparition de 168 hauts platanes ces dernières semaines, que les réseaux sociaux.

« L’acte un, l’abattage, est terminé, et son mouvement d’émoi aussi », espère trancher Laurent Degallaix. Vendredi, le président de Valenciennes Métropole a déroulé la suite du programme pour ces axes « d’intérêt communautaire », à grand renfort de belles images de synthèse et de paroles voulues rassurantes. Avec, toujours, le même cap : « On me jugera sur le résultat final. »


Forcément, Laurent Degallaix insiste d’emblée sur le volet biodiversité. Celui qui a tant secoué les chaumières : « Ce ne seront pas des coulées de béton. On va refleurir, 284 arbres et 60 000 arbustes et fleurs seront plantés sur la totalité du parcours. » Pour Watteau comme Pater, des essences « résistantes, qui poussent vite et moins haut ». Ces Metasequoia glyptostroboides ou Platanus acerifolia Tremonia, entre autres plants imprononçables. Ils magnifieront des trottoirs élargis et parsemés de végétation, là où le piéton cohabitera avec le cycliste, chacun sur une voie « sécurisée ». Sécurité renforcée, aussi, sur les axes routiers, avec des aménagements pour casser la vitesse (et un revêtement antibruit). Sur le mail Watteau, enfin, des sculptures viendront compléter l’ensemble et offrir une belle avant-scène au musée rénové des Beaux-Arts.

Le prix du beau
Mais avant la promenade idyllique, il faudra passer par deux ans de poussières et bouchons. De grosses interventions successives, des travaux sous ou sur terre, sur les 750 mètres que forme l’ensemble Pater-Watteau. Watteau sera le premier concerné : les travaux débuteront en janvier 2017 pour s’étaler, en théorie, jusqu’à mars 2018. L’agitation se déplacera ensuite boulevard Pater, au printemps, jusqu’en fin d’année (une réunion publique précisera le calendrier).

Naturellement, l’accès aux propriétés et le stationnement interrogent toujours. Pour les mécontents – ils étaient rares, vendredi, mais ont donné de la voix – Laurent Degallaix avance « un projet d’intérêt général qui n’est jamais l’addition d’intérêts particuliers ». Message à l’attention, aussi, des riverains de voiries voisines, visées par des requalifications futures (de la Ville). Comme la place Poterne et le boulevard Eisen. L’axe Rhonelle-Phénix n’a décidément pas fini de voir des engins de chantier.

En chiffres
750. La distance totale concernée par ce chantier de requalification de deux ans : 425 mètres pour le boulevard Watteau, 325 pour Pater.
9,8. Le coût total prévisionnel des travaux : 7,4 millions d’euros seront financés par Valenciennes Métropole et 2,4 M€ par le Syndicat intercommunal d’assainissement de la région de Valenciennes (SIAV).
61 648. Le nombre total d’arbres et cépées (284), arbustes et haies (21 011), vivaces et graminées (40 353) qui seront plantés sur les deux boulevards.

Watteau : d’abord ce «gros morceau»
La mue du boulevard Watteau commencera en douceur, dès janvier, avec des travaux de redimensionnement des réseaux : « Pas de gêne sur la circulation mais des incidences ponctuelles sur les stationnements latéraux selon l’avancement des travaux », indique Valenciennes Métropole. Il s’agira ensuite du « gros morceau », dès février : le début d’interventions d’un côté puis de l’autre du boulevard. La circulation passera de quatre à deux voix, un versant puis l’autre, chacun mis à double sens.

Les travaux de voirie, réseaux et espaces verts s’étaleront d’abord côté pair, de février à août 2017 : la borduration et le renforcement de la chaussée de mai à juin, le revêtement des trottoirs et stationnements de juillet à août et, en même temps, le traitement du mail central de mai à août.

Le chantier basculera ensuite côté impair, de septembre 2017 à mars 2018 : pour des travaux d’assainissement et de réseaux en trottoirs de septembre à novembre, puis la borduration et le renforcement de la chaussée de décembre à janvier 2018 ; et enfin, de février à mars 2018, le revêtement des trottoirs et stationnements, et le traitement du mail central.

D’un côté comme de l’autre, la CAVM assure un accès piéton maintenu en permanence, un accès des véhicules aux habitations possible dans la zone des travaux de 18 h 30 à 7 h 30 et un maintien des livraisons aux commerces.

samedi 3 décembre 2016

Les Fermes d'avenir rendent le monde plus bio

Proposer une alternative écologique et locale à l’agriculture intensive, c’est le combat de Fermes d’avenir. Créé par Maxime de Rostolan, néorural militant, ce réseau de microfermes vertueuses revitalise les campagnes.


Sous son épais pull-over, le tee-shirt affiche la couleur. Un poing tendu brandissant un épi de blé, et deux mots qui claquent comme un slogan : « Farmer Power ». C'est un révolutionnaire des champs qui nous accueille en ce jour frisquet de novembre à la ferme de la Bourdaisière, dans le Val de Loire.
A 35 ans, Maxime de Rostolan mène depuis quatre années un combat au long cours : rendre le monde plus bio en semant les graines du changement dans les campagnes. Utopiste les pieds dans la terre, ce néorural, parisien de naissance et ingénieur chimiste de formation, est le chef d'orchestre du mouvement Fermes d'avenir. Son défi : prouver in situ que l'agro-écologie est plus rentable que l'agriculture conventionnelle. Et développer un modèle de microfermes, déclinable rapidement à grande échelle, comme une alternative efficace au système dominant, intensif et énergivore, qui tue à petit feu le monde paysan.

« Le modèle actuel est à bout de souffle, synthétise le trentenaire. En cinquante ans, on est passé de 10 % à 2 % d'agriculteurs en France, on a perdu 1,5 million de fermes, et entre un tiers et la moitié de la matière organique de nos sols. En 1940, avec une calorie fossile, on produisait 2,4 calories alimentaires ; aujourd'hui, il faut 7 à 10 calories fossiles pour une calorie alimentaire. Il est plus que nécessaire d'inventer le modèle de demain, qui doit polluer moins, employer moins de ressources et plus de gens. » Ce constat d'urgence et l'envie de faire bouger les choses l'ont amené à imaginer cette ferme-laboratoire sur une parcelle de 1,5 hectare de terre sableuse, où, depuis 2012, maraîchers bio et spécialistes de la permaculture (un mode d'aménagement écologique du territoire, visant à concevoir des systèmes stables et autosuffisants) plantent, bêchent et expérimentent, pour enraciner un écosystème agricole vertueux. « Quand nous sommes arrivés, c'était une prairie fauchée deux fois par an qui servait de parking. Nous nous sommes dit : la grande distribution s'amuse à transformer des fermes en parkings, nous allons faire le contraire ! »


Quand un dandy excentrique se fait chantre de la biodiversité
Au-delà du symbole, la ferme de la Bourdaisière est née de la rencontre de deux hommes, Maxime, le militant, et Louis-Albert de Broglie, aussi surnommé le Prince jardinier, propriétaire du domaine de la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire. Dandy excentrique, ce chantre de la biodiversité veille depuis vingt ans sur les 650 variétés de son conservatoire de la tomate. Il préside aussi à la maison Deyrolle, spécialiste de la taxidermie et éditeur de planches pédagogiques. Chez Deyrolle, où il a été embauché pour éditer une collection de supports éducatifs sur le développement durable, Maxime de Rostolan a le déclic en découvrant le biomimétisme et la permaculture. « L'idée du biomimétisme est de s'inspirer de l'intelligence de la nature et des écosystèmes. Et la permaculture est l'application de ce principe à l'agriculture, nous instruit-il. La lecture du livre Biomimétisme, de Janine Benyus, a été pour moi le révélateur. Elle y disait : "si on est convaincu qu'il faut vraiment changer le monde, alors la première brique doit être l'agriculture". J'ai pris conscience que de problème l'agriculture pouvait devenir solution : c'est un des meilleurs moyens de lutte contre le dérèglement climatique, de dépolluer l'eau, de recréer de la biodiversité, de produire une nourriture plus saine. »


Maxime le citadin
Ce modèle vertueux, il part l'observer à la ferme normande du Bec Hellouin. Un lieu pilote en matière de permaculture, qu'observe de près l'Inra depuis 2011 pour en chiffrer le rendement. « Sur un hectare, ils dégagent un chiffre d'affaires de 59 000 euros par an, ce qui bat tous les standards de l'agriculture conventionnelle », s'enthousiasme l'entrepreneur des champs. Comment développer ce modèle à grande échelle « et transformer la Beauce en Bec Hellouin » ? « Je me suis dit que ce serait bien d'étudier scientifiquement une ferme depuis le début, les investissements, le temps de travail, les freins et les contraintes. Pour avoir de vrais arguments à opposer aux partisans du modèle dominant qui estiment que ce n'est pas rentable. » Maxime le citadin, qui n'avait « jamais planté une tomate », passe un brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole, avant de lancer son projet à la Bourdaisière, épaulé par deux spécialistes de la permaculture.
Quatre ans après les premiers coups de pioche, et malgré l'hiver tout proche qui met certaines espèces au repos, le résultat est là : carottes, poireaux, choux, topinambours ou cardons ont remplacé les herbes folles de la prairie. Et Maxime est fier de plonger la main dans la terre pour nous montrer sa vitalité retrouvée. « Il y a des vers de terre partout, ils remontent les nutriments depuis la roche mère et minéralisent le sol, l'aèrent aussi. » Les micro-champignons qui poussent près des planches de carottes lui donnent aussi le sourire : « sur une ferme classique, on les ferait disparaître à coups de fongicide. Nous sommes convaincus, et la forêt nous le prouve, qu'ils sont bénéfiques pour le sol ». La petite mare dans le jardin témoigne aussi du regain de la biodiversité : larves de libellules, de tritons, plein de grenouilles qui, la nuit, dégomment les limaces. Et hérons qui viennent s'y tremper les pattes.


“Chaque semaine, nous recevons mille mails de personnes qui cherchent des informations sur l’agriculture bio”
Déjà capable de nourrir quarante-cinq familles, la production maraîchère n'est pas encore à la hauteur de l'objectif fixé à cinq ans — 130 kilos de légumes par jour et 100 000 euros de chiffre d'affaires annuel. Mais l'année 2016 a été calamiteuse côté météo et 30 à 50 % des récoltes ont été perdues. Pas de quoi décourager Maxime de Rostolan, convaincu plutôt de redoubler d'efforts pour réussir à imposer ce modèle agricole vertueux. En accompagnant aussi tous ceux qui veulent être les acteurs du changement.
« Chaque semaine, nous recevons mille mails de personnes qui veulent s'installer, faire un stage ou cherchent des informations sur l'agriculture bio. Parmi eux, il y a des gens qui ont fait des études supérieures et veulent se tourner vers un métier qui a du sens. » Une envie de « contact avec la terre, un retour aux valeurs simples » dont témoigne également Rachel Serin, jeune maraîchère fraîchement recrutée à la ferme de la Bourdaisière après plusieurs années passées sur les chantiers dans le BTP. 
Pour aider les aspirants néoruraux, l'association propose des programmes de formation ou la mise à disposition d'une boîte à outils technique en open source (www.fermesdavenir.org) . Elle organise également un concours, doté d'une aide financière à l'installation. Fermes d'avenir veut aussi être un réseau (déjà soixante-dix fermes référencées sur son site), pour « agréger ceux qui pratiquent une agriculture de régénération », mutualiser des services (outils de planification, de facturation) et faciliter l'accès à des financements participatifs. L'été prochain, un « Fermes d'avenir tour » de trois mois emmènera des journalistes et des étudiants en école d'agronomie découvrir sur le terrain le travail de quatre-vingt-dix fermiers. « On aimerait que ces élèves puissent expliquer à leurs profs que, sans tracteur et sans produits phytosanitaires, ça marche aussi très bien ! »


