vendredi 18 août 2017

BIODIVERSITÉ Une enquête participative pour évaluer la disparition des moineaux dans le Nord et le Pas-de-Calais

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) lance une enquête élargie sur les moineaux. Le but ? Sensibiliser à leur disparition mais aussi évaluer son impact dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais.


Les moineaux disparaissent. Sur l’échelle de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ils sont même « en danger ». Et la région n’est pas épargnée. Entre 1995 et 2014, 30 % des moineaux domestiques, espèce la plus nombreuse, ont disparu. La situation des moineaux friquets – qu’on reconnaît à leurs joues noires – est plus alarmante : leur population a chuté de 50 % entre 1995 et 2014. « Pour la période 2001-2014, leur nombre est tellement faible qu’on ne peut pas faire d’observation », précise Christophe Luczac, enseignant-chercheur en ornithologie membre de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Le moineau friquet ne fait plus partie des espèces communes de la région. » Il l’était encore il y a pourtant moins de vingt ans.


Pour mieux comprendre ce phénomène, la LPO Pas-de-Calais a décidé de joindre ses forces à l’enquête moineaux menée depuis 2014 par le Groupe ornithologique et naturaliste (GON) du Nord – Pas-de-Calais. « L’objectif était de tirer des tendances en demandant aux spécialistes de réaliser cette enquête », explique Aurélie Delaval, chargée de vie associative et sciences participatives pour la LPO. « Il y a eu peu de participants. Nous avons donc voulu l’étendre afin d’obtenir le plus de réponses possible. »

Reporter les résultats
Plus ludique, l’enquête prend la forme d’un jeu ouvert aux enfants comme aux adultes. Niveau un : repérer des moineaux. Niveau deux : repérer les moineaux nicheurs, « ceux qui transportent du matériel, des brindilles ». Il suffit de noter leur nombre et le lieu sur un carnet, puis de reporter ces résultats sur le site internet de la LPO 62. Le dernier niveau s’adresse aux experts.

« Pour qu’elle soit efficace, l’enquête va s’étendre sur plusieurs années », précise Aurélie Delaval. « L’idée, c’est avant tout de sensibiliser. » Un point d’autant plus important que la disparition de chaque espèce a un impact sur la biodiversité dans son ensemble. « C’est l’arbre qui cache la forêt », estime Rudy Pischiutta, directeur du GON. « Ça prouve que notre faune est en train de subir une crise extrêmement grave. »

Au Royaume-Uni, 95 % des moineaux friquets ont disparu en quinze ans. Nourriture, disparition des insectes et nouveaux bâtiments sont en cause. « En luttant contre la perte d’énergie, on diminue le nombre d’ouvertures, de cavités. C’est pourtant là que les moineaux font leur nid. » En milieu urbain, leur disparition est d’ailleurs encore plus flagrante. Et ce n’est pas la seule espèce en danger. En France, 12 % des oiseaux « communs » ont disparu en vingt ans. Rudy Pischiutta compare cette situation à un accident d’avion : « I l perd des pièces, il vole encore. Mais au bout d’un moment, il s’écrase. »

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