lundi 4 avril 2016

Courrières, l’exemple d’une ville qui lutte contre l’obésité infantile

Comment faire pour lutter contre l’obésité et le surpoids des enfants ? La ville du bassin minier a décidé de rejoindre le programme Vivons la forme. Grâce à celui-ci, des activités ont été mises en place pour que les plus jeunes bougent plus et mangent mieux.


Lundi matin, 8 h 10. Ils sont une dizaine de bambins à se déhancher sur des comptines. C’est une scène devenue habituelle à l’école maternelle Suzanne-Lacore, à Courrières.
Chaque matin, les familles volontaires déposent leurs tout petits pour une séance d’éveil musculaire. La même scène se répète à quelques centaines de mètres de là, dans une salle municipale. Une cinquantaine d’élèves de primaires se lancent des ballons et se poursuivent, sous les yeux d’un éducateur sportif. Les enfants se défoulent avant d’entrer en classe, à 9 h.
Contre l’obésité
Ces activités ont été mises en place par la municipalité pour lutter contre l’obésité infantile. « On a démarré avec le programme Jump ta forme, détaille Bernard Montury, le premier adjoint. Cela nous a permis d’observer comment étaient les enfants. Certains d’entre eux avaient un IMC (l’indice qui estime la corpulence d’une personne) au-dessus de la moyenne. » Ces résultats ont agi comme une sirène d’alarme pour les élus, qui ont ensuite décidé de rejoindre le programme Vivons en forme (lire ci-dessous).
C’est ce programme qui est maintenant suivi depuis deux ans avec un seul objectif : réduire le nombre d’enfants obèses ou en surpoids. Pour cela, les 1 178 écoliers sont pris en charge du matin au soir.
Le matin, c’est donc éveil musculaire pour les écoliers volontaires. La Ville a aussi mis en place deux lignes de ramassage scolaire à pied. À la récréation, les enfants sont incités à jouer dans la cour. Pour cela, les cours ont été aménagées : des marelles ou des escargots ont été peints au sol. Suffisant pour faire bouger les petits.
À midi, les enfants qui déjeunent à la cantine mangent un repas conçu par une diététicienne. Après l’école, pendant les temps d’activités périscolaires, les enfants découvrent des activités sportives ou participent à des ateliers autour de la nutrition.
La municipalité a distribué 450 chèques jeunes en septembre, pour que les enfant s’inscrivent dans les clubs de sport de la ville. Après deux ans de participation, le programme a-t-il un effet sur le tour de taille des enfants ? « On ne les a pas mesuré de nouveau, répond l’élu. Mais tous les clubs de sport sont pleins, ce qui n’était pas le cas avant ».

Thibault Deschamps : « on n’interdit pas, on éduque »

Thibault Deschamps est le président de FLVS, l’association installée à Saint-Andrez-lez-Lille qui pilote le programme Vivons en Forme.
– Qu’est-ce que le programme Vivons en forme ?
« Avec ce programme, on mobilise un environnement pour créer des changements favorables pour la santé de la population. On s’appuie sur une approche de petits pas. Par exemple, plutôt que lutter contre la sédentarité, on va montrer l’intérêt de bouger davantage. On n’interdit pas, on éduque. L’idée, c’est de dire qu’on peut agir soi-même sur son capital santé. 250 villes adhèrent au programme en France, dont 180 villes dans le Nord-Pas-de-Calais. »
– Pourquoi est-ce important de diminuer le nombre d’enfants en surpoids ou obèses ?
« Un enfant qui sort de l’école primaire en situation d’obésité à huit à neuf chances sur dix de rester obèse toute sa vie. Un enfant obèse, c’est un risque très accru d’échec scolaire, car il y a le regard des autres et une mauvaise image de soi. L’idée avec le programme, c’est de commencer la prévention tôt, pour avoir le moins possible de curatif après. C’est pour ça qu’on commence le plus tôt possible, avec les crèches ou les femmes enceintes. »


Carte d’identité de Courrières

Les études le montrent, le chômage des parents et la composition de la famille jouent sur le tour de taille des enfants.
En 2012, selon les derniers chiffres disponibles de l’INSEE, 17,1 % des adultes Courrièrois étaient à la recherche d’un emploi. Le chômage dans la ville frappe plus durement les jeunes de 15 à 24 ans (33,3 % des hommes et 38,7% des femmes de cette tranche d’âge) et les hommes de 55 à 64 ans (20,1 % d’entre eux).
22 % des habitants n’ont aucun diplôme, 20 % sont titulaires d’un CAP ou d’un BEP et 14 % du bac ou d’un brevet professionnel.
Un peu plus de 15 % des familles sont composées d’un seul parent, la mère dans la majorité des cas.
Courrières est une ville jeune : près de 21 % des 10 530 habitants de la ville avaient moins de 15 ans en 2012.

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