Tous les alliés sont les bienvenus
Dans son combat, Maxime estime que tous les alliés sont les bienvenus. Y compris quand ils viennent de la grande distribution ou de chez Metro. Aider Fleury Michon à créer une ferme pour produire les légumes de son couscous ? Il fixe ses conditions mais accepte, au risque de voir les puristes tordre le nez. « Certains militants nous passeraient bien au goudron et aux plumes parce qu'on ose parler à ces gens-là. Je maintiens que, si on veut vraiment changer le monde, le basculement doit se faire là où il y a de la masse. Or 70 % des fruits et légumes se vendent en grande surface. Il faut absolument les aider à se fournir en bio local. Soit on y arrive avec eux, soit on est morts. » Pragmatique, il laboure encore le terrain politique, en « lobbyiste-citoyen », et veut croire à la prise de conscience collective. « Le succès d'un film comme Demain l'atteste, il y a un terreau qui est en train de se constituer, un ferment. J'ai bon espoir que ça prenne. » Sans pétrole mais avec sous le pied un gisement d'énergie et d'idées qui semble infiniment renouvelable : ainsi carbure le révolutionnaire des champs.


L'EMPLOI EST DANS LE PRÉ
Créer cinquante mille à cent mille fermes pour parvenir à nourrir 30 à 60 % de la population en bio local d'ici vingt ans, c'est le défi lancé par Fermes d'avenir. Avec à la clé la création de deux cent mille emplois. « En France, il y a 4 millions d'euros de fruits et légumes importés par an et cinq millions de chômeurs , selon Maxime de Rostolan. Le modèle que nous proposons, moins mécanisé, emploie six fois plus de gens par unité de surface que l'agriculture chimique. Plutôt que d'avoir des chômeurs, créons des emplois qui font revivre les campagnes sinistrées. En permettant aux fermes du réseau Fermes d'avenir d'être éligibles aux emplois d'avenir. Ou d'y envoyer en service civique mille personnes par an pour participer au regain de la biodiversité ? »

Comment la France a tué ses villes

C'est un livre au titre choc que vient de publier Olivier Razemon, journaliste indépendant dont le travail s’articule principalement autour de l’urbanisme et des transports. Car c’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes françaises vont mal. Entre fermeture des commerces, départ des plus riches et élus locaux fatalistes, c’est un portrait de villes à l’agonie que dresse le journaliste.
Interview.


- « Que se passe-t-il actuellement dans les villes françaises ?
- Seules les très grandes villes, Paris et les métropoles régionales, ainsi que les localités touristiques, se portent bien. Les autres, les villes petites et moyennes, souffrent terriblement. Le premier symptôme de leur maladie réside dans la fermeture des commerces qui, chaque année, prend davantage d’ampleur. Ce phénomène des vitrines vides saute aux yeux partout, que l’on se balade dans le centre de Béziers, Périgueux ou de Soissons.
Le nombre de logements vides est un autre symptôme : les villes moyennes présentent un taux de logements vacants dépassant nettement les 10 %, résultat du départ des familles qui en ont les moyens vers la périphérie et ses maisons individuelles. C’est un paradoxe, alors qu’on nous répète en boucle que la France manque de 500 000 logements neufs par an.
Le troisième symptôme, c’est l’appauvrissement de ces villes : elles sont devenues plus pauvres que leur environnement immédiat.
Enfin, on constate la disparition de commerces de base – boucherie, boulangerie, équipement de la maison – au profit d’enseignes de tatouage, de vapotage, d’achat d’or, de ventes éphémères... Le commerce du superflu a envahi les villes moyennes, le commerce de l’essentiel tend, lui, à disparaître.

- Cela fait des années que cette tendance est en marche. Pourquoi cette prise de conscience tardive ?
- Il n’y a pas réellement encore eu de prise de conscience ! La plupart des Parisiens ou des Lyonnais, par exemple, ignorent tout du phénomène… Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’a évoqué cette question des villes moyennes où vit pourtant un quart de la population. Et puis même si localement, il y a une prise de conscience, les choses continuent comme avant : les autorisations sont accordées pour continuer à construire la ville en dehors de la ville, avec toujours plus de centres commerciaux, de zones d’activités, de rocades, de lotissements, de gares TGV bâties dans le périurbain.
Alors, oui, les élus locaux en parlent, mais ils identifient ça soit comme un problème de commerçants, soit comme une fatalité. Beaucoup n’ont pas conscience que c’est comme ça partout ailleurs et pas seulement chez eux. Et la situation risque de s’aggraver : seulement 10% des projets commerciaux en cours verront le jour en ville et donc 90% en périphérie…

- De potentiels coupables sont souvent désignés, à tort… Qui sont-ils ?
- Une foule de coupables sont désignés : l’e-commerce, les loyers commerciaux trop élevés, la crise, les métropoles… Ces facteurs ont bien un impact mais cela reste un impact limité sur d’autres. Internet ne nuit pas aux boulangeries. Pourtant, ces dernières ferment.


La crise n’explique pas tout non plus : quand on regarde les chiffres, les gens sont plus riches qu’avant, car oui, le niveau de vie continue à croître en France. Ce paradoxe est très visible à Aurillac, Vitré, Rodez : ce sont des villes où le chômage reste plutôt faible mais les commerces ferment quand même… On accuse aussi la métropole voisine. C’est vrai que les villes moyennes ne bénéficient pas des mêmes aides publiques, ni de la présence des intellectuels et cols blancs. Mais la quincaillerie d’Agen ne ferme pas à cause de Bordeaux…

- A quoi la crise que traversent les villes moyennes peut-elle être véritablement imputée ?
- Pour moi, c’est la méconnaissance autour du sujet qui est véritablement la cause de l’inertie actuelle. Il faut arrêter de croire que la création d’une activité économique crée des emplois nets. C’est sur la base de cet argument de l’emploi que les élus acceptent la construction de centres commerciaux. Or, si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes ! Continuer à construire en périphérie des commerces soi-disant situés « au cœur de l’agglomération », mais uniquement accessibles en voiture, c’est un laisser-faire, une facilité, un manque de responsabilité.
Il n’y a pas de grand complot… Il s’agit juste d’une pensée à court terme d’hommes et de femmes élus pour 5 ans, de représentants de la grande distribution mais aussi de nous tous, collectivement. Si tous les Français décidaient d’aller dans les commerces de proximité plutôt que d’aller faire leurs courses uniquement au centre commercial, cela aurait un réel impact positif. La qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller acheter son pain à pied…


Les bonnes idées viennent de partout. Le Parti communiste, par exemple, propose de taxer les parkings des hypermarchés pour limiter le développement des grandes surfaces. Une telle taxe, assise sur les surfaces de stationnements des entreprises tertiaires et des commerces de plus de 2 500 m², n’est pas une utopie. Elle existe déjà en Ile-de-France et contribue à financer les transports publics. 
Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de limiter le recours au travail le dimanche aux seuls commerces de proximité et de le bannir, à l’inverse, dans les zones commerciales de périphérie…

- Quelles pistes de travail entrevoyez-vous pour les urbanistes et plus globalement, ceux qui fabriquent la ville ?
- Il est aujourd’hui indispensable de refaire de la ville un espace public où il est simple et agréable de se déplacer à pied. Remettre la voiture partout dans les villes moyennes n’est pas la solution. Les quelques villes qui l’ont fait juste après les dernières élections – en remettant du stationnement sur des places jusque-là piétonnes par exemple - en reviennent. C’est au niveau de la qualité urbaine que cela peut se jouer : des trottoirs larges, des éléments identitaires… c’est dans un travail de détails et de couture minutieux que les urbanistes ont un grand rôle à jouer. »

France : 62% du chiffre d’affaires commercial se fait en périphérie
Ailleurs en Europe, Les villes moyennes allemandes ou italiennes continuent à afficher une belle santé. « L’Allemagne et l’Italie ont un rapport à la ville qui n’est pas le même que le nôtre, indique Olivier Razemon. Ce sont deux pays plus urbanisés, dont les villes ont une histoire ancienne et une identité forte, contrairement à nos sous-préfectures françaises, désignées comme telles par la simple volonté de l’Etat.
Le nombre élevé de communes françaises a aussi favorisé la multiplication des implantations commerciales : chaque maire a voulu son supermarché. » Une étude réalisée en juillet 2012 par le cabinet Procos montrait qu’en France, « 62% du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25% en centre-ville et 13% dans les quartiers. En Allemagne, selon le même document, les proportions sont les suivantes : 33% en périphérie, 33% en centre-ville et 33% dans les quartiers. Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »


Je créé ma mangeoire à oiseaux
Avec les premières gelées, c’est le moment de commencer à nourrir les oiseaux du jardin. Pour cela nous vous proposons de réaliser une mangeoire à oiseaux avec des matériaux de récupération. Le nourrissage des oiseaux débute aux premières gelées et se termine au printemps. Il faut toutefois cesser progressivement de nourrir les oiseaux. Un arrêt brutal risquerait de les condamner. …



Des essences locales ça ressemble à quoi ?
Vous habitez dans le Parc naturel régional de l'Avesnois, territoire reconnu pour sa valeur patrimoniale et paysagère. Vous souhaitez planter des arbres, arbustes ou fruitiers chez vous, privilégiez les essences locales ! Mais quand on cherche quelles espèces planter, les noms latin sont souvent d'illustres inconnus. A quoi ressemble un Salix Viminalis, un Rosa Arvensis, un Humulus Lupulus.... Pour vous …



vendredi 2 décembre 2016

Du Denaisis au Burkina Faso, le «road trip» d’une pelle de chantier solidaire

Sept tonnes, six mois de voyage, plus de 60 000 euros investis… Le Club 33 n’a reculé devant rien pour offrir une précieuse pelleteuse au village de Méguet. Le cousin burkinabè de Douchy pourra ainsi conforter et accroître ses cultures.

En 2009, le barrage de retenue d’eau fluviale de Méguet cède. Dramatique pour les cultures vitales de milliers d’habitants de cette commune rurale du Burkina Faso. La nouvelle gagne Douchy-les-Mines, à 4 500 kilomètres de là. Il faut dire que la jumelle nordiste est liée avec le chef-lieu burkinabè depuis 2001. La Ville communique avec le Club 33. L’association, déjà de belles années de solidarité internationale derrière elle, n’en est pas à son coup d’essai : Maroc, Sénégal, Palestine… En 2007, la cinquantaine de membres s’étaient déjà mobilisés pour envoyer au Burkina Faso un conteneur de matériel collecté à Douchy.


À nouveau, branle-bas de combat : « Sur place, la situation était dramatique », se souvient le président d’honneur Patrick Soloch. Un coopérant de l’école des Mines de Douai est envoyé et redonne vie au barrage, en 2010. « Il fait aujourd’hui vivre 500 familles, permet leur autosuffisance mais aussi la revente d’un petit excédent », félicite Didier Loose. Le président du Club 33 a « pu voir, sur place, son utilité » : il rentre tout juste, comme le maire, d’une semaine de visites.

La pelle et l’océan
Le 15 novembre, les envoyés douchynois fêtaient à Méguet la quinzième année de jumelage. Mais aussi l’arrivée, quelques jours avant, d’une pelle de chantier. Offert par Eiffage puis remis en état, l’engin de sept tonnes avait quitté le Denaisis début mai, pour embarquer sur les eaux. Depuis Le Havre, la pelle mécanique s’est offert une belle courbe sur l’Atlantique avant d’accoster au Ghana. Un pays traversé du sud au nord, jusqu’au Burkina Faso et ses dernières dizaines de kilomètres de pistes pour gagner Méguet, depuis la capitale Ouagadougou. Un voyage de plus de six mois, parsemé de difficultés douanières et administratives : au total, plus de 60 000 euros investis, lâche timidement le Club 33. Dernier acte L’engin permettra l’aboutissement des travaux et offrira une belle opportunité d’avenir : l’actuelle zone de maraîchage de vingt hectares pourrait ainsi doubler, à l’avenir. « Il pleut deux mois par an et il y a beaucoup d’évaporation. La pelle permettra d’augmenter la capacité de stockage d’eau et de creuser de nouvelles voies pour irriguer plus de terres », envisagent les émissaires du Club 33. L’action nécessitera un dernier élan de solidarité : une centaine de bons de 10 € seront vendus prochainement pour permettre de nourrir la machine en gasoil. Les bons financeront aussi des livres et d’autres matériels.