mercredi 23 novembre 2016

Dans un an, il sera possible de relier le Valenciennois à l’Avesnois à vélo

C’est un dossier porté à bout de bras par le vice-président en charge du tourisme, Jean-Marie Leblanc, de la Communauté de communes du Pays de Mormal. La véloroute de Mormal qui consiste à créer un tracé sécurisé pour cyclotouristes reliant le Valenciennois à l’Avesnois verra le jour au cours de l’année prochaine.


L’aménagement d’un itinéraire dédié aux cyclotouristes a été acté lors du conseil communautaire. Il s’agit de créer un tracé de 31,8 kilomètres qui passera par Maresches, Villers-Pol, Orsinval, Le Quesnoy, Villereau, Potelle, Jolimetz et Locquignol.

« Le programme a subi des changements par rapport au terrain, a souligné Jean-Marie Leblanc. Le souhait était de traverser la ville du Quesnoy. Mais le tracé a quelque peu était modifié en raison du projet d’extension de l’entreprise Refresco sur la zone des Près du Roy. Nous avons dû revoir la copie trois fois, car l’itinéraire empruntait des voies abîmées, ce qui n’était pas idéal. » En ligne de mire notamment, cette portion vers Sepmeries, qui n’a plus été retenue, au grand dam du maire, Jean-José Cir, qui comptait sur le passage de ce Véloroute de Mormal dans sa commune, qui dispose encore d’un commerce de proximité.

Pour Jean-Marie Leblanc, « c’est bien la sécurité des cyclotouristes qui prime. Il était or de question de faire passer des cyclistes sur des chaussées très dégradées. Il a donc fallu trouver des voies alternatives ». Par rapport à l’itinéraire initial, le tracé passera donc plus au nord, empruntera des routes existantes et non dégradées, qui seront à terme matérialisées. Et pour répondre au maire de Sepmeries, Jean-Marie Leblanc s’est voulu rassurant, puisque un autre itinéraire, au doux nom « Sur le chemin des saveurs » passera par cette commune du Quercitain.

Fillon et Juppé, deux programmes contre l’écologie

Que disent François Fillon et Alain Juppé sur l’environnement ? S’ils en ont peu parlé durant leur campagne, ils ont bien un programme sur le sujet. Terriblement régressif, même si Juppé... l’est un peu moins.

dimanche 20 novembre 2016


En Belgique, un réseau de pistes cyclables à rendre jaloux les Français

Le long de ses voies cyclables, au calme, la Wallonie offre de saisissants contrastes, entre châteaux, friches industrielles et corons.


Si Georges Simenon place souvent ses meurtres près d'une écluse, ce n'est pas un hasard : sa Belgique natale est un entrelacs de canaux et de chemins de traverse. Ce plat pays, écheveau subtil de ruralité et de patrimoine industriel, est simple à visiter à vélo. Car les Belges possèdent un trésor : RAVeL, un acronyme qui désigne un réseau de voies vertes aménagé sur d'anciennes lignes de chemin de fer et de chemins de halage, soit 1 400 kilomètres qui sillonnent la Wallonie, au calme, à l'écart des grands axes routiers.

Un bond dans le temps
Pour avoir un aperçu de ce que le pays de Godefroy de Bouillon et des frères Dardenne a à nous offrir, rendez-vous à Nivelles, 20 kilomètres au sud de Bruxelles. Nivelles est célèbre pour sa collégiale Sainte-Gertrude de type roman, qui se distingue par son massif occidental. Elle seule mérite le voyage. L'ampleur du bâtiment, détruit par un incendie en l'an 1000, sa rigueur et sa sobriété romanes, la présence des reliques de la sainte et de celles d'Himeltrude, première épouse de Charlemagne, rappellent que nous sommes ici au coeur de l'Europe franque. Un petit tour dans le quartier Saint-Jacques, coeur de la vieille ville, et c'est parti, direction Seneffe, tout d'abord jusqu'au pont d'Arquennes, où la balade se fait délicieusement bucolique et où les nuances des frondaisons répondent au vert tapis de lentilles d'eau qui recouvre le canal. De petites écluses ponctuent cette promenade sans grand effort, car plate. Une fois arrivé à Seneffe, direction le château, élégant dans son vaste jardin à la française, avec son orangerie où l'on peut déjeuner. Sauvé tardivement de la ruine, il abrite en sa cour des oeuvres d'art contemporain et se visite, patins aux pieds pour ménager un sublime plancher en bois et approcher des meubles et de l'orfèvrerie du XVIIIe siècle.

De Seneffe à La Louvière, une tout autre Belgique se dévoile. A partir du XIXe siècle, la Wallonie fut l'un des poumons industriels de l'Europe. A La Louvière, on peut même faire un bond dans le temps et se plonger dans un univers à la Germinal en visitant la cité ouvrière de Bois-du-Luc, bâtie dès les années 1830 selon un plan au cordeau autour des plus anciens charbonnages de Belgique, et de la propriété patronale, protégée par ses grilles.

Mais auparavant, le long du canal dit du Centre, les vestiges de vastes friches industrielles offrent un fascinant spectacle de désolation. Les amateurs apprécieront d'emprunter le vieux canal pour admirer la succession de quatre ascenseurs hydrauliques classés par l'Unesco, dont le dernier, avec sa splendide salle des machines à la patine d'un autre siècle, se visite. Ces merveilles de technologie XIXe (qui fonctionnent encore) permettaient aux péniches de franchir un dénivelé de 80 mètres. Elles sont aujourd'hui remplacées par l'impressionnant ascenseur de Wappy, l'un des plus grands au monde, qui, par son coût, provoqua la colère des Flamands, mais ça, c'est une tout autre affaire !

AULNOY-LEZ-VALENCIENNES L’écoquartier va, enfin, retrouver toute son énergie

Depuis 2008 (Un dossier avait été déposé cette année-là à l’Agence nationale de la recherche), la création d’un quartier faisant la part belle au développement durable a alimenté les débats. Après des déboires avec l’ancien promoteur, le dossier a été remis sur les rails en conseil municipal.


