lundi 29 mai 2017

« Mais où sont passés tous les insectes ? »

La revue Science publie ce mois-ci un article au titre surprenant. « Mais où sont passés tous les insectes ? », s’interroge le célèbre périodique. Cette question inquiétante effleure parfois les automobilistes de plus de quarante ans, ceux qui se souviennent que, jusque dans les années 1990, au moindre déplacement, leur pare-brise était constellé d’impacts de bestioles. Il est aujourd’hui, le plus souvent, immaculé.


« J’ai tendance à ne me fier qu’aux données scientifiques, mais quand vous réalisez que vous ne voyez plus tout ce bazar [sur votre pare-brise], ça vous prend aux tripes », dit l’entomologiste Scott Black, directeur de la Xerces Society for Invertebrate Conservation et cité par la revue.

De fait, qu’on soit sensible ou non à la préservation de l’environnement, être frappé par la révélation de ce crépuscule des insectes laisse un puissant sentiment d’inconfort. On cherche à se rassurer comme on peut : peut-être les automobiles d’aujourd’hui sont-elles simplement plus aérodynamiques. Hélas ! Scott Black s’est aussi posé la question et s’est souvenu qu’adolescent, en 1969, il conduisait une superbe Ford Mustang qui malgré sa ligne effilée « devait être tout le temps nettoyée ». A l’inverse, l’un de ses collègues possède aujourd’hui « une Land Rover à l’aérodynamique de réfrigérateur » dont le pare-brise demeure désespérément vierge…

La science a toutes les peines du monde à quantifier cette discrète disparition. Au cours des dernières décennies, seules de très rares mesures de l’abondance des invertébrés ont été conduites. Probablement parce que l’intérêt scientifique de telles expériences était jugé faible, nul ne pouvant imaginer que ce vaste monde grouillant et bourdonnant puisse un jour connaître un effondrement aussi radical et rapide que celui observé aujourd’hui, sur tous les continents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire