vendredi 16 juin 2017

Valenciennois : Olivier le maraîcher et son âne arrivent à La Sentinelle.

A La Sentinelle, près du château d’eau, un maraîcher bio s’installe sur un terrain mis à sa disposition, gratuitement, d’une superficie de presque 3 hectares, par la municipalité. Un geste vers le développement durable. Rencontre avec la Maire, Bernadette Sopo et le maraîcher, Olivier Delsaut, à quelques jours de la fête du Printemps, les 13 et 14 mai.


La municipalité aide à l’installation d’un maraîcher bio.
Une commune qui fait son geste de colibri. La municipalité de La Sentinelle souhaitant favoriser l’installation d’un maraîcher bio, a mis à disposition, face au château d’eau, « une parcelle de 29 444m², rue Gustave Delory, via la signature d’une convention tripartite entre la commune, l’association A petit pas et Olivier Delsaux, le porteur de projet ». Bernardette Sopo explique « Olivier Delsaut a postulé, il est en couveuse avec l’association A petits pas, qui lui apporte son aide. Il a obtenu très rapidement la certification « bio »». La production de fruits et légumes alors? En vente directe, pour le début. « Avec l’objectif peut-être aussi de se rapprocher de la restauration scolaire, qui a déjà 25% de bio dans les assiettes ». Ici, chaque petit geste compte.

Olivier Delsaut, tout sourire, prend ses marques sur le terrain.
Nous avons été à sa rencontre un jour ensoleillé, petite marche entre les arbres, les rondins de bois et la pelouse fraîchement tondue. Olivier nous fait visiter le terrain et nous parle de ses projets. D’abord il coupe quelques arbres sur la parcelle, mais pas tous. Ouf ! D’ailleurs il va semer entre les arbres, oui oui, c’est ce que l’on appelle l’agroforesterie, et avec les arbres qu’il a coupé, il va construire un hangar en bois cordé. Késako? C’est tout simplement une méthode de construction dans laquelle des bûches sont écorcées et assemblées par un isolant entre les bûches et du mortier aux deux bouts. Il a déjà semé « la récolte arrivera en mai, un peu de tout », nous confie-t-il, avant d’annoncer « j’attends avec impatience mon âne, avec qui je vais travailler en traction animale sur le terrain. Un âne c’est doux, ça ne tasse pas le sol et on peut tout faire avec. »

Petite présentation.
Olivier Delsaut a 48 ans, il a ce que l’on appelle « une bonne bouille », en reconversion professionnelle, il explique « j’ai choisi ce métier pour le retour à la terre. Mon projet est d’avoir un terrain et créer une micro ferme de maraîchage bio avec traction animale et en permaculture » La permaculture, expliquez-nous avec votre idée, car chaque permaculteur peut développer ses propres principes, « c’est observer, créer et développer, chaque élément peut servir à plusieurs choses. » Effectivement la permaculture est la contraction des mots anglais « permanent agriculture ». Développé dans les années 70 par Bill Mollison et David Holmgren, ce concept permet de concevoir et installer des environnements écologiquement résilients, équilibrés et auto-suffisants. Elle s’appuie sur une éthique : prendre soin de la Nature, prendre soin de l’Humain et partager équitablement.

Le maraîcher a posé ses valises de ferme en ferme pour apprendre, à celle de Ste Marthe de Philippe Desbrosses, un temps dans le Loir-et-Cher ou encore avec Maxime De Rostolan, qui prône une agriculture biologique et une production harmonieuse avec la nature, durable, économe, en utilisant des écosystèmes naturels. Chez Permaterra, en passant par le lycée de Lomme et Cense Equi’voc, mais aussi avec Jean-Martin Fortier maraîcher jardinier Québecquois et Pierre Rabhi le colibri Terre et humanis et Promatta. « Je me suis formé au maraîchage bio, à la traction animale, à l’agroforesterie et à la permaculture avec diverses associations en France et à l’étranger. J’ai pratiqué du woofing dans plusieurs fermes dans l’Indre ou à la ferme d‘avenir, La Bourdaisière, dans le sud et aussi des chantiers participatifs… », détaille Olivier, qui aimerait réaliser des initiations à la permaculture par la suite.

Alors ce terrain? « Je démarre le projet d‘installation mais je ne suis qu’ au début de la création, avec le temps, le terrain produira des légumes bio , il y aura un espace boisé de détente, de vie sauvage et de partage de connaissances. »

Vos premiers pas? Comment ça marche? « J’ai signé un contrat d’accompagnement en couveuse, un an renouvelable, avec l’association A petit pas d’Avesnes-sur-Helpe, pour me tester. L’association gère la partie comptabilité de mon projet et là, moi, je prépare le terrain. J’ai attendu la certification en bio du terrain par Ecocert, comme je n’y avais pas touché, il est passé en bio directement. »

Les premiers légumes pour bientôt? « Oui, cette semaine. Dès que mes premiers légumes, une trentaine, sortiront, ils seront bio! Je travaille sans retourner le sol, à la grelinette, ce n’est ni tout abattre ni tout arracher. Je vais aussi travailler en traction animale avec un âne qui arrivera bientôt sur le terrain dès que son abri sera monté. Je vais mettre carottes, radis, salades, courges, tomates, pommes de terre, haricots et des aromates, thym, ciboulette, persil puis des plantes perpétuelles. Cet automne, je vais voir pour planter des petits fruits pour l’instant je vais vendre au terrain et sur un point de vente puis sûrement en panier. »

Des projets ?
«La construction du hangar en bois, des toilettes sèches et je vais monter une serre aussi par la suite pour l’arrière saison. Plus tard, j’ espère développer et avoir d’ autres animaux, poule, oie, chèvre…la partie maraîchage démarre tout doucement, le sol est bon puisque les arbres l’ont protégé et nourri. » 

A La Sentinelle, des petits gestes au quotidien vers le développement durable, chacun fait sa part du boulot.
La légende du colibri, Bernadette Sopo la connaît. Sensibilisée au développement durable, la Maire parle « environnement » dans tous les services municipaux : « les services techniques n’utilisent plus de produits phytosanitaires, un an avant la loi, ils étaient prêts. Le projet a été mené sur tous les produits d’entretien avec l’élue à l’environnement Mme Carémieux, via Boréal, projet porté par le SIAVED », note la Maire avant d’ajouter « le tri des papiers en mairie, le tri des déchets, etc. ». De plus, dans le cadre de la politique sur le développement durable, La Sentinelle s’est inscrite dans le Pacte Territorial de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut, à travers celui-ci plusieurs mesures ont été prises ou vont l’être, comme par exemple des études d’économie d’énergie à l’école maternelle, c’est d’ailleurs dans le respect de cette ligne de conduite que le choix a été fait, après réflexion et analyse d’études menées au niveau national, d’éteindre l’éclairage public de la commune. Effectivement les lumières des candélabres sont éteintes de 23h00 à 05h00 sauf le samedi de 24h à 05h00 hors zones équipées de caméras. Un pas de plus vers l’écologie : en mairie, est utilisé du papier recyclé, « depuis longtemps », sourit la première magistrate.

L’institutrice n’a jamais perdu de vue l’importance de la pédagogie et de la transmission comme valeurs, « à la restauration scolaire, nous avons installé un self pour sensibiliser à la lutte contre le gaspillage. A partir de 6 ans, en CP, les enfants apprennent à trier leurs déchets, tout ce qui est compostable est ramené à l’école primaire pour le concours des écoles fleuries mais aussi à lutter contre les gaspillages alimentaires. » Une éducation au développement durable qui passe aussi par les centres de loisirs et les NAP.

Fête du printemps les 13 et 14 mai.
Joli geste pour l’avenir que celui ci, pour chaque enfant né en 2016, un arbre sera planté. Une pensée pour les générations futures. C’est l’opération « je grandis, tu pousses » qui aura lieu le samedi 13 matin, impasse Demézières. Un joli programme avec des producteurs locaux, un troc aux plantes, le parcours du cœur, la maison du développement durable…Bernadette Sopo le dit « on essaie. Et puis on y arrive. Il faut savoir ce que l’on veut laisser à nos enfants… »

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