Au fil du temps, beaucoup pensaient que le dossier de l’écoquartier resterait définitivement sur les étagères des archives municipales. « Ce projet, Jules Chevalier en parlait déjà », avait d’ailleurs admis Laurent Depagne, lors d’un point-presse en 2015, pour marquer ses dix ans de mandat à la tête de la commune. Mais, jeudi, lors du conseil municipal, le dossier de l’écoquartier a été réactivé. D’ailleurs, la ville l’avait toujours en tête, mais avait dû passer ces dernières années à discuter, et à négocier, avec Territoires 62, dont elle a finalement décidé (en juin dernier) de racheter la concession d’aménagement qu’elle lui avait confiée à l’origine du projet.
Les élus ont donc acté la clôture des comptes à hauteur d’environ 1,7 M € (études, maîtrise des terrains, honoraires et divers frais financiers, mais pas de travaux), avec néanmoins un solde positif pour la commune de quelque 275 000 €.

En dépit de la facture, Édith Godin a rappelé que son groupe n’« avait jamais été très favorable à ce contrat », et s’est dit « soulagée » que l’ancien concessionnaire ait accepté cette solution plutôt que de « lancer une procédure judiciaire ». Philippe Perek, pour l’autre opposition, n’a rien eu à ajouter. Le maire d’Aulnoy, lui aussi, s’est satisfait de cette solution, pour laquelle « il a fallu de la diplomatie ». Le nouveau directeur de Territoires 62 et Laurent Depagne ont ainsi trouvé un accord pour solder le contentieux. Un nouveau promoteur remettra donc en selle l’écoquartier, « une opportunité exceptionnelle » pour la ville. D’autant que durant toutes ces années de palabres, la communauté d’agglomération et l’État ont manifesté leur grand intérêt pour ce dossier.

En décembre, le protocole de liquidation de l’ancienne concession va être signé. « Nous allons écrire une nouvelle page avec de nouveaux partenaires », s’est réjoui le maire. Cette zone de 5 ha des Hauts d’Aulnoy verra notamment sortir de terre quatre cents logements, en totale autonomie énergétique. Pas étonnant que les ministères de l’Écologie et du Logement aient retenu le projet aulnésien pour le soutenir, durant cinq ans, au titre des projets « démonstrateurs industriels pour la ville durable ».

mardi 15 novembre 2016

COP22 : une opportunité de combler le fossé entre les promesses et les actes

L’encre de l’Accord de Paris est à peine sèche que les États-Unis viennent d’élire un président climatosceptique. Malgré ce contexte international défavorable et une France qui peine a concrétiser ses engagements climatiques, nous ne baissons pas les bras. Au contraire, nous redoublons d’efforts, à vos côtés, pour un engagement des États à la hauteur du défi climatique et pour un monde alimenté à 100% par des énergies renouvelables. Lire la suite

Transition énergétique : la France hors la loi
Le gouvernement français est dans l'illégalité : le décret pro-nucléaire publiant la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est en contradiction totale avec la loi de transition énergétique. Il faut au plus vite programmer la fermeture des réacteurs nucléaires. Greenpeace France et le Réseau Sortir du Nucléaire saisissent le Conseil d’État : EDF n'a pas à dicter la politique énergétique en France. Lire la suite

VALENCIENNES - Un chantier pour préparer la requalification des boulevards Watteau et Pater

Après les boulevards Harpignies et Carpeaux, Valenciennes Métropole s’est attelé à la requalification des boulevards Watteau et Pater. Le projet a déjà été présenté lors d’une réunion publique mais une nouvelle sera organisée le vendredi 2 décembre, en soirée, pour présenter le projet aux riverains et notamment discuter de l’instauration ou pas du stationnement payant sur ces deux boulevards qui ceinturent la ville.


L’abattage des arbres est un préalable à cette réhabilitation. Alors, certes les platanes sont en train d’être abattus mais l’agglo promet « la plantation de 284 arbres et cépées, et de 61 364 arbustes d’essences variées, apportant une plus grande biodiversité en centre-ville ».


Le projet prévoit « la requalification de la voirie et des réseaux, la mise en valeur du patrimoine valenciennois, la création d’un axe vert du parc de la Rhônelle au musée des Beaux-Arts, la création de cheminements doux du musée des Beaux-Arts au square du Rieur, le redimensionnement des trottoirs avec un minimum de 2,60 m de largeur (boulevard Watteau) et avec un minimum de 4,50 m de largeur pour les cycles et piétons sur le boulevard Pater, l’aménagement d’une traversée sécurisée pour les établissements scolaires sur le boulevard Pater et la matérialisation des places de stationnements ».

La Voix du Nord 15/11/16

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Abattage des arbres boulevard Watteau: le maire réagit

La destruction des 115 platanes restants sur le boulevard Watteau à Valenciennes (21 ont déjà été abattus en avril) ne passe pas inaperçue. Sur les réseaux sociaux, certains se sont déchaînés et s’en donnent à cœur joie pour critiquer la disparation des arbres. Le maire aussi a réagi sur sa page Facebook.



La Voix du Nord 16/11/16

Le feu vert à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

C’est un énième rebondissement dans le feuilleton Notre-Dame-des-Landes. La rapporteuse publique, Christine Piltant, demandait l’annulation de quatre arrêtés préfectoraux, jugés contraires au code de l’environnement, et préconisait un réaménagement de l’aéroport existant. La Cour administrative d’appel de Nantes n’a pas suivi son avis, et a donc rejeté tous les recours. La légalité du projet de construction – suspendu depuis quatre ans – est donc validée, le démarrage des travaux autorisé… au nom de l’intérêt public. Autrement dit, selon les juges de Nantes, « assurer le développement socio-économique de la métropole Nantes-Saint-Nazaire […], l’activité économique et touristique du Grand Ouest ». Quid de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, condition indispensable pour assurer l’intérêt public des générations présentes et futures, sur une planète à la température stabilisée, y compris dans la métropole de Nantes-Saint-Nazaire ? De cet intérêt public-là, dont discutent actuellement les Etats rassemblés à Marrakech pour la COP 22, les juges nantais n’ont visiblement pas cure.

Weronika Zarachowicz Télérama

Guide pour jardiner plus nature

Le plan Écophyto a pour objectif de réduire l’utilisation des pesticides. D’ici à 2019, deux avancées majeures vont voir le jour :
• la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoit qu’au 1er janvier 2017, les institutions publiques ne pourront plus utiliser de produits phytosanitaires dans les espaces verts, forêts et promenades ouvertes au public ;
• elle interdit aussi l’utilisation de produits phytosanitaires par les particuliers, à partir de 2019.


Les produits de biocontrôle, qualifiés à faible risque ou dont l’usage est autorisé dans le cadre de l’agriculture biologique peuvent être utilisés.
Vous aussi, grâce à des gestes simples et de bons sens, vous pouvez vous passer de pesticides dans votre jardin en privilégiant des techniques de jardinage qui respectent l’équilibre de la nature. Venez les découvrir grâce à ce petit guide.

Téléchargez le guide sur le site du Ministère du Développement Durable.

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Zéro phyto, 100% bio !


Bienvenue sur le site de mobilisation citoyenne pour une France des collectivités bio et sans pesticide !

Cette campagne a pour but de recenser, encourager et valoriser au niveau national l’effort de nombreuses collectivités, à réduire ou éliminer l’usage des pesticides et/ou à promouvoir l'agriculture bio.

Voir le site.

dimanche 13 novembre 2016

Profession : agriculteur municipal


Salarier des maraîchers pour s’assurer d’une production locale : une nouvelle solution pour les collectivités ? Aujourd’hui, si les régies agricoles restent encore rares, les mairies redoublent d’inventivité pour favoriser l’installation des agriculteurs…


En 1976, Toulouse est pionnière. Sur de vastes terrains lui appartenant, la ville crée une régie municipale agricole… Autrement dit, une exploitation fonctionnant en régie, un mode de gestion d’un service public. Aujourd’hui, sur six blocs culturaux bien intégrés à la cité, une équipe salariée d’ agriculteurs municipaux est à l’œuvre : quatre ouvriers agricoles, un chef de culture et un régisseur.

« Au total, il y a 25 hectares de vignes et 226 hectares de grandes cultures (blé, orge…). Les céréales vont à la coopérative. Les lentilles sont utilisées à la cuisine centrale de la ville (6 tonnes par an, pour les 33 000 enfants des cantines scolaires !) tout comme le jus de raisin. Le vin sert pour les plats en sauce, les événements réalisés par la ville, pour faire des cadeaux… Et les bouteilles sont aussi vendues sur le domaine », explique Martine Susset, conseillère municipale déléguée en charge de l’environnement et maire de quartier à Toulouse. Après quelques années de conversion, l’exploitation est aujourd’hui 100 % certifiée bio, en grande partie pour « préserver l’environnement urbain ». En plus de valoriser un territoire, la régie agricole entend aussi accueillir ponctuellement le public et expérimenter de nouvelles techniques bio.


Une cantine bio et locale
Dans les Alpes-Maritimes, à Mouans-Sartoux, il y a aussi des agriculteurs communaux : deux employés travaillent à la régie municipale agricole, sur un domaine de 4 hectares. En 2014, 20 tonnes de légumes biologiques (50 variétés !) ont été livrées aux cantines de la ville, 21,3 tonnes en 2015 et déjà 18 tonnes fin septembre 2016. Actuellement, 90 % des légumes servis aux enfants des écoles viennent de la régie. L’objectif, c’est d’atteindre 100 %. Tout en menant des actions de sensibilisation à des démarches environnementales liées à l’agriculture !

Il existe de nombreux moyens pour les mairies, d’aider à l’installation et à la pérennisation d’exploitations agricoles.

Malgré ces succès, les cas de régies agricoles municipales restent rares en France. « C’est une bonne solution, mais pas encore dans la culture du pays. Il y a une certaine frilosité », explique Damien Roumet, chargé de mission mutualisation Installation/transmission et Collectivités territoriales chez Terre de liens (dont le rôle est de faciliter l’accès aux terres en impliquant divers acteurs). Il existe cependant bien d’autres moyens, pour les mairies, d’aider à l’installation et à la pérennisation d’exploitations agricoles. « Nous avons de plus en plus de sollicitations de collectivités locales. Même si le temps long nécessaire à la politique agricole et foncière ne correspond pas forcément au temps politique… Elles peuvent s’intéresser au sujet pour des raisons différentes : l’emploi, l’alimentation, la protection de la ressource en eau ou de la biodiversité, la préservation des paysages… Souvent, un autre levier mène aux questions agricoles », souligne Damien Roumet. Alors, quelles sont les actions possibles ?


Boîte à outils municipaux
« D’abord, les municipalités définissent les orientations du foncier sur le territoire et peuvent donc choisir de réserver des parcelles à l’activité agricole », souligne Damien Roumet. Et puis, « il y a aussi un ensemble d’actions consistant à faire un diagnostic foncier agricole, identifier les terres non utilisées, etc. ». Enfin, sans forcément créer une régie, les mairies, peuvent utiliser leurs propres terres ou en acquérir… Avec une idée derrière la tête. A Hantay, dans le Nord, un maraîcher a pu s’installer sur un terrain appartenant à la communauté urbaine. Hélène Mesurolle, adjointe au maire, raconte qu’ « un autre agriculteur s’est ensuite installé sur un terrain appartenant à la mairie, avec un bail rural. Nous cherchons ainsi à favoriser l’implantation et préserver l’esprit rural ».

C’est à peu de chose près ce qui s’est également passé à Quibou, dans la Manche. Antoine Desvages explique : « La mairie avait le projet d’installer un maraîcher bio pour approvisionner la cantine. Je cherchais à m’installer… J’ai donc rempli un dossier, nous nous sommes rencontrés et j’ai été retenu. La mairie a mis à ma disposition un terrain de 1,2 hectares, gratuitement la première année. Et j’ai acheté une parcelle qui était collée ce qui me fait 2,5 hectares en tout ». La municipalité a également financé l’installation des canalisations et d’un compteur au bord de la parcelle. Antoine livre désormais l’école de Quibou qui accueille deux classes maternelles, et une autre école du RPI (Regroupement pédagogique intercommunal). Ce qui représente finalement d’assez petites quantités (d’autant plus que les menus établis ne se limitent pas toujours aux produits de saison !) : le jeune maraîcher a donc bien d’autres débouchés pour ses plus de 120 variétés récoltées à l’année.


En réalité, les façons de faire sont nombreuses… A Ungersheim, dans le Haut-Rhin, 8 hectares de terres communales sont exploitées par une association d’insertion. Terre de Liens propose aussi, grâce à sa fondation, de faire des « montages public-privé de coacquisition ». Au final, qu’est-ce qui marche le mieux ? « C’est vraiment en fonction du projet de la collectivité. Il n’y a pas de recette miracle ! », dit Damien Roumet. Mais il l’affirme : cet engagement local est possible, « et ça marche ! ».

vendredi 11 novembre 2016


À LA UNE . COP22 : PLACE À L’ACTION ET À LA COHÉRENCE
Moins d’un an après la signature de l’Accord de Paris lors de la COP21, les 196 Etats membres se retrouvent à Marrakech. L’action sera-t-elle le maitre mot de la COP22 ?

lundi 7 novembre 2016

Lettre d'information du Parc naturel régional Scarpe-Escaut N° 40 - Novembre 2016


Retrouvez toutes les actualités du Parc ici.

Les raisons de créer une monnaie locale dans le Valenciennois

Joackim Lebrun, directeur adjoint d’Acteurs pour une économie solidaire (APES), anime des conférences sur la monnaie locale. Après Saint-Amand-les-Eaux et Valenciennes, il sera à Condé-sur-l’Escaut, le 7 décembre. Interview.


Qu’est-ce qu’une monnaie locale ?
« Il existe plus de 5 000 monnaies sociales et complémentaires dans le monde. Elles sont complémentaires, car elles n’ont pas pour objectif de remplacer nos monnaies conventionnelles (comme l’euro) mais de les compléter, facilitant les échanges en mariant besoins non satisfaits et ressources non utilisées, ou en permettant de flécher des flux monétaires vers des territoires et des acteurs économiques qui en ont besoin (…) La question est de savoir quel est le projet commun ? Quelle économie locale souhaitons-nous pour notre territoire ? »

À quoi sert-elle ?
« Une monnaie locale circule dans un quartier, une ville, un ensemble de communes ou même une région, et dans un réseau d’acteurs choisis (citoyens, commerces et services de proximité, artisans, entreprises locales, acteurs de l’économie sociale et solidaire, collectivités publiques…). Les monnaies locales ont en général pour objectif de favoriser la consommation responsable, éthique et écologique, recréer du lien social et de la solidarité, par une action citoyenne et démocratique (…) » 

Quelles conditions réunir pour créer une monnaie locale ?
« L’une des clés de réussite d’un projet de monnaie locale est le soutien simultané à la production et à la consommation. Par exemple, Banco Palmas supporte le développement des entrepreneurs locaux grâce à des microcrédits en Reals, tout en octroyant aux habitants du quartier des microcrédits à la consommation en monnaie locale. Le succès dépendra aussi de la qualité de l’offre du réseau de prestataires acceptant les paiements en monnaie locale : elle doit être attrayante, compétitive et diversifiée.
Quels sont les prestataires qui manquent sur notre territoire ? Un poissonnier ? Un magasin de prêt-à-porter ? Une épicerie bio ? Comment les faire venir ? Un projet doit être complété par un dispositif d’aides émanant de la collectivité publique. En France, le paiement en monnaies locales de services municipaux (la piscine, la bibliothèque, les transports…) est maintenant possible. »

Y a-t-il des exemples de monnaie locale viable ?
« L’Allemagne est en tête avec son programme REGIO, qui regroupe environ 30 monnaies locales opérationnelles, dont le Chiemgauer lancé en 2003. Le réseau compte 4 500 membres (1 % de la population de la région) : 702 entreprises, 517 associations, 2 230 consommateurs ; 550 000 Chiemgauer sont en circulation, qui génèrent un chiffre d’affaires 100 % local de plus de 6 millions d’euros. Le Chiemgauer en Allemagne a permis aux magasins labellisés d’augmenter de 10 % leur chiffre d’affaires et de créer des emplois. »

« Demain », tout a commencé là
Il le conseille à tout le monde : « Voyez le film, mais surtout, lisez le livre », nous a répété Jean-Claude Brunebarde. Ce militant écologiste de Flines-lès-Mortagne a vu Demain « trois fois, à Lille, Saint-Amand et Valenciennes ». Il est depuis convaincu de la nécessité d’une monnaie locale : « Elle favorise un certain type de commerces, de produits : circuits courts, bio, développement durable. La monnaie locale ne va pas dans un paradis fiscal, elle ne génère pas de dividendes, elle fait plus de développement économique. Et elle ne concurrence pas l’euro. » Depuis cet été, il organise des conférences, au cours desquelles Joackim Lebrun, de l’APES (Acteurs pour une économie solidaire) Hauts-de-France, explique la façon dont une monnaie locale est créée (lire son interview). Pour l’instant, ça n’a pas encore pris. « Je continue les conférences, persiste Jean-Claude Brunebarbe, j’attends que les commerçants accrochent. » C’est qu’il faut que tout le monde soit d’accord, pour que ça fonctionne : « Il faut les consommacteurs, les militants, le collège des commerçants et artisans, les élus et les institutionnels. » Et de la patience, donc…

Au Brésil, « enrayer la fuite de l’argent »
« Parmi les monnaies locales les plus connues, nous apprend Joackim Lebrun, on compte le Palmas au Brésil. Lancée en 2002 dans le Conjunto Palmeiras, cette monnaie locale a aujourd’hui parfaitement rempli son objectif d’enrayer la fuite de l’argent en dehors du territoire, puisque 93 % des personnes déclarent réaliser des achats à l’intérieur du quartier contre 20 % en 1997. La monnaie locale constitue en cela un outil d’éducation simple pour inciter les habitants d’un territoire à acheter local, et contribuer ainsi au développement de l’économie pour leur propre bénéfice. »

Porte du Hainaut : « Ça va se décider ! »
Député-maire PCF de Saint-Amand-les-Eaux et co-auteur, avec son frère Éric, sénateur PCF, du livre Sans Domicile Fisc, qui fustige les dérives du capitalisme contemporain, est pour la création d’une monnaie locale. « Je suis avec intérêt ce projet, nous a-t-il expliqué, un projet que j’approuve ! Pour l’instant, personne n’a été désigné à l’agglo… mais ça va se décider ! » Pour les commerçants, il est « trop tôt pour en parler » Monique Guilbert et Marc Michel, représentants des commerçants et artisans du Valenciennois, ont assisté à une conférence de Joackim Lebrun et Jean-Claude Brunebarbe. « On demande encore à voir, nous a dit Monique Guilbert. C’est nouveau pour nous, il va falloir plusieurs réunions, des exemples concrets. Pour l’instant, la plupart des commerçants ne sont pas trop intéressés. Ce n’est pas une priorité, avec la période des fêtes, nous avons autre chose à penser. Nous avons aussi le projet du commerce connecté, le problème des cellules commerciales vacantes dans le centre-ville, les élections à la chambre des métiers et du commerce. » Même scepticisme auprès de Marc Michel : « Il est trop tôt pour en parler. J’ai assisté à la conférence, c’est quelque chose qui me semble important, qu’on doit étudier. Nous manquons de connaissance, nos adhérents sont dubitatifs. La plupart des gens ne savent même pas ce que c’est ! Et nous avons d’autres sujets importants, il ne faut pas courir plusieurs lièvres à la fois. » 

Les exemples français
« Les initiatives sont nombreuses et la France est en marche pour devenir l’un des pays les plus dynamiques du mouvement, indique Joackim Lebrun. Depuis 2010, les monnaies locales s’y multiplient : on compte plus de 70 projets en cours ou en préparation. L’Abeille à Villeneuve-sur-Lot, l’Héol à Brest, l’Eusko au Pays basque, la Roue dans le Vaucluse, la Mesure à Roman, le SOL violette à Toulouse, le BOU-SOL à Boulogne, la Pêche à Montreuil, la Luciole en Ardèche… »

dimanche 6 novembre 2016

AULNOY-LEZ-VALENCIENNES Un premier ballot de paille pour lancer les travaux de «l’éco-école»

Pour le lancement officiel de la réhabilitation-extension et reconstruction du groupe scolaire Jules-Ferry, la pose de la première pierre ne pouvait être qu’inédite. Elle le fut, vendredi soir, avec la mise en place du premier caisson d’isolation, assurée par des ballots de paille. Ni truelle, ni mortier.


Laurent Depagne n’a pas eu besoin de se transformer en maçon pour poser la « première pierre » des travaux de rénovation et d’extension de l’école Jules-Ferry, rue Victor-Hugo. Car de briques, il n’y aura pas : l’isolation des murs sera assurée par des caissons remplis de ballots de paille. Cette innovation énergétique ne sera qu’une des nombreuses techniques mises en place lors de ces travaux amorcés en avril, mais entrés dans le vif du sujet juste après la rentrée scolaire.

Les calories produites par les écoliers alimenteront le chauffage
Pour ce chantier, l’architecte Jean-Luc Collet et son équipe ont prévu les dernières innovations en matériel d’économie d’énergie. « Ici, la troisième révolution industrielle est réellement en marche », a d’ailleurs résumé le maire d’Aulnoy, vendredi soir, lors de la réception de ce « premier ballot ». Outre l’isolation thermique des murs par l’extérieur, l’école Jules-Ferry sera dotée de capteurs solaires aérothermiques, « qui fonctionneront à l’air et non à l’eau » ; de vitrages pariéto-dynamiques, « qui récupéreront les calories produites par les enfants » pour fonctionner comme de véritables radiateurs ; des réservoirs de fraîcheurs d’un volume de 500 m3 où, dans la zone humide, seront récupérées les eaux pluviales. Bref, de quoi faire du futur groupe scolaire Jules-Ferry « une éco-école », pour reprendre la belle expression du sous-préfet, Thierry Devimeux.

Les élèves de maternelles prendront possession des nouveaux locaux en septembre 2017 ; ceux de primaire, l’année scolaire suivante.


« L’audace » dont a fait preuve Aulnoy pour ce projet chiffré à près de neuf millions d’euros a aussi séduit bien au-delà des frontières de la ville ; avec, à la clé, de nombreuses participations financières. De la caisse d’allocations familiales, qui a attribué 60 000 €, plus un prêt de 150 000 € à taux zéro ; de l’Europe, via le FEDER, avec près de 640 000 € ; de Valenciennes Métropole, avec un peu plus d’un million ; et l’État, avec environ 365 000 €.

samedi 5 novembre 2016

L'actualité du Parc naturel régional de l'Avesnois- 2 - Novembre 2016


Accueillir le hérisson dans son jardin
Le hérisson contribue à éliminer bon nombre d’animaux considérés comme nuisibles, ce qui en fait un précieux ami des jardiniers. Cependant, pas question d’adopter un hérisson il s’agit d’une espèce protégée qu’il est donc interdit de capturer, de transporter, d’acheter ou de vendre. D’autant que, capturer un hérisson adulte, c’est risquer d’abandonner et de laisser mourir quelques orphelins !


Notre-Dame-des-Landes : vers un possible coup d’arrêt du futur aéroport

Devant la cour administrative d’appel de Nantes, lundi 7 novembre, le rapporteur public va demander l’annulation des arrêtés préfectoraux permettant le démarrage du chantier.


C’est un possible coup d’arrêt aux travaux de construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), à une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes. Selon des informations du Monde, lundi 7 novembre, lors d’une audience de la cour administrative d’appel de Nantes, le rapporteur public devrait demander l’annulation « totale ou partielle » de certains des arrêtés préfectoraux permettant le démarrage des différents chantiers.

Ces arrêtés, publiés par la préfecture de Loire-Atlantique en décembre 2013, autorisaient des dérogations aux réglementations sur la protection des espèces protégées et à « la loi sur l’eau ». Les associations d’opposants – dont l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport et le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – avaient alors attaqué en justice ces textes. Outre la loi sur l’eau et les espèces protégées, leurs requêtes visaient aussi la déclaration d’utilité publique (DUP) du « programme viaire », c’est-à-dire le programme d’aménagement des voiries départementales et communales sur le territoire des communes directement concernées par l’emprise de la future plateforme aéroportuaire.

Le 17 juillet 2015, le tribunal administratif avait rejeté, en première instance, toutes les requêtes des opposants, ouvrant ainsi la voie à un possible démarrage du chantier de l’aéroport. Manuel Valls, s’était alors félicité de la décision du tribunal, qui devait « entraîner la reprise des travaux ». Un refrain que le premier ministre n’a cessé d’entonner régulièrement depuis, jusqu’à tout récemment, confirmant un début des travaux à l’automne.

« Signal positif » pour les opposants
La cour administrative d’appel de Nantes peut-elle tempérer l’ardeur gouvernementale ? Certes, les conclusions du rapporteur public pourraient ne pas être suivies par la cour, qui devrait rendre sa décision dans un délai de deux à trois semaines au maximum. Pour Thomas Dubreuil, l’un des avocats des requérants, « c’est une petite surprise, mais surtout un signal positif ; après il faut attendre le détail des arguments sur le fond et la décision de la cour ».

Si les magistrats suivaient le rapporteur public, cela signifierait sans aucun doute a minima un nouveau report de ce projet d’aéroport, vieux de plus d’une cinquantaine d’années. Et un coup dur pour le gouvernement et le chef de l’Etat.

En décidant la tenue d’une consultation locale pour valider le transfert de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique vers le bourg de Notre-Dame-des-Landes, dans le bocage nantais, François Hollande espérait relégitimer un projet encalminé dans les terres humides nantaises.

La victoire du « oui » au transfert, avec 55,17 % des voix, le 26 juin, lui laissait espérer une piste ouverte pour le futur aéroport. De leur côté, les opposants ont rejeté ce résultat, critiquant l’aire de consultation – le département de la Loire-Atlantique – autant que la question, qui ne laissait pas envisager d’autre alternative. Le 8 octobre, plusieurs dizaines de milliers d’opposants se sont rassemblés sur la ZAD, la « zone à défendre », occupée par quelque deux cents zadistes et agriculteurs, s’engageant à s’opposer par tous les moyens aux futurs travaux.

L’affrontement promis avec les gendarmes pourrait être différé, voire annulé. « Si les conclusions du rapporteur sont suivies, on voit mal comment le gouvernement pourrait démarrer les travaux, confie Françoise Verchère, du CéDpa. En attendant, nous nous rendrons à l’audience de lundi beaucoup plus sereinement : cela fait longtemps que l’on dit qu’il y a un vrai problème avec les arrêtés “loi sur l’eau” et “espèces protégées”. »

mardi 1 novembre 2016

La construction en terre, une technique performante et écologique entravée par les lobbies du ciment


En Isère, le Domaine de la terre est un quartier d’habitat social unique en France. Les 70 logements y sont tous construits en terre crue, une ressource naturelle et locale, 100% recyclable et non polluante. Trente ans après avoir été bâti, ce quartier apporte la preuve qu’il est possible d’édifier à moindre coût une architecture de terre avec une faible consommation énergétique et un vrai confort thermique. Pourtant, l’opération n’a jamais été réitérée en France. Pression des lobbies cimentiers, absence de suivi des pouvoirs publics, réglementation... En dépit de ces freins, la filière terre connait un renouveau. Reportage et enquête sur une solution d’avenir.

Des nichoirs pour oiseaux se fondent dans les bâtisses en terre crue. Ils surplombent la rue Hassan Fathy, du nom de l’architecte égyptien qui, dès le début du 20e siècle, plaide pour un bâti pensé avec des matériaux locaux. C’est dans cette philosophie que s’inscrit le Domaine de la Terre, un quartier expérimental situé à Villefontaine, à une quarantaine de kilomètres de Lyon [1]. Disposés à flanc de colline, quelque 70 logements HLM y occupent un peu plus de deux hectares. Érigés en 1985, les onze îlots sont construits en terre crue, un matériau délaissé depuis des décennies. Il a pourtant été longtemps employé dans la région Rhône-Alpes : 80% des habitations du Haut Dauphiné construites avant les années 1950 sont bâties avec ce matériau peu coûteux, aux performances thermiques et écologiques de premier plan.

Confort thermique et faible consommation énergétique
Pisé, bauge, torchis... plusieurs techniques de construction en terre ont été utilisées sur le quartier, après un appel lancé aux architectes de toute la France [2]. Ces différentes techniques sont combinées dans la tour de 15 mètres de hauteur qui surplombe le Domaine. À ses pieds, plusieurs façades arborent des briques de terre comprimée, qui assurent une isolation phonique et acoustique. Au quotidien, les locataires apprécient la fraicheur de leur maison en été, et son confort en hiver. « La terre est un matériau qui restitue la chaleur de manière différée : s’il fait chaud dehors, la chaleur sera restituée douze heures plus tard ; au contraire, la fraicheur reste en journée », détaille l’architecte Anne-Lyse Antoine, spécialiste de la terre crue. La terre régule aussi l’humidité à l’intérieur d’un bâtiment.


Le quartier relève aussi d’une expérimentation bioclimatique. Dans les maisons, les celliers et sas d’entrés sont orientés côté nord afin de constituer des « espaces tampons » et de protéger du froid. A l’inverse, de grandes serres rythment la façade sud d’un bâtiment afin de capter et distribuer la chaleur du soleil sur deux niveaux. L’implantation du bâti, son orientation, le choix des matériaux, tout a été soigneusement pensé. Dix ans après la construction, en 1997, une étude thermique a montré que les bâtiments du Domaine de la Terre consommaient entre 10 et 40 fois moins d’énergie que les autres bâtiments de la commune [3] !

Des logements écolos pour tous
Dans les allées se succèdent des maisons individuelles et de petits logements collectifs aux formes variées, sur deux ou trois niveaux, abritant des jardins. Difficile d’imaginer que nous sommes au cœur d’un quartier d’habitat social. C’est précisément ce qu’a voulu Alain Leclerc, l’architecte et urbaniste qui a été chargé de la conception du quartier. « On ne doit pas voir ce qui est HLM ou pas, explique t-il. Une ville est faite pour tout le monde, je n’organise pas des ghettos. » Opposé aux tours HLM, il veut prouver qu’il est possible, pour le même prix, de construire des maisons individuelles groupées. « Il faut offrir aux locataires un habitat qui soit moteur de leur évolution sociale. »


Avec 32 logements à l’hectare, la densité du Domaine est importante [4]. Mais la force du quartier réside surtout dans le fait que les habitats et les équipements – écoles, commerces, maison de quartier ou places publiques – ont été pensés simultanément [5]. « Il y a un niveau de seuil par équipement, précise l’urbaniste. Nous savons par exemple qu’il faut 600 logements pour faire vivre un collège. Si nous voulons que les usagers aillent à l’école à pieds, cela suppose un nombre minimum de logements dans un rayon maximum. Nous n’avons pas fait de routes trop larges, pour que la vitesse reste lente. » Trente ans après, le résultat est là : nombre d’enfants continuent de se rendre à l’école à pieds ou à vélo, empruntant les coulées vertes qui sillonnent le quartier.

Pas plus cher que des logements sociaux conventionnels
« En 1972, on nous disait que nous ne savions pas financer du logement social en maison individuelle. Mais nous avons prouvé dès 1973, dans un premier quartier à Villefontaine, que nous pouvions le faire », rappelle Alain Leclerc. Le coût du mètre carré est en effet proche de celui des logements sociaux de grande hauteur. « L’habitat individuel n’est pas déterminé par le niveau de ressources des futurs habitants. La différence de prix se fait sur le second œuvre (l’aménagement intérieur, ndlr) ». Les coûts ont aussi été réduits par une utilisation maximale de matériaux locaux : « La terre du pisé a été prise sur le terrain, le bois dans la région, il n’y a pas d’acier et le moins de béton possible. » Même les bancs publics ont été taillés dans une carrière à proximité. Des entreprises locales ont été mobilisées. Les briques de terre comprimées proviennent ainsi d’une usine de la région qui, avant ce projet, fabriquait des agglomérés en béton.


Trente ans après la réalisation, les bâtiments ont bien vieilli et sont en bon état. « L’avantage de la terre, c’est qu’elle oblige à travailler correctement, relève Alain Leclerc. Par exemple avec le pisé, si le travail est mal fait, on le voit au moment du décoffrage. Les malfaçons sont immédiatement visibles. Dans le béton, on les découvre quinze ans plus tard. » La terre favorise aussi des économies à long terme grâce à l’absence de peinture, d’enduit et d’entretien pendant plusieurs dizaines d’années. « C’est facile à retoucher. S’il y a des trous, il y a juste besoin de terre pour reboucher », observe l’architecte Anne-Lyse Antoine.

Pressions des lobbies du ciment
Dans les premières années qui ont suivi la construction du Domaine de la Terre, près de 40 000 visiteurs par an sont venus constater qu’il était possible d’édifier à moindre coût des bâtiments en terre avec un confort moderne. Pourtant, ce type d’opérations n’a pas été renouvelé en France. Pourquoi ? « Les grosses entreprises ne peuvent pas faire de bénéfices sur des opérations comme celles-là, analyse Alain Leclerc. Nous avons travaillé avec onze architectes s’appuyant sur des entreprises locales. Ce programme n’a alimenté aucune caisse électorale ! » Une vision partagée par l’architecte-urbaniste Jean Dethier : « La terre crue, c’est le matériau anticapitaliste par excellence. On ne peut pas la vendre puisqu’elle est là sous vos pieds, dans votre lopin. Elle n’intéresse aucune banque (...) ni aucun groupe industriel puisqu’elle ne peut être source de profit » [6].


En décembre 1986, la ville de Grenoble s’affiche comme « capitale de la terre », raconte Jessica Adjoua dans un récent mémoire de recherche intitulé Le renouveau de l’architecture de terre dans les années quatre-vingt. Elle fait état d’un épisode marquant : Grenoble s’apprête à accueillir l’exposition de l’architecte belge Jean Dethier sur la construction en terre, qui a rencontré un vif succès cinq ans plus tôt au Centre Pompidou. La réaction du lobby cimentier est immédiate, avec la publication par le groupe Vicat d’une page de publicité au slogan évocateur : « Grenoble, capitale du ciment ». Dans les jours suivants, le ministère de l’Équipement convoque Jean Dethier, en contrat avec les institutions de l’État, et l’oblige à arrêter toutes ses démarches. « Cet événement eut une conséquence majeure dans la tentative de relance de la filière "terre crue" », relève la jeune architecte. Des projets de construction de terre en France et au Maroc sont notamment annulés.

Freins réglementaires
La réglementation limite également le développement de la filière en France. « La terre est considérée comme un matériau expérimental par différentes corps de métiers », précise Anne-Lyse Antoine. L’obtention d’un avis technique expérimental (Atex) a un coût et peut requérir plusieurs mois d’études. « L’Atex n’est par ailleurs pas réutilisable pour d’autres bâtiments, donc on ne capitalise pas sur le savoir-faire. En Allemagne par exemple, ils ont des règles professionnelles et des normes pour le matériau, ce qui rend la construction plus facile ». Mais selon Alain Leclerc, ce problème de l’absence de réglementation mis en avant par les pouvoirs publics est un « alibi » : « Pour le Domaine de la Terre, nous avons pris le temps de rencontrer Socotec, le bureau de contrôle. Il n’avait rien contre, donc on y est allés. L’essentiel est d’être informé. Et d’obliger ainsi les personnes en face à nous démontrer qu’il y a des problèmes. »


Pour cet urbaniste, le principal défi pour développer la filière n’est pas tant technique que culturel. De nombreuses idées reçues courent à l’encontre de la terre. Ce serait un matériau « sombre », « poussiéreux », « fragile », « non durable dans le temps ». Mais les mentalités changent et la construction terre connait un renouveau [7]. A défaut d’avoir entrainé un décollage de la filière en France, le Domaine de la Terre a joué un rôle important dans d’autres pays en Europe comme l’Allemagne, et engendré la réalisation de projets en Afrique. Alain Leclerc reste optimiste : « Ce qui a tué l’architecture en terre au lendemain de la guerre, c’est que l’État a massivement subventionné l’acier pour faire du béton armé, et l’énergie des cimenteries. On a pu construire en hauteur en béton armé parce qu’on n’en payait pas le vrai prix. Mais la nécessité de vivre au niveau de nos moyens va faire loi. »

L’avenir est dans la friche


Fertiliser, inventer, rayonner... La Condition Publique, la Belle de Mai ou Le Centquatre s'affichent comme des labos d'essai. Et s'ouvrent à toutes les pratiques et à tous les publics.
Des utopies urbaines, les friches industrielles reconverties en lieux culturels ? En y songeant, des images surgissent comme autant de spots publicitaires promouvant une parfaite mixité sociale. Ce ne sont pourtant pas des mirages : ces mariages peu orthodoxes entre danseurs hip-hop et ballerines dans la nef du Centquatre, à Paris ; ces étudiants du cours Florent qui, venus y déclamer du Tchekhov, ont reconnu l'acteur et réalisateur Mathieu Amalric et lui ont demandé de les écouter ; et ce jour où Thomas Walks, professeur de skateboard à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, a vu « deux adolescentes s'embrasser à proximité de mamans voilées sans que ça choque personne ». Ces histoires de rapprochements, de rencontres ou de chocs entre différents milieux, différentes couleurs, différentes pratiques traduisent l'ambition du Centquatre, de la Friche la Belle de Mai, de la Condition Publique, à Roubaix, et d'autres territoires d'expérimentation : décloisonner et réinventer la culture au sein d'îlots urbains apaisés.

