Il y a dix ans, les opposants affirmaient que Flamoval – conçu pour brûler les déchets de 300 000 habitants entre Flandres et Audomarois – serait trop gros. Retour sur les promesses non tenues d’un outil à 93 millions d’euros.
Les habitants du coin se sont habitués à son étrange forme qui a poussé le long de la route vers Saint-Omer : celle de Flamoval, construit à partir de 2009. Mais beaucoup ne digèrent pas la pilule : l’incinérateur, né dans la contestation, c’est une histoire… de promesses non tenues.
2007. Le sujet est brûlant. On conteste notamment la taille de l’outil. « Pour être sérieux, il devrait être au minimum deux fois plus petit », s’exclame en 2007, Antoine Bonduelle, expert au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Las. Pour les élus en place à ce moment-là et les cabinets d’études, pas de doutes il y aura assez de déchets pour nourrir la bête. En 2012, les premières ordures sont brûlées.
119 euros la tonne, pas 85 !
Quatre ans après, le bilan économique est consternant. Cela a été reconnu, « Flamo » est trop gros. Il lui manque chaque année environ 11000 tonnes de déchets. Là où l’histoire se corse, c’est que pour fonctionner normalement, un incinérateur doit être au maximum de sa puissance. Aujourd’hui, donc, Flamoval s’use plus vite et n’est pas rentable. Le coût de la tonne brûlée était annoncé à 85€ en 2007, il s’élève aujourd’hui à… 119€ ! Les élus actuels font tout pour ne pas augmenter les impôts et ils ont donc renégocié les prêts qui courent désormais… jusqu’en 2036.
Un scandale économique ? C’est certain pour les opposants. Une partie estime même qu’il vaudrait mieux… abandonner Flamoval ! « Cela coûterait cher mais c’est déjà un gouffre financier, insiste Thierry Willaey, ancien élu hazebrouckois. Flamoval, c’est le plus gros mensonge de ces dernières années sur le territoire. » Lui craint aussi que cela n’hypothèque les politiques de réduction des déchets (moins il y aura de déchets, plus il coûtera cher) : «Aujourd’hui, c’est Flamoval qui dirige les élus et non l’inverse. »
Effort de pédagogie ?
Ces derniers balayent d’un revers de main. François Decoster, maire de Saint-Omer et président de son agglomération, avait défilé contre Flamoval à l’époque. Aujourd’hui à la tête du syndicat (le SMFM) qui gère l’incinérateur, il défend sa position : celle d’améliorer l’outil. Pour rendre Flamoval rentable, plusieurs pistes dont celle d’aller chercher des ordures ménagères d’entreprises. Inimaginable, selon lui, de tout abandonner.
« J’ai défilé contre l’incinérateur. Je veux m’en souvenir car nous avons un vrai effort de pédagogie à faire pour expliquer cet outil, concède François Decoster. On peut se mettre un bandeau sur les yeux et dire que Flamoval, ce n’est pas ce qu’il fallait faire. Mais on ne peut pas en rester là. Il faut faire quelque chose de ces déchets. Tout en faisant évoluer l’outil, en l’optimisant. »
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