A Roubaix, à la Condition Publique (CP), l'époque de la « fabrique culturelle » créée à l'occasion de Lille 2004, capitale européenne de la culture, dans une ancienne usine de conditionnement de la laine, est déjà révolue. Le nouveau directeur, Jean-Christophe Levassor, rêve d'un « laboratoire créatif s'inspirant des nouveaux modèles sociaux, économiques, environnementaux ou urbains ». Mission impossible sans repasser par la case départ : attirer les habitants du quartier du Pile, le plus déshérité de Roubaix, ville la plus pauvre de France. « Beaucoup d'entre eux pensaient que la CP ne leur était pas destinée, explique l'adjoint à la culture, Frédéric Minard. Il fallait donc mieux ouvrir le lieu sur le quartier et organiser des manifestations comme un marché qui donne envie aux familles de venir. »
Ce premier mercredi d'octobre, en passant sous l'arcade de la Condition Publique, on pénètre dans une rue couverte abritant des maraîchers qui se fondent parfaitement dans ce décor de cinéma. On a le choix entre faire son marché et... faire son marché : s'aventurer côté pair ou impair de la rue, dans l'Espace Croisé (un centre d'art contemporain), profiter d'un apéro-mix dans la verrière ou participer à un atelier d'architecture bricolée animé par le collectif Les Saprophytes. Dans les étages supérieurs logent de nombreux « laborantins », tels le collectif de designers Faubourg 132, jamais à court de projets d'aménagement participatif, ou le Labo des histoires, qui propose des ateliers d'écriture gratuits aux moins de 25 ans.
Jean-Christophe Levassor se voit moins comme un « directeur artisti­que que comme un manager et l'animateur d'une coopérative ». « Son arrivée a changé beaucoup de choses », confirme Sabine Duthoit, du collectif Art point M, organisateur du Name, festival dédié aux musiques électroniques, lancé ce 7 octobre à la CP. « On est dans un esprit collaboratif, on parle circuit court, économie circulaire, et le lieu est parfait pour les événements XXL. » Avec un maigre budget de 2,2 millions d'euros (dont 1,95 million en subventions), il reste néanmoins peu de marge pour investir dans l'artistique. « La contrainte économique et le contexte urbain et social nous poussent à innover pour réinventer notre modèle culturel et devenir un lieu de rayonnement, tout en associant le quartier à notre projet »,explique Jean-Christophe Levassor. Compter sur des « partenaires forts » comme Art point M, qui dispose d'un budget propre pour son festival, est donc indispensable. Grâce à ce partenariat, deux cent cinquante collégiens et lycéens du coin participent à Name Academy : des master class d'initiation aux musiques du monde à travers la pratique d'instruments électroniques. Ou comment inventer une culture généreuse et exigeante en limitant les frais.

L’extraordinaire productivité d’un petit potager de 50 m2 : un exemple pour nourrir la ville de demain ?

Dans la banlieue de Rouen, un jardinier amateur arrive à produire 300 kg de fruits et légumes par an, avec son potager d’à peine 50 m². Et ce, sans pesticides ni engrais chimiques. Optimiser l’espace, favoriser les échanges entre végétaux, bien choisir les endroits où pousseront tels types de plantes, voici ses conseils en cinq grandes leçons. De quoi inspirer celles et ceux qui souhaiteraient développer l’autonomie alimentaire de leur quartier sans forcément disposer de grands espaces.


Là, des tomates rouges et noires qui commencent à grossir. Ici, des pieds de courges qui grimpent au-dessus de l’abri à bois. En dessous, des fraisiers et un myrtillier. 200 variétés de fruits et légumes différents s’épanouissent dans ce jardin de Sotteville-lès-Rouen, à dix minutes du centre de Rouen, la capitale normande. Une extraordinaire densité de végétaux répartie dans un espace de 150 mètres carrés. En plus d’être productif, le jardin resplendit sous le soleil de la mi-juillet. Quand ils ne jardinent pas, Joseph Chauffrey et sa compagne, les propriétaires, aiment profiter d’un petit carré d’herbe, à côté de la mare, où s’asseoir, lire ou boire une bière, et profiter des rayons du soleil après la journée de travail.

Cet incroyable petit potager n’est pas celui d’un maraîcher, travaillant d’arrache-pied pour y cultiver des légumes. Joseph Chauffrey est animateur en environnement à la Métropole Rouen Normandie. Et c’est sur son temps libre, en six ans, que ce passionné de permaculture a petit à petit construit son jardin... et une quasi autonomie alimentaire en légumes de son foyer ! L’année dernière, il a récolté environ 300 kg de courges, tomates, haricots, choux ou salades ! « Nous avons simplement dû acheter des pommes de terre, de l’ail et des oignons pour compléter nos propres récoltes, raconte Joseph. D’ici quelques années, nous devrions aussi être presque autonomes en fruits. »


Pour le jardinier, l’autonomie individuelle n’est pas un objectif en soi : « Si ma voisine produit des abricots et moi des salades, on peut se les échanger. L’autonomie strictement individuelle me dérange, mais celle d’un quartier ou d’une ville est intéressante. » Si Joseph Chauffrey calcule tout ce qui entre et sort de son jardin, c’est dans un souci de sensibilisation et de transmission, « pour montrer aux gens que c’est possible ». Son but : « Tenter de voir jusqu’où la productivité peut aller avec 45 mètres carrés cultivés, sans engrais chimique, sans produits phytosanitaires autres que ceux autorisés en agriculture biologique. Mais avec des connaissances et des techniques qui permettent d’accroître les rendements. »